Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Vraiment magnifique! »

Après le titre de champion de France, Leonardo Jardim fait le bilan et évoque l’avenir

- FABIEN PIGALLE

A

près avoir conquis le titre de champion de France avec Monaco, le plus beau trophée de sa carrière, Leonardo Jardim, arrivé dans l’anonymat le plus total sur le Rocher il y a trois saisons, est aujourd’hui une référence. A  ans, le technicien portugais a accepté de faire le bilan d’une saison déjà historique, « tranquille­ment », comme il dit. Aussi courtisé que ses jeunes joueurs révélés sous sa houlette, il évoque également son avenir. La semaine prochaine, il aura rendez-vous avec sa direction pour entamer des discussion­s quant à une éventuelle prolongati­on, alors que son contrat court jusqu’en . Sa décision est très attendue.

Que retenez-vous de cette saison ? Elle est magnifique à plusieurs niveaux. D’abord par les résultats et ce titre de champion de France. Clairement l’une des plus belles de l’histoire du club avec des demi-finales de Ligue des champions et de Coupe de France, ainsi qu’une finale de Coupe de la ligue. Mais dans le projet sportif, il est important de faire progresser les jeunes. Et pour moi, cette année, deux ont explosé : Bakayoko et Mbappé. C’est donc une grande satisfacti­on dans l’ensemble. Vraiment magnifique !

Quand avez-vous senti que cette saison pouvait être magnifique ? Je pense que tout a commencé à la pré-saison. C’est le moment clé. On a fait le bilan de l’année précédente avec les dirigeants. On a vu qu’on manquait de qualité pour prétendre à mieux qu’une troisième place. Cette réunion a été importante à mes yeux. À partir de là, le club a fait l’effort de faire revenir Falcao et Valère (Germain), plus les achats de Mendy, Sidibé et Glik. Tout ça a renforcé l’équipe et le groupe s’est senti plus fort. Les meilleurs de la saison passée sont restés… Pour moi, c’est le moment clé, après il y a eu le travail bien sûr du staff et des joueurs. Mais cette prise de décision a été très importante.

De l’extérieur, beaucoup de doutes entouraien­t cette intersaiso­n… Votre avenir était incertain... Il y a eu des discussion­s normales de fin de saison avec les dirigeants. Comme celles que nous aurons avec Vadim Vasilyev (viceprésid­ent) la semaine prochaine.

Avez-vous changé quelque chose dans votre management ? Non. Notre méthodolog­ie de travail ne change pas. On a fait évoluer la tactique, même si la première année, nous avions aussi évolué avec deux attaquants avec Berbatov, Martial ou Germain. La deuxième année, nous ne pouvions pas. Les gens oublient, mais il y avait Carrillo et Lacina Traoré. Ensuite Vagner Love est arrivé l’hiver. On ne pouvait pas jouer à deux. Cette saison, on a commencé avec six attaquants (Falcao, Germain, Carrillo, Mbappé, Traoré et Vagner Love) ! Ça nous a permis de tester le -- en pré-saison et ça a de suite bien marché. Dès le début, nous avons compris que nous étions sur la bonne voie. À partir de là, quatre attaquants. Les profils étaient parfaits : un joueur fixe, l’autre un peu plus libre. Quel a été le match le plus important ? Le plus important ? (il réfléchit). C’est difficile de parler d’un match. Prenez celui contre Villarreal en barrages de Ligue des champions : il est très important car on qualifie l’équipe et on remplit un premier objectif. La saison dernière, nous n’étions pas parvenus à le faire. Psychologi­quement, ça a été très bon. Après, il y a la victoire - contre Paris. Là, on a lancé le message que nous étions bien une équipe compétitiv­e. On ne peut pas dire que le PSG a fait un mauvais championna­t avec  points. Ça nous donne encore plus de mérite. C’est la première fois que trois équipes (Monaco, Paris et Nice) atteignaie­nt un total de points aussi élevés.

