Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Je suis là pour gagner »

Comme son jeu, Richard Cockerill est un homme direct. Pour l’entraîneur intérimair­e toulonnais, qui a dû travailler dans l’urgence, une seule chose importe : gagner à tout prix

- PAUL MASSABO

A

ppelé à diriger la saison prochaine le club écossais d’Edimbourg, l’Anglais Richard Cockerill n’aura jamais été aussi bronzé. Arrivé en janvier à Toulon à la demande de Mike Ford – qu’il a suppléé depuis (c’était le  avril) –, l’ancien entraîneur de Leicester peut compter sur ses deux aides de camp au RCT : Matt Giteau derrière, Marc Dal Maso devant. Avec la réussite que l’on sait puisqu’il est à ce jour invaincu avec un flatteur  sur . Mais comme tout le monde, il sait que seul le dernier round est capital car il finit nécessaire­ment par un K.-O. Or l’éphémère coach toulonnais ne veut pas aller au tapis avec ses hommes. Il préfère les voir soulever le Bouclier de Brennus. Celui qu’il n’était pas parvenu à ramener à Montferran­d (-) quand il était talonneur. Après avoir concocté sa semaine de préparatio­n alliant récupérati­on (beaucoup) et travail (un peu), Richard Cockerill a pris le temps de se poser pour tenter expliquer son drôle de bout de saison avec, en point d’orgue, ce final de rêve qui ne doit pas finir en cauchemar. Il y a encore seulement deux mois, le RCT tournait sur un seul cylindre. Aujourd’hui, rien ne semble devoir l’arrêter... Le groupe s’est-il métamorpho­sé ? J’aurais tendance à répondre oui et non. En fait, je ne sais pas.

Depuis votre prise de fonction avec Matt (Giteau), vous affichez un sans-faute avec six succès de rang. À quoi attribuez-vous cette réussite soudaine ? Notre situation était compliquée. On a pu, avec les joueurs que j’ai su écouter, trouver le ressort nécessaire pour repartir de l’avant. Ici, comme à Leicester ou ailleurs, il y a beaucoup de pression. Mais notre seul but commun, c’est de gagner. Match après match.

Vous avez une baguette magique ? Oui : le travail ! Plus sérieuseme­nt, mon bureau est ouvert. Je discute avec les joueurs. J’écoute et après je tranche, sans état d’âme.

En demie, il manquait de nombreux joueurs. Pour cette finale, vous enregistre­z le retour de plusieurs d’entre eux. Comment gérez-vous tout ça ? Vous voulez dire que j’ai aujourd’hui des problèmes de riches ? C’est vrai, mais… c’est bon.

L’absence de Leigh Halfpenny est-elle pesante ? Je fonctionne toujours avec les joueurs disponible­s. Je ne m’éternise pas sur l’absence d’untel ou d’untel. J’ai fait ça contre La Rochelle. C’est pareil pour Clermont. Je passe très vite à autre chose et je fais avec les forces en présence sans jamais m’apitoyer sur le sort.

Vous n’avez pas répondu à la question... Bien sûr qu’en l’absence de Leigh (il est parti en tournée NouvelleZé­lande avec les Lions Britanniqu­es, Ndlr), ce sera compliqué. Maintenant, sans lui, on proposera un jeu peut-être différent. On a encore des buteurs comme Giteau, TrinhDuc, Bernard, Escande, Belleau. À nous de trouver le bon, le juste équilibre.

Un air nouveau semble souffler sur Toulon. C’est vrai ou l’impression est faussée ? Il y a un bon esprit général au sein d’un groupe de quarante joueurs. Peut-être qu’avec la saison mouvementé­e connue, les garçons se sont encore plus resserrés. Je ne sais pas. En revanche, une chose est sûre, l’état d’esprit qui anime cette équipe est irréprocha­ble.

Que répondez-vous aux gens qui regrettent le manque de spectacle proposé à travers votre jeu ? Simplement que je ne suis pas là pour faire du spectacle. Je suis là pour gagner. Avec davantage de temps, on aurait certaineme­nt proposé davantage de jeu. Mais là, nous étions dans l’urgence. On a paré au plus pressé. Et jusqu’à présent, ça ne nous a pas trop mal réussis.

Les Clermontoi­s ont fait forte impression contre le Racing , laminé à l’heure de jeu. Cet adversaire vous effraie-t-il ? Clermont s’est montré impression­nant en demie. C’est vrai. C’est vraiment une très bonne équipe qui joue vite et très bien. On a vu qu’après le carton rouge (Flip Van der Merwe à la e minute, Ndlr), elle savait gérer. On sait que ce sera réellement compliqué de les battre à Paris. On va malgré tout s’y employer. La dernière marche est nécessaire­ment la plus haute à gravir ? Bien sûr ! Clermont est une équipe très physique, sa défense est énorme. Le championna­t en France est encore plus difficile à remporter qu’en Angleterre. Cette finale sera, rappelons-le, le

e match de la saison. Ce Top  est vraiment très dur, c’est du costaud dans chaque équipe, tous les week-ends. Mais j’ai vraiment une pleine confiance en ce groupe qui est sur une excellente dynamique.

Je ne m’éternise pas sur l’absence d’untel ou d’untel ”

Je ne suis pas là pour faire le spectacle”

L’état d’esprit est irréprocha­ble ”

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(Photo Luc Boutria) Richard Cockerill reconnaît le manque d’attrait du jeu toulonnais, mais s’en contente du moment que la victoire est au bout.

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