Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Capitale mondiale de la plongée

Créé en 2003 à Saint-Mandrier, le Centre internatio­nal de formation à la plongée militaire s’est rapidement imposé. Plus de 400 plongeurs démineurs étrangers y ont déjà été formés

- P.-L. P. plpages@varmatin.com

Àmoins d’être un inconditio­nnel des jeux de bataille navale, mieux valait ne pas naviguer en rade de Toulon en début de semaine. Les plaisancie­rs qui s’y sont hasardés ont en effet peut-être assisté à d’impression­nantes gerbes d’eau. Voire ressenti d’inquiétant­es vibrations dans la coque de leurs bateaux. Et les coupables de ce tohubohu marin ne sont pas forcément ceux auxquels on pense spontanéme­nt. Si le groupe de plongeurs démineurs de la Marine nationale a bien débuté sa traditionn­elle campagne de destructio­n de munitions historique­s, c’est ailleurs qu’il faut regarder pour trouver les responsabl­es. Plus précisémen­t du côté de Saint-Mandrier qui accueille, à l’abri des regards et des coups de mistral, derrière la vieille coque du Duquesne, le Centre internatio­nal de formation à la plongée militaire (CIF-PM).

Les armées étrangères intéressée­s

Hasard des calendrier­s, cette entité de Défense Conseil Internatio­nal (DCI), société créée en 1972 par le ministère de la Défense pour transférer le savoirfair­e français aux armées étrangères, organisait mardi et mercredi ses premiers Training days. Un microsalon Euronaval en quelque sorte, axé pour l’essentiel sur les opérations sous-marines de déminage et les travaux sous-marins. Et pour séduire ses clients potentiels, DCI n’a pas fait les choses à moitié. Pour démontrer l’excellence des formations que propose le CIF-PM, les délégation­s étrangères présentes – forces spéciales du Qatar, militaires des Émirats Arabes Unis, d’Oman, du Koweït, du Maroc, ou encore d’Algérie – étaient conviées à assister au «pétardage» d’une vieille bombe. Pas l’une des innombrabl­es munitions non-explosées de la seconde guerre mondiale, mais une bombe déclassée du… Vietnam ! « Pour la sécurité de nos élèves, on ne travaille jamais sur des munitions ayant séjourné trop longtemps dans l’eau de mer », explique Gilles (1), ancien plongeur-démineur de la Marine, aujourd’hui responsabl­e du CIF-PM.

Anticiper la menace

Si la sortie en mer, maillot de bain mis à part, avait les apparences d’une balade estivale, la sourde explosion et la forte onde de choc ressentie jusqu’à bord de l’embarcatio­n, pourtant positionné­e à plus de 400 mètres de la bombe à détruire, ont vite rappelé aux militaires étrangers les raisons de leur présence sur les bords de la rade de Toulon. Sitôt de retour à terre, ils n’ont d’ailleurs pas traîné pour se précipiter sur les stands des quelques partenaire­s de DCI. Ici, se renseignan­t sur le Sonadive ,un sonar portable avec GPS et centrale inertielle intégrés, conçu par RTsys. Là demandant le prix d’un AUV (robot sous-marin autonome) fabriqué par la société gardéenne ECA. « On n’est pas trop confronté aux explosifs de la seconde guerre mondiale. On redoute davantage un acte terroriste dans les ports », confie un officier de la marine royale marocaine. «Dans une région géostratég­ique comme le golfe Persique et le détroit d’Ormuz, mieux vaut être prêt », déclare un marin omanais. 1. Pour des raisons de sécurité, seul le prénom est donné.

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(Photos ©Philippe Fretault pour DCI) La bombe est là, suspendue entre deux eaux à l’aide de bidons. Le plongeur-démineur n’a « plus » qu’à installer la charge et le système de mise à feu pour la détruire la munition. La gerbe d’eau générée par la destructio­n, en plein milieu de la rade de...
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