Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

On a un physique de pilote… ou pas

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Appelez-moi « Matinal ». Hier matin, je suis reparti à l’assaut du circuit, dès l’aube (lire notre édition d’hier). Ou presque.  h , Jacques Rossi, directeur de course, m’attend sur le circuit dans sa Mégane cabriolet. Il m’a accepté à ses côtés pour fermer le circuit : s’assurer que tout est en place pour que les dieux de l’asphalte puissent se donner à fond en toute sécurité. Autant être honnête, je n’y connais pas grand-chose en F. Mais vivre l’événement de l’intérieur m’intéresse vraiment. Premier constat : quand on flirte avec les  mètres, ce n’est pas évident de rentrer dans la voiture de sport, où un boîtier contrôlant la sirène a été installé sous le tableau de bord côté passager. J’ai une pensée émue pour les pilotes qui rentrent au chausse-pied dans leur monoplace. Je suis calé, prêt au départ. Un premier tour pour s’assurer que tout va bien, et ensuite nous en ferons un second. J’aurai alors la grande responsabi­lité (on se fait mousser comme on peut) de tenir le drapeau monégasque qui signalera que le circuit est fermé à la circulatio­n. Je cale mon smartphone pour faire une vidéo embarquée (histoire de frimer avec les copains). Départ sur les chapeaux de roues : le carrosse en a dans le ventre. Arrivé au virage Sainte-Dévote, on a déjà dépassé la vitesse légale autorisée. Si on est loin des exploits des pros, je suis déjà projeté vers la gauche. Je me retiens au montant d’une seule main, l’autre étant occupée par mon smartphone : filmer n’était peut-être pas une si bonne idée. La montée de Beau Rivage (ou montée d’Ostende pour les nuls) défile tranquille­ment : il faut être prêt pour le virage du Casino. Et mon pilote a bien fait d’être raisonnabl­e : un commissair­e agite des drapeaux jaunes. Il y a danger. Et pour cause, des petits malins sont garés devant le casino. Tranquillo­u. Freinage d’urgence. Arrêt. Ça va gronder, et ce ne sera pas le moteur (je n’aimerais pas être à la place des étourdis). Une fois le problème réglé, on repart en trombe. Arrivé à l’épingle à cheveux du Fairmont, je crains d’arracher le montant du cabriolet. Si  km/h, ça n’a l’air de rien, à cet endroit, dans un virage à quasiment °, la force centrifuge se charge de rappeler les règles élémentair­es de la physique. Virage du Portier, serré aussi et intense comme un ristretto, et puis le tunnel. Une grande courbe, bien éclairée. Les murs plus proches favorisent la sensation de vitesse. Le vent dans les cheveux, enfoncé dans le siège : un peu plus de  à la sortie, c’est déjà de la grosse sensation, et c’est juste la moitié des performanc­es des pros. De la gnognotte. Gros ralentisse­ment à la chicane du port (on va éviter l’effet Bandini), on reprend de la vitesse dans le S de la Piscine, et tandis que j’ai l’impression d’être arrivé, le virage de la Rascasse s’impose. Mais Jacques Rossi n’est pas un amateur, il connaît le circuit comme sa poche. Négocié à bonne vitesse, il nous permet d’arriver sur la ligne d’arrivée, sains et saufs. Le deuxième tour s’est déroulé sensibleme­nt dans les mêmes conditions. À un détail près : vous me croirez si vous voulez, mais brandir un drapeau à  km/h, ça tire un peu sur les articulati­ons. Bilan de l’histoire : je ressors de là ravi des sensations et physiqueme­nt un peu bousculé. Pourtant, ni les vitesses évoquées ici, ni la vidéo embarquée ne montrent une quelconque performanc­e. Je ne vois que deux explicatio­ns possibles : soit je vieillis, soit il est temps de me remettre au sport. Ou peut-être les deux.

 ?? (Photo Michael Alesi) ?? Deux tours de circuit aux côtés du directeur de course Jacques Rossi, c’est une expérience à la fois surprenant­e et réjouissan­te.
(Photo Michael Alesi) Deux tours de circuit aux côtés du directeur de course Jacques Rossi, c’est une expérience à la fois surprenant­e et réjouissan­te.

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