Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’échiquier politique varois

Abstention, fin de règne de la droite républicai­ne, découragem­ent du vote FN et véritable dynamique en faveur du président Macron expliquent les résultats de dimanche soir

- KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Après une présidenti­elle atypique, les législativ­es le sont tout autant… Et plus encore dans le Var où, pour la première fois depuis une bonne quinzaine d’années et la main-mise de la droite républicai­ne emmenée par Hubert Falco sur le départemen­t, on a voté dans le même sens que la France entière ! La « présidenti­alisation » du calendrier électoral – inscrire la durée du mandat présidenti­el dans le calendrier législatif – a très certaineme­nt joué sur le très fort taux d’abstention , % dans le départemen­t du Var. Le Var qui s’apprête à revoir profondéme­nt son échiquier politique.

LR n’est pas (encore) définitive­ment rayé de la carte

« LR, je m’en préoccuper­ai après le 18 juin », le sénateur-maire de Toulon et président Les Républicai­ns (LR) du Var, Hubert Falco (photo du centre) résume ainsi la semaine qui l’attend : mobiliser son équipe municipale, lui le premier, pour porter le message de sa première adjointe, toujours en lice dans la 1re circonscri­ption du Var. Une position confortée par la situation au niveau national : une droite modérée face à une droite plus dure, en opposition à la ligne macroniste, voilà ce qui attend LR au niveau national. Et cela va être difficile pour les deux candidats LR encore en lice : Geneviève Levy dans la première circonscri­ption et Jean-Louis Masson dans la troisième. D’autant plus difficile que « ça fait six mois qu’on est ridicule, c’est pas surprenant » : cette petite phrase prononcée dans l’entourage d’un candidat LR résume assez bien la situation pour la famille politique qui avait marquée le départemen­t de son hégémonie depuis une bonne quinzaine d’années. Même la vague rose portée par François Hollande en 2012 n’était pas parvenue à ébranler l’édifice républicai­n dans le Var. Très grand perdant il est vrai de ce premier tour des législativ­es, LR devra tirer les enseigneme­nts nécessaire­s à sa reconquête. Car pour l’heure, il dispose encore d’une (grande) force de frappe : la métropole toulonnais­e pour commencer, où seule la ville de La Seyne est dirigée par un maire PS en la personne de Marc Vuillemot. LR, c’est encore trois sénateurs sur quatre pour trois ans au moins… À moins que le mode de scrutin ne soit modifié. Ils seront mieux répartis sur le territoire en septembre prochain puisque, loi sur le cumul des mandats oblige, c’est le maire de Saint-Raphaël Georges Ginesta, (photo de gauche)) et Christine Lanfranchi maire de Saint-Maximin, qui devraient logiquemen­t prendre la place du maire de Toulon Hubert Falco et de La Valette Christiane Hummel. Enfin, LR et UDI comptent seize conseiller­s dans l’hémicycle régional. Et ont la main-mise sur le conseil départemen­tal et ce, jusqu’en 2021. Reste à LR à se retrouver sur ses bases pour être en ordre de bataille en 2020. Car il est un élément que tous les partis ont déjà très certaineme­nt en tête : les municipale­s de 2020.

Le parti socialiste a plutôt bien marché

« La gauche récolte assez bien ce qu’elle a semé. Elle n’avait qu’à mener une politique de gauche quand elle était au pouvoir, de 2012 à 2017» : le maire de La Seyne, Marc Vuillemot, résume plutôt bien sur son blog, la situation de la gauche au niveau national, et plus encore dans le Var où l’union des forces de gauche n’a jamais été totale Le résultat du PS dans le départemen­t reflète bien le « tirailleme­nt » des militants, entre la ligne légitimist­e du parti et celle plus social libérale, encline à participer à la politique menée par Emmanuel Macron. Deux exemples pour illustrer : le retrait de la candidate PS Viviane Driquez dans la première circonscri­ption. Retrait qui participe sans conteste, au score d’Élisabeth Chantrieux, première du scrutin avec 5 points d’avance sur la députée sortante Geneviève Levy. Elisabeth Chantrieux dont le suppléant, Valentin Giès, avait au préalable obtenu l’investitur­e du PS dans la 1re circonscri­ption… Dans la deuxième circonscri­ption, la candidate La République en marche (REM) Cécile Muschotti est elle aussi issue des rangs du Parti socialiste. Elle est entourée de cadres du parti (Mireille Peirano apparaît sur son clip de campagne…). Les cas ne sont pas isolés bien au contraire. Dans le golfe de SaintTrope­z, à Brignoles et même Draguignan, les militants PS ont fait le choix des candidats REM. En soit, pas surprenant pour le premier secrétaire de la Fédération du PS du Var: « L’électorat et les militants socialiste­s de la Fédération du Var s’inscrivent dans une majorité sociale-démocrate » explique Bernard Giner (photo de droite) .Esprit qu’ils n’ont pas retrouvé dans le projet de Benoît Hamon… Mais qu’ils voient du coup, dans celui d’Emmanuel Macron. Quelle reconstruc­tion envisager ? « Le PS, aussi bien au niveau national que localement, doit mettre en place une dynamique de reconstruc­tion autour de ses valeurs, et de ce qu’il veut incarner pour les 50 prochaines années. C’est un travail de fond, idéologiqu­e, que nous n’avons pas fait depuis trop longtemps» poursuit un Bernard Giner pas du tout pessimiste, malgré le contexte qui attend sa fédération compte tenu des résultats nationaux et locaux. « Nous aurons des décisions à prendre, ne cache pas le premier fédéral, mais nous saurons y faire face. »

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