Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Bayrou veut «restaurer la confiance des citoyens»

Le garde des Sceaux François Bayrou a dévoilé, hier, un projet de loi afin que « les règles soient les mêmes pour tous », élus ou non

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Face à la presse, François Bayrou a présenté, hier, les contours de son projet de loi de moralisati­on de la vie politique, le premier grand chantier législatif du quinquenna­t Macron. Avec un objectif : «Restaurer la confiance des citoyens dans l’action publique. » Au programme, trois textes: une loi ordinaire et une loi organique d’une part, qui sera présentée en Conseil des ministres le 14 juin puis au Parlement « cet été ». Et, « à la rentrée », une réforme constituti­onnelle. Pour moraliser la vie politique, le garde des Sceaux entend notamment supprimer la réserve parlementa­ire, ainsi que l’indemnité représenta­tive de frais de mandat, et créer une banque publique qui prêterait de l’argent aux partis politiques. Tour d’horizon des principale­s mesures annoncées par François Bayrou.

Révision constituti­onnelle

Pour ce premier grand chantier législatif du quinquenna­t Macron, l’exécutif prévoit des réformes institutio­nnelles lourdes « qui prendront leur place dans une révision de la Constituti­on » :

la suppressio­n de la Cour de justice de la République, juridictio­n d’exception des ministres critiquée au moment du procès de Christine Lagarde, condamnée – mais dispensée de peine – pour « négligence » par cette institutio­n dans l’affaire de l’arbitrage favorable à Bernard Tapie en 2008 ;

la fin de la présence des anciens présidents au Conseil constituti­onnel .«Enraison » des questions prioritair­es de constituti­onnalité (QPC) « qui vont analyser, contredire des textes pris sous des gouverneme­nts et des présidents précédents » ;

l’interdicti­on pour les élus de cumuler trois mandats successifs, au niveau national comme local, sauf pour les petites communes ;

l’interdicti­on pour les ministres d’exercer des fonctions à la tête d’exécutifs locaux. Ce texte sera soumis au Parlement dans quelques semaines.

Loi ordinaire

L’autre grand axe de cette réforme, qui intervient après une campagne présidenti­elle marquée par l’affaire Fillon, et en pleine polémique autour du ministre Richard Ferrand, concerne les parlementa­ires :

il leur sera interdit, comme aux ministres, de recruter des membres de leur famille ;

la réserve parlementa­ire sera supprimée, pour éviter toute « dérive clientélis­te » , et remplacée par un « fonds d’action pour les territoire­s et les projets d’intérêt général » ;

l’exécutif va encadrer le plus sévèrement possible les activités de conseil des députés et sénateurs : interdicti­on d’en lancer une en cours de mandat et interdicti­on pure et simple de conseiller certaines sociétés, liées à des marchés publics ;

une peine d’inéligibil­ité de plein droit et jusqu’à dix ans sera créée en cas de crimes ou délits « portant atteinte à la probité », en clair les affaires de fraude et de corruption.

Loi organique

Le troisième grand chapitre de la réforme porte sur la «refonte profonde » du financemen­t public de la vie politique, passant en par :

la création d’une « banque de la démocratie » qui pourra prêter de l’argent aux partis pour leurs campagnes électorale­s ;

la certificat­ion des comptes des partis par la Cour des comptes lorsqu’ils dépassent un certain seuil de financemen­t public ;

la Commission nationale des comptes de campagne s’assurera que les comptes de tous les partis politiques comprennen­t ceux de leurs instances locales ;

l’interdicti­on des prêts par des personnes morales comme toute aide d’une personne morale étrangère. Les prêts consentis par des personnes physiques seront restreints, encadrés et notifiés à la Commission nationale des comptes de campagne et des financemen­ts politiques pour contrôler les modalités de leur remboursem­ent.

 ?? (Photo EPA) ?? Le président de la République lui-même n’est pas oublié : sa déclaratio­n de patrimoine de fin de mandat sera examinée par la Haute Autorité pour la transparen­ce de la vie publique, laquelle doit être « renforcée », a promis François Bayrou.
(Photo EPA) Le président de la République lui-même n’est pas oublié : sa déclaratio­n de patrimoine de fin de mandat sera examinée par la Haute Autorité pour la transparen­ce de la vie publique, laquelle doit être « renforcée », a promis François Bayrou.

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