Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Milling - Giannini, le divorce

Les relations entre l’entraîneur et le patron du HTV se sont dégradées au fil des mois. Pourrie, l’ambiance a rejailli sur tout le club, qui a connu une crise de résultats en 2017. Vivement la fin

- GUILLAUME RATHELOT

« Q Quoi qu’il arrive, je soutiendra­i Kyle. » La prophétie du président Christian Giannini lors de la présentati­on de l’équipe, en septembre, a fait long feu. L’union sacrée s’est effritée depuis janvier. Au point que les deux hommes ne s’adressent même plus la parole. L’ambiance pourrie a rejailli sur toute l’équipe. Tout le club, même. Jusqu’à l’épilogue, vendredi contre Limoges : Giannini a refusé qu’un hommage soit rendu à Milling, pour son dernier match à domicile (il a eu lieu dans l’intimité des vestiaires, à l’initiative de plusieurs proches de l’entraîneur). À l’aube de l’ultime journée de Pro A, il est temps que tout ça se termine.

Comment en est-on arrivé là ?

En janvier, l’actionnair­e majoritair­e de Hyères-Toulon apprend que Kyle Milling, encore sous contrat, tombe sous le charme des sirènes limougeaud­es. Pendant une dizaine de jours, il ne dit rien. Puis il « se paie » son coach, dans des termes crus. En substance, il parle de lui « flinguer sa carrière », dont il n’a « rien à f... ». La première de plusieurs sorties. « Il a pris ça comme une trahison », explique la cible des quolibets, qui n’est pas du genre à se laisser faire ni impression­ner. Entre deux forts ego, les relations n’ont cessé de se dégrader au fil des semaines.

Quelles ont été les conséquenc­es ?

« L’ambiance autour de l’équipe est devenue négative », observe Milling. La tension a contaminé tous les membres du club. « Dans tous les sports, quand il y a une crise en interne, ça atteint le sportif », explique-ton dans l’entourage du HTV. Dès février, les joueurs enchaînent une série de treize défaites en quatorze matches. Comme si le mental avait lâché. « Furax » contre l’Américain, Giannini lui impute les résultats « catastroph­iques » de 2017. Il ne s’est pas privé de tirer sur l’ambulance, y compris en public, devant des partenaire­s médusés ou dans les médias. La semaine dernière, il tonnait encore : « C’est une bonne chose que Kyle parte... Il a montré ses limites, et les joueurs n’adhéraient plus à son discours. Il a mis la pression sur certains d’entre eux pour qu’ils se cassent cet hiver... Tu ne peux pas être le patron d’une équipe et traiter tes joueurs de chèvres (1) puis annoncer que tu te casses à Limoges. »

Comment a réagi Milling ?

Vraiment attaché à un club à qui il a déjà donné dix ans de sa vie (six en tant que joueur, quatre comme coach), Kyle Milling hésite à contre-attaquer. Mais à travers quelques formules, il y parvient. Regrettant que Giannini – sans qu’il le nomme – se trouve dans le « 1,1 % de la population qui n’est pas content » du maintien. Il évoque ensuite une communicat­ion maladroite du président, « avec ces vidéos sur Facebook ». Et la disparitio­n de « l’esprit humain » tant prôné. Selon lui, la profession­nalisation promise n’est jamais arrivée, avec un staff médical absent à l’extérieur et des déplacemen­ts en voiture « inadmissib­les en Pro A ». Il ne comprend pas non plus qu’un président ne soit pas davantage présent auprès du groupe, notamment lors des entraîneme­nts ou en déplacemen­t.

Qui a raison ?

D’un côté, le président est actif et investi dans le club. Il veut gérer un club pro comme une entreprise. Sauf que les méthodes de management ne sont pas forcément les mêmes. « Je n’ai pas été à la hauteur. J’aurais peut-être dû réagir avant que [Kyle] ne parle de départ », reconnaît-il. D’où qu’elles viennent, les rumeurs dudit départ (2) ont fuité beaucoup trop tôt dans la saison. Ferdinand Prénom admet que ça n’a pas été « la

meilleure chose » qui soit. En interne, on rappelle la mésaventur­e de 2015 : le coach, Laurent Legname, est annoncé à Dijon, et l’équipe ne remporte pas les play-offs de Pro B pour lesquels elle était favorite. Milling était adjoint à l’époque. La loi des séries...

1. La phrase exacte a été prononcée sur le ton de l’ironie après la défaite contre l’Asvel (49-61), fin décembre : « Tu ne peux pas demander à une chèvre de gagner une course de cheval. Mentalemen­t et physiqueme­nt, on était lents comme des chèvres. » 2. S’il est acté, il n’a toujours pas été officialis­é à ce jour, ni par Limoges ni par Milling. C’est d’ailleurs celui-ci, et non son futur club, qui aurait racheté sa dernière année de contrat au HTV...

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(Photos Laurent Martinat) Kyle Milling et Christian Giannini ne se sépareront pas en bons termes.
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