Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Clermont a hâte d’y être !
Les Auvergnats, que l’on annonce souvent fébriles en finale, semblent assumer leur statut de favoris. Et affichent une grande sérénité, leur entraîneur Franck Azéma en tête
IDe notre envoyée spéciale à Saint-Denis Fanny ROCA
ls ont pénétré les premiers sur la pelouse du Stade de France, hier matin. Les Toulonnais grimpaient même tout juste dans l’avion pour Paris. Le capitaine Damien Chouly a montré la voie à ses Jaunards, arrivés tranquillement, par petits groupes, mines concentrées mais joyeuses. «Je ne sens pas de stress négatif, abonde l’entraîneur Franck Azéma. Je pense qu’on a plutôt l’envie de profiter de ce moment, d’essayer de s’épanouir, de le vivre intensément. »
Raillés pour leur fébrilité finale
Les souvenirs de la finale de coupe d’Europe, logiquement perdue face aux Saracens il y a trois semaines, sont rangés quelque part en Auvergne. «Honnêtement, on a vite basculé, assure l’entraîneur clermontois. En fait, il était important de tirer les leçons de cette défaite, et de voir ce qu’on allait être capable d’améliorer en demi-finale (du Top 14). La façon dont on a rebondi face au Racing est la meilleure des réponses. » Grandes envolées, rythme infernal, gestes techniques à foison... Ce jeu spectaculaire, à nouveau étalé la semaine dernière à Marseille, qui fait de Clermont le favori de nombreux observateurs. Longtemps, ce statut a inhibé les Auvergnats, raillés encore aujourd’hui, d’ailleurs, pour leur fébrilité au moment de conclure (11 finales perdues sur 12 en Top 14, 3 sur 3 en coupe d’Europe). Mais Azéma assume : «On a fait une bonne saison, on s’est qualifié sur les deux tableaux. On est favori, c’est la normalité. Après, je crois que tout le monde n’a cessé de ressasser le passé. Je n’ai pas besoin d’en parler avec les mecs, de les calmer.» Ce Clermont-là semble plus serein. Rodé à ce genre d’événement. Il sait aussi très bien que le Toulon qu’il retrouvera ce soir n’aura pas grand-chose à voir avec celui croisé début avril en quart de coupe d’Europe.
Azéma: «J’ai confiance en ces gars»
« C’est toujours bon de capitaliser de la confiance face à un adversaire direct, reconnaît le coach des Jaunards. Mais ce sera un autre match, un autre contexte. On les a joués à une période où ils étaient en eaux troubles. Depuis, ils ont enchaîné les victoires, se sont retrouvés sur leurs bases. Et ils ont toujours ces excellents joueurs cadres, qui retrouvent tout leur éclat dans ces momentslà. » Non, Azéma n’est « pas surpris » de les retrouver là. Oui, c’est un adversaire qu’il craint, « pas une individualité en particulier, tous ». Mais l’entraîneur clermontois, qui se refuse à réduire l’affrontement de ce soir à une opposition de style, n’a pas trop envie d’essayer de deviner ce que leur opposeront les Toulonnais : « Je suppose qu’ils resteront sur leurs certitudes et j’imagine qu’ils vont chercher à nous perturber. Mais on est essentiellement focalisé sur notre jeu. La capacité à combattre primera, celle à se libérer complètement aussi. Ensuite, il faut qu’on soit précis, clair dans notre travail avec le ballon. Qu’on reste fidèle à ce qu’on maîtrise, capable de lire leur défense. C’est la responsabilité des joueurs, de la charnière, de s’adapter à ce que va proposer Toulon. Mais je sens les garçons sereins.» Rien à voir avec la finale de 2015 (perdue face au Stade Français 126), à l’en croire. «On arrive avec plus de certitudes, plus de fraîcheur, moins de blessés.» Il s’interrompt, puis reprend: « J’ai confiance en ces gars. Il faut qu’on se laisse guider par nos sensations et l’atmosphère qui règne actuellement dans l’équipe. On est très concentré, prêt à livrer notre match et à porter le ballon. On a juste envie d’y être.» Les fantômes auvergnats appartiendraient-ils définitivement au passé ?