Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Costa Concordia : analyse d’un naufrage INFO +
RMC Découverte diffuse un documentaire inédit retraçant le drame et le renflouement du paquebot italien
RMC Découverte diffuse un documentaire sur le naufrage du Costa Concordia, le 13 janvier 2012, qui a coûté la vie à trente-deux personnes. Le film intervient quatre jours après la décision de la cour de cassation italienne, qui a confirmé la condamnation du commandant Schettino à 16 ans et un mois de prison. Les victimes attendaient avec impatience la décision, vendredi dernier. « C’est un soulagement et une tristesse, raconte Anne Decré, rescapée du navire et présidente du collectif des naufragés français du Concordia. Mais aussi un lâcher-prise dont nous n’avions plus l’habitude, depuis cinq ans et quatre mois. » Le documentaire reconstitue la catastrophe minute par minute. Certaines scènes sont filmées par des passagers, d’autres proviennent de la caméra infrarouge des gendarmes italiens qui avaient enregistré, depuis leur hélicoptère, les désespérés accrochés au flanc du bateau. Dans une seconde partie, le film explique comment un chantier colossal a mobilisé 500 personnes, duré deux ans et coûté près d’un milliard d’euros a renfloué le navire de 30 000 tonnes. Mais, cinq ans après les faits, les victimes restent traumatisées à vie. « Nous sommes tous devenus agoraphobes, reprend Anne Decré. Il n’y a pas une image de mer ou de bateau qui ne fasse remonter une angoisse instantanée. J’ai dû faire des séances d’hypnose pour gérer ma peur de l’eau. On nous a pris notre insouciance et aussi le peu de confiance qu’on avait en son prochain. » Les victimes ont aussi l’impression de ne pas avoir été entendues, ni par les États italiens et français ni par la société Costa. « Au moment de la catastrophe, poursuit Anne Decré, les pompiers français avaient l’interdiction de venir nous secourir et nous attendaient derrière la frontière. » Un comble pour les victimes qui ne comprennent pas le laxisme des autorités. « Les biens que nous avions placés dans les coffres-forts du bord, argent et bijoux, ne nous ont jamais été rendus. La société Costa n’a pas répondu à nos demandes. Quant au gouvernement français, il nous a indiqué qu’il ne pouvait rien faire et nous a simplement conseillé de nous rapprocher du collectif des naufragés du Costa Concordia pour tenter de récupérer nos affaires. Sans les associations, rien ne serait fait. Mais ça, personne n’en parle ! »
GILLES BOUSSAINGAULT Le Costa Concordia a été baptisé le 7 juillet 2006 dans le port de Civitavecchia, par sa marraine le mannequin Eva Herzigová. C’était le plus gros bateau italien jamais construit. Mais lors de la cérémonie, la bouteille de champagne ne se brisa pas et rebondit deux fois sur la coque. Un signe interprété comme portant malheur dans le milieu des marins…