Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Saorge, repli de l’administration niçoise
Voilà le prétexte que Barras et Fréron attendaient pour se venger de lui. Ils informent le Comité de Salut Public à Paris pour dénoncer sa désobéissance et son échec militaire. Le 7 août, le général Brunet est convoqué devant les représentants du peuple à Nice, rue Saint-François-de- Paule. Il est accusé de trahison. Les commissaires du peuple rédigent un rapport impitoyable contre lui. Barras et Fréron décident de le faire arrêter et d’installer La Poype à sa place - le gendre de Fréron. La Poype étant engagé dans les actions militaires à Toulon, c’est finalement le général Dumerbion qui le remplacera. Le lendemain, ledit général Dumerbion et le général Labarre vont arrêter à Sospel le général Brunet. Ramené à Nice, Brunet est envoyé à Paris pour un procès devant un tribunal révolutionnaire. Le procès aura lieu le 14 novembre.
Réquisitoire implacable
L’accusateur public sera FouquierTinville, qui a déjà envoyé des charretées de gens à la guillotine et a exercé ses fonctions d’accusateur public lors du procès de Charlotte Corday, en juillet, et de la reine MarieAntoinette, en octobre. Le général Brunet sait qu’il n’en réchappera pas. « Citoyen Brunet, tu es accusé d’avoir refusé d’obtempérer aux ordres des représentants du peuple Barras et Fréron de diriger une partie de ton armée sur Toulon; tu es aussi accusé d’intelligence avec l’ennemi pour avoir entretenu une correspondance avec les comités rebelles de Lyon et de Marseille... » Le général Gaspard Brunet n’a rien à répondre. Il est condamné à mort. Il est guillotiné le 15 novembre 1793, à l’âge de 59 ans. Réhabilité par la suite, lorsque la Terreur sera terminée, que la roue aura tourné et que Fouquier-Tinville sera lui-même passé par la guillotine, le nom de Gaspard Brunet sera inscrit sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile à Paris. Ses premières victoires à la tête de l’Armée d’Italie, dans les Alpes-Maritimes, n’avaient pas été oubliées. C’est dans le village de Saorge qu’en septembre , à l’arrivée des troupes françaises révolutionnaires à Nice, l’administration niçoise, le Sénat, la trésorerie et la magistrature se réfugièrent pour se mettre à l’abri. C’est là aussi, qu’en juillet , les troupes austrosardes du général Thaon de Revel firent subir un échec à celles du général Brunet. On parla de morts dans les rangs français.