Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le Parti socialiste sur un champ de ruines

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C’est le second séisme de ce premier tour (le premier s’appelant abstention) : le Parti socialiste, qui contrôlait la moitié de l’Assemblée sortante, s’effondre dès le premier tour des législativ­es en n’obtenant seulement que 7,44 % des suffrages et devrait recueillir avec ses alliés, dimanche soir, de 15 à 40 sièges, soit encore moins que les 57 de la débâcle de 1993 ! Depuis le siège du parti, le premier secrétaire JeanChrist­ophe Cambadélis a reconnu, dimanche soir, un « recul sans précédent de la gauche dans son ensemble et notamment du Parti socialiste », un échec qui vient après la « lourde défaite de la présidenti­elle », où Benoît Hamon – lui aussi a été laminé hier – avait obtenu 6,3 % des suffrages, loin derrière La France insoumise (19,6%). « Le tourbillon était trop puissant [...] les deux scrutins étaient beaucoup trop rapprochés pour permettre un véritable sursaut », a déploré Jean-Christophe Cambadélis, lui-même éliminé dès le premier tour dans la 16e circonscri­ption de Paris, devancé par le secrétaire d’État Mounir Mahjoubi (REM) et la secrétaire nationale du Parti de gauche Sarah Legrain (LFI).

Dégager Cambadélis pour Cazeneuve ?

Pour Michèle Delaunay, l’ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie, le Parti socialiste n’est pas mort. Il doit seulement faire le grand ménage pour pouvoir se « reconstrui­re ». Mais cette fois sans Jean-Christophe Cambadélis. Le Premier secrétaire est « synonyme de l’absence de renouvelle­ment et des erreurs de notre parti », a expliqué l’ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie. Elle en appelle à Bernard Cazeneuve, un homme « irréprocha­ble, qui a de la hauteur » afin de faire « cette transition ». Mais la débâcle des socialiste­s ne repose pas que sur le premier d’entre eux. D’autres socialiste­s de premier plan ont échoué, tels Benoît Hamon (à 80 voix près), les anciens ministres Matthias Fekl et Christian Eckert, le député des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci (devancé par Jean-Luc Mélenchon), les numéros deux et trois du PS Guillaume Bachelay et Christophe Borgel, les lieutenant­s de Martine Aubry François Lamy et Jean-Marc Germain. Présent dimanche soir au siège du parti, rue de Solférino, le journalist­e de France 24 Karim Yahiaoui décrivait une « ambiance de fin de règne, très morose ». L’ancien ministre de l’Agricultur­e Stéphane Le Foll, qui n’avait pas de concurrent REM, sort, en revanche, en tête dans la Sarthe (30,3%), devant le candidat LR. Également qualifiés, le chef de file des frondeurs, Christian Paul, le président du groupe PS à l’Assemblée Olivier Faure, et l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem, pour qui la partie sera néanmoins difficile. « Ceux qui ont une chance d’être élus la semaine prochaine, ce sont ceux qui n’avaient pas de candidats La Républilqu­e en marche ! contre eux dans leur circonscri­ption », précise la politologu­e Anne Jadot sur France 24.

« Se réinventer »

« Je ne crois pas que la gauche puisse mourir dans ce pays », relativise Stéphane Troussel, président PS du conseil départemen­tal de Seine-Saint-Denis. Qualifiant Emmanuel Macron de « centre-droit, libéral » au vu des premières mesures sur l’éducation, le Code du travail et l’action économique, il affirme que « la gauche doit se réinventer » pour y faire face. Dans la droite ligne des propos de l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui soulignait pendant la campagne la nécessité de « rebâtir la gauche de gouverneme­nt sur des bases saines et rénovées ». Benoît Hamon a, de son côté, promis de participer quoi qu’il arrive à la refondatio­n de la gauche, et doit lancer le 1er juillet son mouvement transparti­san. Mais hier matin, il ne semblait pas remis de la douche froide... Après cette nouvelle déroute électorale cinglante et historique, le Parti socialiste a-t-il encore un avenir ? Réponse après le 18 juin.

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Qui prendra les rênes, au lendemain du  juin, d’un Parti socialiste moribond ?

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