Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Au col de l’ange, entrée artistique dans Draguignan
Le sculpteur sur métal Yvon Le Bellec a réalisé « Les boomerangs » dont la mise en place vendredi à l’entrée ouest de la cité du Dragon a surpris, et suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux
Elle est arrivée sans crier gare, à la grande surprise des automobilistes, qui empruntent quotidiennement le rondpoint du col de l’Ange. Vendredi dernier, une imposante sculpture métallique aux teintes vives, rouges et bleues, a été boulonnée sur un socle de béton au centre du giratoire. Depuis, les réseaux sociaux bruissent de réactions, d’interrogations et de commentaires plus ou moins flatteurs sur le choix de cette oeuvre d’art à l’entrée ouest de Draguignan. Certains voient dans cette sculpture résolument contemporaine une faute de goût ; d’autres trouvent que cette note colorée vient égayer une entrée de ville plutôt terne. En poussant plus loin la réflexion, d’aucuns considèrent cette oeuvre comme un « marqueur de territoire » en lien avec le label « Ville d’art et d’histoire » que revendique la cité.
Déjà au Château Saint-Esprit
Dans un style certes plus moderne mais assez aérien, en jouant sur les effets de transparence, cette sculpture fait ainsi écho aux « Danseurs », classiques et élégants, qui marquent l’entrée sud de Draguignan, sur l’avenue du général De-Gaulle. Alors certes, on peut débattre de tout. Des goûts et des couleurs. N’empêche qu’une autre cohérence a sans doute motivé l’implantation de cette oeuvre. Trois kilomètres plus loin en direction de Lorgues, au rond-point des Nouradons, le même artiste Yvon Le Bellec, a signé « L’empreinte. Et la femme créa l’homme » pour le Château Saint-Esprit. À l’entrée du domaine, c’est une fresque à la gloire de la famille et de ses valeurs, voulue par les propriétaires, les Crocé-Spinelli, qui cultivent depuis trois générations la passion de l’art et du vin.
« Elle n’a rien coûté à la ville »
Au col de l’Ange, cette deuxième oeuvre a pour nom « Les boomerangs ». Et le maire Richard Strambio de préciser à son sujet : « Contrairement à ce qu’écrivent certains sur les réseaux sociaux, cette sculpture n’a rien coûté à la ville. Elle a été offerte par l’artiste pour un euro symbolique, et Yvon Le Bellec a même pris en charge son transport. » Seule dépense pour la commune, la dalle de béton qui a été coulée pour permettre sa mise en place. Dans les semaines à venir, son inauguration officielle aura lieu. Ce sera l’occasion de faire plus ample connaissance avec cet artiste né en 1924 à Plonéour-Lanvern, en pays bigouden. Initié très jeune par son grand-père paternel, qui était maître forgeron, à tous les secrets de l’enclume et de la forge, diplômé de l’École des travaux publics et d’architecture du bâtiment de Paris après s’être engagé en 1944-45 dans les armées de la France libérée, Yvon Le Bellec s’installe dès 1948 en Côte d’Ivoire pour réaliser un projet technique de maisons tropicales économiques.
L’art du recyclage
Dès lors, il partage son temps entre l’Afrique et la France, l’architecture et la sculpture. À travers cette dernière, il donne une nouvelle vie aux résidus métalliques du bâtiment et des travaux publics. Ce n’est qu’à partir de 1984 qu’il commence à montrer ses oeuvres au grand public dans des expositions en France et aux USA. Dorénavant, il marque l’entrée de la Dracénie et de sa capitale d’une double et novatrice empreinte artistique.