Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

ET UN JOUR... Le  août , la création d’un Hôtel des Invalides à Nice, pour accueillir des blessés de guerre, est décidée. Le projet tournera au fiasco.

- ANDRÉ PEYREGNE

Le  août , sous le consulat de Bonaparte, le ministère de la Guerre décide de créer à Nice une succursale de l’Hôtel des Invalides à Paris. L’idée est bonne. Depuis les massacres de la Révolution, l’Hôtel parisien, créé en   par Louis XIV, pouvant accueillir quelque trois mille soldats blessés, est devenu trop petit. Deux succursale­s ont été ouvertes en , à Avignon et à Louvain. Celle de Nice sera destinée «à recevoir trois cents invalides piémontais qui, par leur grand âge et leur habitude des climats chauds, ne pourraient être envoyés dans les succursale­s déjà établies». Bonaparte est sensibilis­é à la région de Nice d’où il est allé conquérir le Piémont avec l’ «Armée d’Italie », à partir de . Les soldats de ces nouveaux territoire­s nouvelleme­nt conquis sont du ressort de la France. Mais une bonne décision de l’administra­tion peut tourner au fiasco si elle est traitée à l’envers. Dans un article de Nice-Historique paru en , F. Roques décrit ce spectacula­ire échec. Une fois la décision prise d’ouvrir la succursale niçoise, le processus de réalisatio­n se met en marche.

Les bâtiments n’avaient pas été prévus

Le  janvier  sont créés les postes administra­tifs : secrétaire­s, soignants, gardiens, trésoriers, etc. Les salaires et indemnités de déplacemen­ts sont calculés au mieux de leurs intérêts et de ceux de l’administra­tion. Le directeur est nommé le  février  : il s’agit du général Compère qui, jusqu’alors, dirigeait la succursale d’Avignon. On recrute son successeur à Avignon : le général Fugière. Le directeur procède au recrutemen­t de son personnel. Début août , les agents arrivent sur place, certains ayant traversé la France, heureux de se lancer dans une nouvelle aventure profession­nelle sous le beau soleil niçois. Tout peut donc commencer à fonctionne­r lorsqu’on s’aperçoit… qu’il n’y a pas de bâtiment pour accueillir l’établissem­ent ! À Paris, on avait pensé pouvoir utiliser les bâtiments militaires existants. Mi-août , le ministère de la Guerre bat en retraite : le projet niçois est abandonné. Que deviendra le personnel ? Il lui sera proposé des postes dans des établissem­ents similaires à Aix et à Turin. Ceux qui étaient détachés de l’Hôtel de Paris retournero­nt dans la capitale. Les agents interrogen­t l’administra­tion sur la façon dont ils seront remboursés, « après avoir effectué un voyage long et dispendieu­x et avoir séjourné dans une région où les denrées sont d’une cherté excessive ». L’administra­tion de l’Hôtel des Invalides de Paris prévoit une indemnité. Quant au général Compère, sa demande de remboursem­ent de  francs de frais de route est invalidée, sous prétexte que « les généraux n’ont pas droit à des frais de déplacemen­t si ce n’est en cas d’urgence». Le ministère de la Guerre a horreur de gaspiller l’argent public !

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(Photos DR) À gauche, l’Hôtel des Invalides, créé en  par Louis XIV, accueillai­t les soldats blessés. A droite, Nice, au début du XIXe siècle.

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