Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le n°  de la cellule djihadiste CannesTorc­y chargé par un «petit frère» coaccusé

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« C’est Bailly. » Aux assises spéciales de Paris, Kevin Phan a enfoncé, hier, la ligne de défense construite par Jérémy Bailly, son chef, son « grand frère » ,le désignant comme l’homme qui a lancé une grenade en septembre 2012 dans une épicerie casher de Sarcelles. Pendant des heures, Jérémy Bailly, considéré comme le n°2 de la cellule djihadiste de Cannes-Torcy dont vingt membres sont jugés pour l’attentat de Sarcelles et d’autres projets d’attaques, a tenté de convaincre qu’il était étranger à ce crime. Le 19 septembre 2012, vers 12 h 30, deux hommes vêtus de sweat-shirts à capuche entrent dans l’épicerie Naouri et jettent une grenade qui, allant se loger sous une rangée de chariots métallique­s, ne fera miraculeus­ement qu’un blessé. Les enquêteurs désignent Jérémie Louis-Sidney, le chef du groupe qui sera tué lors de son interpella­tion, et Jérémy Bailly, son « lieutenant », comme étant ces deux hommes : l’empreinte génétique du premier a été retrouvée sur la grenade et le second est dénoncé par un coaccusé, Kevin Phan. Le benjamin du groupe, aujourd’hui âgé de 23 ans, a reconnu en garde à vue avoir été le chauffeur de l’équipée, avant de blanchir Bailly au cours de l’instructio­n.

« Je ne comprends pas ces déclaratio­ns »

A la barre, Jérémy Bailly « ne comprend pas ces déclaratio­ns » : « C’est quelque chose qui sort de la raison. J’aurais jeté même trois grenades, je l’aurais dit. J’ai reconnu tout ce que j’avais fait, les braquages, les armes, les projets, mais ça non. » Au président qui lui demande s’il maintient n’avoir pas participé à l’attentat, il répond : « Je maintiens fermement. » Mais pourquoi Kevin Phan aurait-il menti ? Bailly suggère qu’il le « chargeait pour se protéger luimême ». De sa voix posée, Phan explique à la cour qu’il s’est rétracté parce qu’il a «eupeur» de ce « gars du quartier » ,de sept ans son aîné. A l’avocat de Bailly qui cherche à le cuisiner sur son revirement, il répond : « Quand j’ai su qu’il y avait une reconstitu­tion, j’ai craqué. Juste sa présence, ça m’a mis beaucoup de pression. » « Mais vous étiez entouré de six policiers du Raid », remarque l’avocat. «Ça change rien. Quand je rentre en cellule, je suis tout seul », lâche Kevin Phan, qui ne dira jamais directemen­t avoir été menacé. Le procès se poursuit jusqu’au 21 juin.

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