Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
JULIETTE BINOCHE éperdue d’amours perdus
Dans Un Beau Soleil intérieur, comédie tendre amère de Claire Denis à la Quinzaine des réalisateurs, l’actrice incarne une femme en quête d’amour absolu malgré des amants dissolus.
Une claque, pour interrompre un coït. Dès la première séquence d’Un Beau
soleil intérieur, le ton est donné. Dans le beau film de Claire Denis, les amours mâles font mal, et les aventures d’un soir ont le goût rance des morsures de l’aube. Ah, les hommes… Pas facile de comprendre leur idiome. Isabelle (Juliette Binoche) veut néanmoins s’y laisser prendre. Mais sa quête d’amant idéal a des allures bancales. Il y a le banquier marié qui ne pense qu’à la b… (Xavier Beauvois, superbement détestable), « un sale type », mais Isabelle jouit rien que d’y penser. Il y a l’acteur incertain (Nicolas Duvauchelle), qui « préfère toujours
l’avant » à l’après ; l’ex-compagnon (Laurent Grévill) auquel on s’essaie à nouveau comme on renfile de vieilles pantoufles, le voisin de quartier (Philippe Katerine, fidèle à lui-même) qui insiste pour la courtiser chez le poissonnier, les hommes du passé et les hommes à venir, mais toujours les mêmes doutes, et semblable torture. Entre deux (bras), Isabelle trouve refuge dans la peinture, comme une éclaboussure d’amour. Avec cette femme mal aimée et parfois mal aimante, on pleure, mais l’on rit aussi. Mais l’on est surtout séduit, ravi, par cette nouvelle prestation de Juliette aux deux visages, aussi sexy dans ses cuissardes et mini-jupe en cuir que meurtrie dans son coeur en soupirs. Toujours solaire, malgré les nuages qui obscurcissent sa vie sentimentale. « Des femmes comme Isabelle, j’en croise tous les jours dans la rue. Des femmes, mais aussi des hommes, car on est tous en quête de cet amour absolu, on a tous besoin de ce partage, souligne la comédienne, que l’on retrouve aussi rayonnante sous le soleil extérieur de la Croisette. Ce rôle permet avant tout de parler de l’amour, avec ses hauts et ses bas, de l’espoir fou qu’on entretient toujours. Il pose la question des émotions, de notre dépendance à l’autre, qui peut nous conduire d’un extrême à l’autre ». Depuis Les amants du pont neuf, l’actrice aime à décortiquer la complexité des rapports humains. Et la femme, Fatale pour Louis Malle,
« JE NE CROIS PLUS AU PRINCE CHARMANT, C’EST UNE MATURITÉ »
ne croit-ellecrois plus en beaucoup l’homme au idéal prince? « Ah… charmant. (sourire). QuandJe on un abandonnepeu déçu, maisun tel c’est stéréotype,aussi une c’est maturité,vrai qu’on confie est celle qui a déclaré récemment dans la presse people avoir renoué avec un ancien amour. Quand une histoire perdure malgré ses difficultés et les différences de chacun, c’est un trésor qu’il faut savoir apprécier à sa juste valeur… ». En revanche, sa romance avec Cannes ne connaît pas la crise, depuis qu’elle y a pris
Rendez-vous en 1985. Jusqu’à enfanter un prix d’interprétation pour
Copie conforme en 2010. « Cannes, c’est un second lieu de naissance, toujours joyeux, avec le cinéma d’auteur comme moyen de résistance ». Et même si elle n’y est pas maîtresse de cérémonie cette année, aussi désopilante que dans la série Dix pour cent, Juliette reste un soleil auquel on aspire toujours à se brûler les ailes…