Il y aurait pu avoir un autre trophée avec la finale de la Coupe de la Ligue perdue contre le PSG. Craigniez-vous que cette défaite affecte le moral de l’équipe ? Non. Parce que je suis sûr à  % de connaître les raisons de cette défaite. Quinze jours avant, beaucoup d’internatio­naux sont partis en sélection et je n’ai pas pu entraîner l’équipe. Pour certains, c’était la première fois et donc beaucoup d’émotions à gérer. Tout ça a complèteme­nt cassé notre dynamique. Mais Paris a gagné très logiquemen­t, c’est incontesta­ble.

En L, la défaite de Paris à Nice a-t-elle été un soulagemen­t dans la course au titre ? Non. Je ne vois pas ça comme ça. C’est la seule défaite du PSG dans la phase retour, c’est vrai… Mais disons que je n’ai pas vécu ça comme un “soulagemen­t”. Cette défaite est juste venue confirmer notre stratégie en Coupe de France (opposé à Paris en demifinale, Monaco décidait d’aligner une équipe composée de joueurs de la CFA pour faire reposer les cadres, Ndlr). Le week-end après l’éliminatio­n, nous gagnons contre Toulouse après avoir été menés… et Paris perd à Nice.

Au-delà des qualités techniques de votre groupe, on a senti des qualités humaines incroyable­s. Êtes-vous d’accord avec ça ? Oui bien sûr. Déjà, les victoires aident. Mais depuis trois ans, les groupes ont toujours bien vécu. Là, les joueurs sont jeunes et l’ambiance est naturellem­ent plus positive. Il y a eu des bêtises parfois c’est vrai, mais en même temps ils donnent une bonne ambiance de travail. Ce n’est pas à négliger.

Comment gérez-vous ça en interne ? très fort, mais individuel­lement, tout le monde a progressé. On a remporté les récompense­s de meilleur espoir, meilleur gardien, meilleur entraîneur. et beaucoup de joueurs étaient dans l’équipe type de la saison. On a marqué énormément de buts, on a pris beaucoup de points, etc. Nous avons fait tomber pas mal de records. C’est un truc énorme.

Quand on dit ça, souvent on évoque une fin de cycle. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Sincèremen­t, tous les profession­nels dans le football doivent garder cette envie de faire toujours mieux. C’est la vie. Mais faire mieux la saison prochaine, ne veut pas forcément dire faire mieux en terme de résultat. Encore une fois pour faire mieux, il faut garder les meilleurs joueurs. Mais Bernardo Silva est déjà parti (à Manchester City)… donc on ne pourra pas comparer les saisons. Dans ce cas, le défi, c’est de faire du mieux possible, avec des joueurs et donc des moyens différents.

Vous êtes très courtisé... Après trois saisons ici, vous pourriez avoir des envies d’ailleurs ? Quand on gagne et qu’on fait de belles choses, on est courtisé… c’est normal. Mais quand dans un club, dix ou douze personnes sont courtisées, les dirigeants ne peuvent pas laisser partir tout le monde. Peut-être que Jardim sera l’une des personnes qui va rester…

Quelles sont vos conditions pour rester ? La condition de rester, c’est de pouvoir continuer de travailler, comme je le fais depuis trois ans. Pour moi le projet doit continuer comme il est. Et ce n’est pas parce qu’on a été champion qu’il faut que ça change et qu’on se dise qu’on gagnera tous les ans le championna­t. Le projet, c’est de jouer régulièrem­ent le podium et de faire progresser les jeunes joueurs. Les gens ont tendance à l’oublier. Surtout dans les moments de fêtes, on se dit : « ça y est, on peut gagner la Ligue des champions », etc. Non ce n’est pas ça. Le but est de faire le maximum avec les moyens à dispositio­n.

Il ne faut pas trop d’eau car ça peut tuer la plante... ” Nous avons fait tomber pas mal de records”

Votre choix de rester, dépendra-t-il du nombre de joueurs que vous allez perdre au mercato ? Non. Encore une fois, c’est une question de projet et du défi proposé.

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