Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’industriel DCNS à l’heure du tout numérique
Les marines de guerre du futur seront numériques ou ne seront pas. Le leader français du naval de Défense concentre ses efforts sur cette révolution. Des innovations bluffantes
Àl’automne dernier, le salon Euronaval avait été l’occasion pour Jean-Yves Le Drian, encore ministre de la Défense, de présenter la Frégate de taille intermédiaire (FTI), tout premier navire de guerre entièrement numérique, conçu par DCNS. Un sacré coup de projecteur sur une révolution technologique bien plus profonde. En effet, sept mois à peine après cette « biennale » de l’industrie navale de Défense, DCNS l’affirme : la digitalisation générale a sonné et touche désormais toutes les activités de l’entreprise. C’est le message qui ressort des journées navales de l’innovation, deuxièmes du nom, qui se déroulent cette année sur le site de DCNS à Ollioules. Vitrine du département Recherche et développement de l’industriel français qui y consacre chaque année plus de 300 millions d’euros !
« L’usine du futur »
Si la conception assistée par ordinateur existe depuis de très nombreuses années, la révolution numérique fera bientôt son apparition sur les chantiers grâce à la réalité augmentée. Ce que DCNS appelle « l’usine du futur ». Avec ses partenaires Microsoft et Asobo, DCNS a mis au point le « hololens ». Des lunettes numériques grâce auxquelles un technicien pourra, par exemple, monter un équipement sans risque de se tromper, juste en superposant les pièces réelles aux images projetées dans ses lunettes. « La technologie est quasiment prête. Pour l’instant, l’Hololens n’est pas compatible avec les casques de chantiers. Mais d’ici deux à trois ans, nos techniciens devraient les utiliser », lâche un cadre de DCNS. Autre exemple : si on parle des drones depuis longtemps, leur intégration dans la Marine nationale devrait s’accélérer très prochainement. Notamment grâce aux progrès réalisés en matière d’intelligence artificielle, de nanotechnologies, de réseaux de communication, ou encore dans la conception des batteries. Pour preuve : un bâtiment de projection et de commandement de type Mistral navigue ces jours-ci au large de Toulon afin de réceptionner le Camcopter S-100, un drone aérien.
Au service de l’humain
Mais DCNS en est à un stade plus avancé. En avril dernier, elle a ainsi mené un test concluant depuis le chantier IMS à SaintMandrier. En vingt minutes à peine, une embarcation suspecte a pu être détectée, identifiée et neutralisée. Une prouesse réalisée grâce à l’intervention conjuguée de trois drones – un sousmarin (D19), un aérien (IT 180) et un drone de surface (Remorina)–, dont les informations étaient centralisées par le I4, le tout dernier système de management de combat dédié mis au point par DCNS et qui pourrait équiper les futures FTI. Mais attention, avertit Paul-Philippe Gilles, un responsable du marketing : « La numérisation doit servir l’efficacité humaine et non pas soumettre l’humain. »