Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Saorge, repli de l’administra­tion niçoise

- ANDRÉ PEYREGNE

Voilà le prétexte que Barras et Fréron attendaien­t pour se venger de lui. Ils informent le Comité de Salut Public à Paris pour dénoncer sa désobéissa­nce et son échec militaire. Le 7 août, le général Brunet est convoqué devant les représenta­nts du peuple à Nice, rue Saint-François-de- Paule. Il est accusé de trahison. Les commissair­es du peuple rédigent un rapport impitoyabl­e contre lui. Barras et Fréron décident de le faire arrêter et d’installer La Poype à sa place - le gendre de Fréron. La Poype étant engagé dans les actions militaires à Toulon, c’est finalement le général Dumerbion qui le remplacera. Le lendemain, ledit général Dumerbion et le général Labarre vont arrêter à Sospel le général Brunet. Ramené à Nice, Brunet est envoyé à Paris pour un procès devant un tribunal révolution­naire. Le procès aura lieu le 14 novembre.

Réquisitoi­re implacable

L’accusateur public sera FouquierTi­nville, qui a déjà envoyé des charretées de gens à la guillotine et a exercé ses fonctions d’accusateur public lors du procès de Charlotte Corday, en juillet, et de la reine MarieAntoi­nette, en octobre. Le général Brunet sait qu’il n’en réchappera pas. « Citoyen Brunet, tu es accusé d’avoir refusé d’obtempérer aux ordres des représenta­nts du peuple Barras et Fréron de diriger une partie de ton armée sur Toulon; tu es aussi accusé d’intelligen­ce avec l’ennemi pour avoir entretenu une correspond­ance avec les comités rebelles de Lyon et de Marseille... » Le général Gaspard Brunet n’a rien à répondre. Il est condamné à mort. Il est guillotiné le 15 novembre 1793, à l’âge de 59 ans. Réhabilité par la suite, lorsque la Terreur sera terminée, que la roue aura tourné et que Fouquier-Tinville sera lui-même passé par la guillotine, le nom de Gaspard Brunet sera inscrit sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile à Paris. Ses premières victoires à la tête de l’Armée d’Italie, dans les Alpes-Maritimes, n’avaient pas été oubliées. C’est dans le village de Saorge qu’en septembre , à l’arrivée des troupes françaises révolution­naires à Nice, l’administra­tion niçoise, le Sénat, la trésorerie et la magistratu­re se réfugièren­t pour se mettre à l’abri. C’est là aussi, qu’en juillet , les troupes austrosard­es du général Thaon de Revel firent subir un échec à celles du général Brunet. On parla de   morts dans les rangs français.

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