Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un casting à la sauvette
Tous les cinq ans, c’est à Cannes le même suspens : alors que la sélection des films a été minutieusement établie depuis plusieurs mois et le calendrier des projections aussi réglé que le tournage d’une super production, on ignore jusqu’au dernier moment – et parfois un peu après – si le nouveau gouvernement comptera déjà dans ses rangs un ministre de la Culture et, dans l’affirmative, si le lointain successeur d’André Malraux écornera ses frais de représentation pour venir seulement déclarer que le festival commence ou qu’il s’est achevé. La politique a beau être très proche du cinéma par l’improvisation de ses castings, la répétitivité de ses dialogues et – parfois – l’invraisemblance de ses scénarios, les deux disciplines ne font pas toujours bon ménage sur la croisette lorsqu’un ministre fraîchement nommé prétend ravir la vedette à des stars internationales. Cette fois, la disparition des partis traditionnels et un stationnement idéologique susceptible de changer de trottoir à plusieurs reprises dans la même journée, ne vont pas faciliter les cohabitations dont se nourrit un festival. Débarquée à la sauvette pour tenir pendant quelques heures un premier rôle décroché sans aucune audition, la tutelle des cinéphiles, allergiques à toute autorité, devra comprendre dès son premier cocktail que les mains qui se tendent vers les siennes attendent plus souvent
des subventions que des caresses.