Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
«Croisières de la drogue»: de 3 à 15 ans de prison requis
Trente-trois condamnations allant jusqu’à 15 ans de prison ont été requises, vendredi à Marseille, contre les organisateurs et les «petites mains» d’un trafic international ayant utilisé les croisières Costa pour le transport de cannabis et de cocaïne entre l’Europe, le Maroc et le Brésil. La procureure Audrey Jouaneton a qualifié les principaux prévenus d’« étoiles montantes du banditisme azuréen » .Les peines les plus lourdes ont été réclamées contre «le pool de tête, ceux qui ont organisé le trafic»: 15 ans contre Karim Moutakhaouil, un Niçois en fuite, 13 ans contre Victor Sanches Tavares, placé «au sommet de la pyramide», 10 ans contre Abdelilah Amri, en lien avec les narcotrafiquants brésiliens. Une peine de 9 ans de prison a aussi été réclamée contre Domenico Stanganelli, des peines allant jusqu’à 7 ans de prison contre les «logisticiens», et de 3 ans dont 18 mois avec sursis à 4 ans contre «les petits» qualifiés aussi d’« écervelés». Se faisant porte-parole des douanes, elle a par ailleurs réclamé une amende de 960 000 € euros contre les prévenus. Mme Jouaneton a relevé le caractère « innovant » et « inédit » de ce trafic, « un système ingénieux car il n’y a pas de contrôle sur les bateaux en dehors d’un portique, pas de fouilles, pas de contrôle douanier. L’idée est géniale, extrêmement astucieuse. »
700 euros de cannabis contre 40 000 euros de cocaïne
La procureure a également mis l’accent sur l’intelligence économique de ce trafic, évoquant une « culbute énorme». Au Brésil, où le cannabis vaut beaucoup plus cher que la cocaïne, un kilo de résine marocaine achetée autour de 700 euros permettait, dans une opération de troc avec les narcotrafiquants sud-américains, d’obtenir 1,6 kilo de cocaïne, revendu en Europe autour de 40 000 euros. Selon la procureure, une «narcocroisière» portant sur l’acheminement à Rio de 25 kilos de cannabis générait un chiffre d’affaires de 1,9 million d’euros. Au total, 13 croisières effectuées entre avril 2012 et mars 2014 sont mises à l’actif des prévenus. Certaines croisières embarquaient jusqu’à une douzaine de «mules», de jeunes Niçois recrutés dans le quartier des Moulins pour, aux escales de Casablanca ou Rio de Janeiro, se « scotcher sur le corps» des ceintures de drogue afin de l’embarquer à bord. En additionnant les billets de croisière, les billets d’avion et la rémunération promise, les organisateurs devaient investir jusqu’à 130 000 euros par opération d’importation, selon la procureure. Le jugement devrait être rendu le 9 juin.