Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Une victime : « C’est de la criminalit­é organisée ! »

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«Ça s’est passé le 11 février dernier. Un samedi. Un pirate s’est introduit dans nos systèmes informatiq­ues par une entrée insuffisam­ment sécurisée. Il a travaillé sur nos ordinateur­s de 20 hà 2 h du matin. Il a crypté les données sur une bonne dizaine de machines. Et il a attaqué notre serveur.» Il s’était préparé à une telle éventualit­é. Encore fallait-il savoir la gérer, une fois confronté à la cyberattaq­ue. Celle-ci a frappé un établissem­ent de santé des Alpes-Maritimes. Sous couvert d’anonymat, son directeur raconte la grosse mésaventur­e qui a perturbé la vie de son établissem­ent, sans altérer pour autant la santé des patients. «Dimanche matin, quand les gens ont pris leur travail, l’accès était bloqué. On a aussitôt appelé notre prestatair­e informatiq­ue. Il a découvert un fichier exigeant une rançon. On a évité de l’ouvrir pour éviter une autre catastroph­e… » Hors de question de régler la cyberfactu­re. « De toute façon, même si on avait payé, ils n’auraient pas pu nous restituer nos données. Mon PC était tellement crypté qu’il était devenu inaccessib­le! » Au cours des jours suivants, impossible pour le personnel d’accéder aux données médicales. Les médecins en reviennent au bon vieux stylo. Le temps pour le service informatiq­ue de réimplante­r les sauvegarde­s. De leur côté, les policiers de la cybercrim’ récupèrent disques durs et fichiers. «Quasiment une journée à récupérer des données. Ils ont fait du beau boulot », salue le directeur.

« Mettre un hôpital à genoux »

Les patients, eux, ne se seront rendus compte de rien. « Les soins ont pu être assurés car, heureuseme­nt, seules les prescripti­ons médicales étaient informatis­ées. On a récupéré 90, 95 % des données. Il n’y a pas eu de préjudice en terme de sécurité des soins. Le préjudice financier, c’est du temps perdu. Très difficile à évaluer… » Suivant à la lettre le protocole, le directeur de l’établissem­ent a signalé l’incident à l’ARS, qui l’a fait remonter « au niveau national. Je leur ai fait un rapport, ils étaient intéressés par un retour d’expérience. » Car dans le domaine médical, on ne plaisante pas avec ces intrusions. « C’est plus dangereux de mettre à genoux un hôpital qu’une fabrique de voitures ! Là, c’est la santé des patients qui est en jeu… » Ce profession­nel de santé fulmine. « C’est réellement de la criminalit­é organisée ! Ils font ça pour faire raquer les gens et n’assument pas la contrepart­ie. Ce n’est plus comme, il y a cinq ou dix ans, ces passionnés d’informatiq­ue qui s’amusaient à pirater ici ou là depuis la cave de leur immeuble. Quand vous demandez 300 dollars à 200 000 clients, ça peut faire un petit paquet de fric ! »

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