Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le cas Giteau en question

Blessé depuis bientôt trois mois, le génial ouvreur ou centre australien a affirmé être opérationn­el pour jouer la demie. Problème, il n’est pas décisionna­ire

- PAUL MASSABO

Le Racing 92 l’a fait : qualifié par la petite porte après avoir connu une saison tourmentée, le champion de France en titre peut toujours espérer conserver son bien après avoir arraché sa qualificat­ion en demi-finales, hier sur la pelouse de Montpellie­r (2213) en barrages. Les Francilien­s n’avaient pas la faveur des pronostics après avoir remporté seulement deux petits matches à l’extérieur cette saison et être passés en phase finale par un trou de souris. Et alors qu’ils se frottaient au puissant MHR, seulement battu une seule fois sur sa pelouse cette saison et contre qui ils avaient vécu une déroute le 22 avril dans ce même

Ainsi donc, Matt Giteau n’a pas participé, en tant que joueur, au barrage contre Castres, vendredi soir. Après six ans de bons et loyaux services et malgré les deux dernières saisons plombées par de longues blessures (opération des adducteurs, fracture de la cheville, fissure du péroné), l’Australien n’a pas été aligné sur la feuille. C’est donc pour la cinquième fois de rang qu’il a suivi la rencontre des tribunes comme coach. Et malgré un exceptionn­el taux de réussite (100 %) avec ses cinq succès consécutif­s en qualité d’entraîneur des troisquart­s, le Wallaby aux 105 sélections éprouvait un sentiment mitigé au soir de la qualificat­ion pour les demi-finales. S’il était bien sûr ravi de cette qualificat­ion acquise de haute lutte par ses partenaire­s, l’ouvreur affichait un pâle sourire au sortir du vestiaire. Il aurait tant aimé vivre de l’intérieur, c’est-à-dire sur le terrain, cette dernière dans un stade à la ferveur retrouvée. Comment a-t-il vécu cette dernière sortie à Mayol, l’ultime match de sa carrière de joueur entraîneur en rouge et noir ? « Cette dernière à Mayol était vraiment spéciale pour le groupe (Juanne Smith et Drew Mitchell sont eux aussi sur le départ). Pour ma part, je suis réduit à suivre la stade (3-54).

Échec cuisant pour Altrad

Dans un match marqué par des polémiques avant (report contesté par Montpellie­r), pendant (banderoles contre Paul Goze et le président francilien Jacky Lorenzetti), et après (virulente sortie médiatique de l’entraîneur des arrières rencontre des tribunes. Et de là-haut, on ne peut rien faire, si ce n’est apprécier le gros boulot accompli par toute l’équipe. Je pense d’ailleurs qu’avec un peu plus de patience, on aurait pu se mettre à l’abri plus tôt ». Assis au côté du staff, perché en haut de Lafontan, le néo technicien avouait : « De la tribune, on est forcément impuissant, alors que sur le terrain, on peut influer sur le jeu même si on ne prend pas toujours la bonne décision. »

Opérationn­el pour La Rochelle

Et l’attachant joueur surdoué d’ajouter : « Pour moi, la famille, les copains, la page se tourne. Je ne garde que de bons souvenirs. Le plus beau ? Je serai incapable de vous le dire tant je n’ai vécu que de bons moments depuis mon arrivée. Le plus beau, ce sont toutes ces années passées dans le Var». Si Matt, son épouse et ses deux enfants vont dans quelques semaines vivre au Pays du Soleil Levant où ils découvriro­nt une nouvelle vie, une autre culture, l’ouvreur australien n’a pas abandonné l’idée de porter encore une fois (ou deux) le maillot rouge et noir. Il ne cachait pas, l’autre soir : «Pour la demie contre La du Racing Laurent Labit contre Mohed Altrad). Cette quatrième qualificat­ion pour les demi-finales depuis la remontée à l’été 2009 ne doit en être que plus belle pour les hommes de Lorenzetti et luimême, dont les relations avec Altrad sont au mieux fraîches... Pour Altrad, en revanche, Rochelle, je suis sur pied. Je peux jouer. Mais je rappelle que ce n’est pas moi qui compose l’équipe ». Richard Cockerill ne fait quasiment pas tourner l’effectif depuis plus d’un mois. Les bons résultats aidant, l’entraîneur en chef pourrait connaître un problème cornélien, d’autant que TrinhDuc a retrouvé un rendement plus en adéquation avec son statut. Lancera-t-il dans le grand bain ce surdoué en manque de rythme? Jouera-t-il la carte de la continuité avec l’ancien Montpellié­rain ? Le mettra-t-il sur le banc au détriment de Belleau ? Les questions sont posées. Il ne reste qu’à trouver la bonne réponse. Reste aussi à savoir si Giteau fera ses adieux au RCT, et si ce ne sera qu’un au revoir. Boudjellal, sur le ton de la boutade (ou pas), avait lancé : « Si on est champion de France, tu auras un contrat d’entraîneur dans deux ans ». Quand nous lui avons rappelé ces propos, l’autre soir, l’intéressé, sans perdre le sens de la répartie, a répliqué avec un large sourire éclairant son visage : « Je devrais d’abord discuter mon contrat ». Et de s’éclipser pour rejoindre ses potes pour partager quelques bières. En toute amitié... Laurent Labit (co-entraîneur du Racing) : « On a retrouvé nos joueurs. Dans le Top  il y a deux compétitio­ns, la phase régulière et la phase finale. Où il faut être fort rugbystiqu­ement, physiqueme­nt, mais surtout mentalemen­t. Et on a des joueurs très forts mentalemen­t à ce niveau-là, on l’a vu sur le terrain. Les affaires nous ont-elles renforcés ? Oui, on l’a toujours dit, sinon le groupe aurait explosé. » Jake White (manager du MHR) : « Il y a beaucoup de tristesse, mais on n’a pas été assez bons. C’est dur de gagner le Top  comme le prouve notre saison. Tout le monde pensait que l’on allait refaire le même match qu’il y a un mois face au Racing (-). Avec trois essais encaissés pour un seul marqué, cela n’aurait pas été juste de gagner. »

l’échec est cuisant. Le Racing 92 en tout cas peut croire en son destin après avoir surmonté les pires tourments cette saison, sur le terrain et surtout en dehors. Il y a eu en effet les affaires des corticoïde­s et de l’higénamine, la fuite de Johannes Goosen, l’arrestatio­n pour ivresse au volant de Dan Carter, celle pour

possession de cocaïne d’Ali Williams, et enfin l’épisode de la fusion avortée avec le Stade Français, mi-mars. Depuis ce mariage raté, les Ciel et Blanc sont revigorés, comme leurs voisins parisiens. Ils l’ont prouvé puisqu’ils ont mené le match de bout en bout et ont amplement mérité leur qualificat­ion.

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(Photo Twitter) Arrivé en  avec son épouse Bianca, l’Australien Matt Giteau quittera prochainem­ent le Var avec ses deux enfants Levi et Kai, nés en France. Direction le Japon.
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(Photo AFP) Malgré une saison marquée par tout un tas d’affaires, les Francilien­s se sont imposés à Montpellie­r et rejoignent Toulon en demi-finale.

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