Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Te ajoute au handicap Le combat gagné par une Toulonnais­e

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Elle a passé des mois, et même des années, avec des revenus tronqués. La laissant avec de maigres ressources. Si Martine Deniau a tenu, c’est grâce à la solidarité de proches, d’infirmière­s et d’aides de vie. Au quotidien.

La Caf suspend l’allocation

Depuis 1991, cette Toulonnais­e est reconnue handicapée, avec un taux d’invalidité à 80 %. Elle perçoit pour cela une allocation adulte handicapé (AAH). L’allocation a été suspendue en août 2013, quand elle a atteint l’âge de la retraite, bien que ses droits à l’AAH sont ouverts jusqu’en 2026. « La caisse de retraite m’a obligée à remplir un dossier d’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). Et la Caf a coupé mon allocation. » Martine Deniau se rebiffe : l’Aspa, elle n’en veut pas. Elle n’a pas le choix, lui répond-on. Selon ses dires, on lui aurait même déclaré au téléphone : « Mais Madame, à la retraite, vous n’êtes plus handicapée. » La pilule ne passe pas. « Je refuse l’Aspa, parce que, en tant que personne handicapée, je perds l’AAH et les droits qui vont avec. C’est là que c’est tordu .» Martine Deniau se rétracte de sa demande l’Aspa.

Une aide qu’il faut rembourser

Pourtant l’Aspa donne un revenu quasi-équivalent à l’AAH. Pourquoi la refuser ? La réponse est simple. L’Aspa est une aide en partie récupérabl­e, après le décès. Et pour garantir ce remboursem­ent, une hypothèque peut même être prise, si le bénéficiai­re est propriétai­re d’un bien immobilier. L’Aspa est une sorte de prêt à long terme. Martine Deniau n’en veut pas, par crainte de voir son (très) modeste appartemen­t « gelé ». « Cela m’empêcherai­t même de le quitter pour rechercher un lieu plus adapté à mon handicap », insiste-t-elle. À cause de sa résistance, à cause de son refus catégoriqu­e de l’Aspa, Martine Deniau est restée avec quatre cents euros pour vi vre, sa petite retraite, d’août 2013 à mai 2016.

À Toulon, un tribunal tranche

C’est la justice qui a tranché le conflit. En janvier 2016, le Tass du Var (Tribunal des affaires de sécurité sociale) a reconnu le bon droit de Martine Deniau à percevoir une Allocation adulte handicapée, déduction faite du montant de sa petite retraite. Pour la dernière étape, il a fallu attendre encore quatre mois – avant que la Caf du Var ne verse l’argent. Un reliquat de… trentetroi­s mois sans allocation, accompagné d’un courrier : « Je vous adresse toutes mes excuses pour les désagrémen­ts subis. » Aujourd’hui, le combat de Martine Deniau est de faire connaître la situation de personnes handicapée­s, dans la même situation que la sienne. Combat devenu judiciaire, et qu’accompagne notamment un avocat au barreau de Toulon, Me Philippe Camps. « Il n’y a pas de mots, c’est inhumain. Il y a des situations de détresse indescript­ible, se révolte Martine Deniau. Les droits des personnes handicapée­s sont pourtant ouverts et un organisme d’État peut couper les vivres, du jour au lendemain ? C’est inconcevab­le. » Le défenseur des droits a été saisi au niveau national. Mais on ne connaît pas encore sa réponse.

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Depuis ce qu’elle appelle son « lit bureau », Martine Deniau se bat.

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