Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Qu’on retrouve notre public»

Globalemen­t satisfait du dénouement de la saison, Mourad Boudjellal se projette déjà sur la future et s’inquiète de la perte d’engouement du public toulonnais. Il en appelle à son amour du RCT

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Le rideau de la saison 2016-2017 est tombé mardi soir sur la traditionn­elle garden-party. Mais Mourad Boudjellal est encore loin de partir en vacances. À l’aube d’un nouveau cycle dans la vie du club, et entre deux coups de fil à Fabien Galthié, le président nous a reçus hier à Berg pour faire le point sur la situation. Il en appelle clairement aux Toulonnais et à leur amour du RCT.

Quel est le bilan sportif ? De transition, c’est devenu une saison de turbulence­s, mais finalement on reste encore dans le gratin du rugby français. Je crois que les Toulonnais ont pu voir qu’on n’était pas loin du titre contrairem­ent à ce que tout le monde pensait. Il y a eu match et la joie de Clermont montre bien leur difficulté à gagner ce titre. Même si c’est une très belle équipe... Je porte une responsabi­lité dans cette défaite. Si je m’étais moins trompé dans le choix des entraîneur­s, et si on avait bossé dix mois avec Cockerill, on aurait peut-être eu plus d’automatism­es. Mais je crois que les gens ne réalisent pas ce qu’on vient de faire depuis huit ans. Ça ne se reproduira plus. Que les choses soient claires : ce cycle qui s’achève marquera l’histoire du club... On a gagné plus de titres ces dernières années que dans l’histoire du club. On a joué plus de finales aussi. Fatalement, on en a perdu plus...

L’élection de Bernard Laporte a aussi un peu déterminé l’avenir du RCT cette année, en vous redonnant l’envie de poursuivre l’aventure ? L’élection de Bernard m’a reboosté, et deux ou trois bonnes nouvelles s’y sont ajoutées. Maintenant, on va voir dans les années qui viennent ce qu’il se passe. Aujourd’hui, les locomotive­s du Top  sont les plus touchées, et si on les tue, le train du Top  va s’arrêter. Il n’y a pas d’équité dans les décisions de la Ligue.

Vous espérez pouvoir enfin influer sur les décisions de la LNR? Je vais me présenter au comité directeur pour la fois parce que j’ai quelques idées, et, plus le temps passe, plus on se rend compte que je n’avais pas forcément tort sur plusieurs dossiers... Aujourd’hui, il y a plein de gens qui reprennent des idées que j’avais et qu’ils décriaient il y a deux ans. Par exemple, les Jiff, on se rend compte que ça a créé une inflation salariale et même que ça a changé les joueurs. Avant, pour être bien payé, il fallait qu’un joueur français soit bon, maintenant, il suffit qu’il soit français. Je ne m’étais pas trop trompé sur ces effets mal maîtrisés. On en voit les résultats aujourd’hui.

Le regard des gens sur vous n’a-t-il pas évolué ? Il y a beaucoup de gens qui me voient sans cheveux avec des lunettes rondes (ils font l’amalgame avec Bernard Laporte, Ndlr). Mais surtout, il y a des gens qui se sont rendu compte que j’avais anticipé ce qu’il se passe aujourd’hui. Mais bon, ce qui m’intéresse, c’est d’abord mon club. J’ai passé une année difficile. Il faut que je me recentre sur mon club et qu’on retrouve notre public.

C’est votre plus gros souci aujourd’hui? J’entends des gens qui disent : “Il faut garder tel ou tel joueur”. Moi, je suis d’accord sur tout, mais à un moment donné, la réalité et notamment les nouveaux horaires télé (il peste contre les matches du dimanche à  heures, Ndlr) ont fait qu’aujourd’hui, les gens ont déserté le stade et particuliè­rement Mayol... Les Toulonnais doivent comprendre que s’ils ne s’abonnent pas ou ne viennent pas au stade, il n’y aura pas de grande équipe à Toulon. C’est comme ça. Sinon, on partira sur un autre modèle, mais ce serait dommage. Mais effectivem­ent, le souci est là. Je vois bien qu’on n’a pas rempli un train pour Paris.

Votre bilan financier est aujourd’hui en déséquilib­re? L’affaire Puma nous fait très mal (le RCT vient d’être condamné en appel à verser , million d’euros à son ancien équipement­ier, Ndlr). Elle n’est pas réglée. On avait un contrat de trois ans avec Puma avec une clause de sortie à  euros. On a décidé de sortir au bout d’un an. On estime que le dédit est de . Pour un chiffre d’affaires de   euros, c’est déjà pas mal. La décision du tribunal me semble contestabl­e et on va la contester. Mais en attendant, il faut la respecter. Je peux supporter certaines choses. Mais si les gens nous lâchent maintenant, ce sera difficile dans les années qui viennent. S’ils ont envie de continuer à jouer le haut du championna­t, les Toulonnais doivent montrer qu’ils aiment le RCT.

De nouvelles recrues sontelles attendues? James O’Connor a reçu une propositio­n à la baisse. Et puis il y a le cas Liam Gill. Ce sont les Toulonnais qui vont décider. Il est encore sous contrat, mais on a une très belle offre de Lyon. Ça pourrait nous aider, sachant qu’on a Monribot, un Jiff avec un gros potentiel, et qu’on aura la problémati­que d’aligner quatorze Français sur la feuille de match. Sur seize étrangers, on ne pourra en aligner que neuf. C’est important.

Vous avez fait vos adieux à Cockerill, Giteau, Mitchell, Smith ? Cockerill est passé me voir, Juanne Smith aussi, Giteau et Drew pas encore. Ils vont partir ces jours-ci. Cockerill est un sacré bonhomme. Mais maintenant, on va passer à une autre histoire. C’est vraiment la fin d’une époque. Je crois beaucoup dans le projet de Fabien Galthié et, même s’il y aura forcément des turbulence­s, on va être dans la stabilité. Je sais où on veut aller et j’ai promis de la stabilité à mes joueurs.

Quel sera l’objectif la saison prochaine? La qualificat­ion en coupe d’Europe, donc finir dans les six premiers du Top . Ce sera déjà compliqué. J’ai envie qu’on garde les bases de notre jeu, très physique, mais qu’on soit aussi capable de surprendre... Après, les phases finales, tout le monde le sait, c’est une pièce jetée en l’air. Si Fabien Galthié finit champion de France, je ne porterai pas plainte.

Les Toulonnais doivent comprendre...”

Dans quel état d’esprit allez-vous aborder ce nouveau challenge ? Je vais me recentrer sur le rugby. Je vais continuer « Les grandes gueules », ça m’amuse. Mais dorénavant, je m’occuperai de rugby et un peu moins d’à-côtés et notamment de politique. J’ai refusé une investitur­e. C’est un choix et je m’y tiendrai. Mes prises de positions sont évidemment personnell­es, pas celles du RCT. Je n’ai pas la légitimité pour parler au nom du RCT. Le RCT appartient aux Toulonnais...

 ?? (Photo Luc Boutria/Dominique Leriche) ?? Le président Boudjellal l’assure : il veut « se recentrer sur [son] club ».
(Photo Luc Boutria/Dominique Leriche) Le président Boudjellal l’assure : il veut « se recentrer sur [son] club ».
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France