Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
ET UN JOUR... Le mai , la Grande-Duchesse Maria Nikolaïevna de Russie et le prince Demidoff se pressent à la préfecture de Nice pour signer le registre de condoléances à la mémoire de Paul Doumer.
Le mai à Paris, Paul Gorguloff, un réfugié russe, tire deux coups de fusil sur le président Paul Doumer. Ce docteur en médecine et son épouse Maria, installés à Monaco, bénéficient d’un permis de séjour délivré par la Principauté depuis septembre et d’un certificat d’identité. Cet assassinat choque les Azuréens, qui découvrent que leur département a été la terre d’accueil du régicide. Mais s’ils vivent cet attentat avec émoi, les plus mal à l’aise sont les trois mille Russes de la communauté : de riches hivernants arrivés sur la Côte d’Azur dès le milieu du XIXe siècle, suivis dès par des Russes blancs fuyant le bolchevisme. Le décès du président Doumer survient le mai. Un registre de condoléances est ouvert le jour même à la préfecture de Nice.
Décapité dans l’indifférence des Azuréens
Au milieu de tous les habitants du quartier russe de Nice, appelé la Petite Russie, se croisent l’archevêque Wladimir, la Grande-Duchesse Maria Nikolaïevna, le prince Demidoff et le prix Nobel de littérature installé à Grasse, Ivan Bounine. Les obsèques ont lieu le mai. Les investigations menées entre Monaco et les communes voisines, à Beausoleil, Eze et particulièrement à Cap-d’Ail, suscitent une réaction hostile de la population envers la communauté russe. Pourtant, les édiles et la presse tentent de calmer les esprits. L’Éclaireur de Nice rappelle à ses lecteurs les attentats commis par des Français. « Les chefs d’État sont particulièrement visés par les anarchistes et les exaltés de toutes nationalités », souligne-t-il. Lorsque ses journalistes obtiennent une entrevue avec le régicide quelques jours avant le procès, ils déduisent que «G orguloff était inspiré par les bolcheviks, il n’y a pas de doute ». Le procès s’ouvre le juillet à Paris. Au cours de celui-ci, le meurtrier se réclame d’Hitler, chef du parti nazi, et du fasciste Mussolini, alors président du conseil des ministres italien. Les propos de Paul Gorguloff donnent lieu à de nombreuses réactions et manifestations dans les Alpes-Maritimes. Le septembre, il est conduit à l’échafaud, puis décapité. Étonnamment, dans la région, son exécution passe inaperçue. Les Azuréens aspirent désormais au calme.