Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le Mans rêve d’un ‘‘Zarcocorico’’
Débutant épatant dans la catégorie reine au guidon de la Yamaha du team varois Tech3, Johann Zarco va-t-il gravir son premier podium dimanche à domicile ? La cible semble accessible...
Du Qatar à l’Espagne, en passant par l’Argentine et les ÉtatsUnis, ces dernières semaines, il s’est sacrément décarcassé pour assurer la promotion du Grand Prix de France 2017. Qui l’eut cru? Vendredi, au Mans, quand résonneront les trois coups de l’étape tricolore du championnat du monde MotoGP, Johann Zarco démarrera dans la peau d’un très sérieux prétendant au podium. Affirmer le contraire relèverait de l’excès de mauvaise foi... Car depuis ses premiers tours de roue au guidon de la Yamaha M1 millésime 2016 du team Tech3, le natif de Cannes vivant au Pontet, près d’Avignon, n’en finit pas d’épater la galerie. Petite marche arrière : le 26 mars, le coup d’éclat de Losail donne le ton. Sous les yeux d’une assistance médusée, le sacré débutant attendu au tournant réussit en début de course une hallucinante échappée belle de six tours devant tous les cracks. Un festival hélas brutalement abrégé par une chute. Feu de paille ? Que nenni. En Amérique du sud, où il remonte du 14e au 5e rang, puis au Texas - encore 5e, cette fois à moins de 2 secondes du podium -, la suite des événements démontre que le double champion Moto2 en titre s’est adapté à toute vitesse à sa nouvelle monture. Et qu’il ne nourrit aucun complexe vis-à-vis de têtes d’affiche de la catégorie reine.
Pas touché par la flèche de Rossi
Voilà dix jours, à Jerez, celuici a encore franchi un palier. Longtemps dans le top 3 provisoire derrière la doublette Pedrosa-Marquez (Honda), il ne lâcha prise face à Jorge Lorenzo (Ducati) qu’en fin d’effort. De quoi finir tout de même 4e et meilleur pilote Yamaha, avec le 2e temps en course à seulement 50 millièmes de la référence Pedrosa, s’il vous plaît. « Aujourd’hui, je peux le dire : depuis la création de Tech3, en 1990, nous n’avons jamais eu un pilote de cette envergure », confie Hervé Poncharal, le patron de l’équipe varoise basée à Bormes-les-Mimosas. « Afficher un tel potentiel d’emblée en MotoGP, c’est très fort ! Ce début d’exercice se situe bien audelà de nos rêves les plus fous. Car, même après les essais hivernaux très positifs, on espérait le voir démarrer aux alentours de la 10e place. » Son accrochage en course à Austin avec Valentino Rossi aurait pu le déstabiliser. Mais non ! La flèche décochée par la star du paddock lui recommandant de rester calme et de ne pas tenter le
diable l’a laissé de glace ! Sa réponse : « Si je commence à cogiter quand j’essaie de dépasser les pilotes officiels, ils ne vont pas m’attendre. »
« Le podium, notre objectif principal »
« Cet hiver, sans doute qu’un truc s’est produit entre Yohann, la Yamaha et le MotoGP », poursuit Poncharal. « Il est bien dans sa tête, bien physiquement. En Moto2, il avait un impératif de résultat. Il devait décrocher le titre. Là, c’est à Rossi et Viñales de faire gagner Yamaha, pas à lui. Sa mission consiste à apprendre le plus vite possible et à finir premier ‘‘rookie’’. Donc il roule l’esprit libre, avec la détermination de s’affirmer comme l’un des top pilotes. Lisez les déclarations de Marquez, Viñales et Lorenzo à son sujet. Tous les trois l’estiment capable de rivaliser avec eux durablement en 2017... » Sixième de la hiérarchie provisoire, meilleur pilote indépendant, meilleur débutant, le Cannois va voir la pression monter d’un cran ce week-end. Nul doute que le circuit Bugatti sera plein à craquer, dans l’espoir de pouvoir pousser un vibrant ‘‘Zarcocorico’’ en cas d’issue heureuse. « Bien sûr, il s’agit d’une échéance particulière » , reconnaît un patron varois qui s’abstient sagement de tirer des plans sur la comète. «Disons qu’elle arrive un peu tôt. Tout le monde s’attend à le voir faire au moins aussi bien qu’à Jerez. Ça semble possible, mais ce ne sera pas facile. » « Je suis enthousiaste à l’idée de courir à domicile et je pense que les fans français attendent beaucoup de moi et de ce rendez-vous » , annonce quant à lui le chouchou du public sarthois. «Le circuit Bugatti est petit, comme Jerez. Puisque j’avais un bon feeling en Espagne, je peux en avoir un excellent en France. En tout cas, ce défi me plaît. Je me sens prêt. Je n’ai de cesse de me rapprocher du podium, lequel est notre objectif principal. » Vivement dimanche !