Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
OAT«out»,àquile(e) tour entre Matras et Jugy ?
Si l’avantage est nettement en faveur de Fabien Matras, la position des abstentionnistes et des partisans du député déchu n’exclut pas une « remontada » du frontiste Pierre Jugy
Il y a au moins 281 pêcheurs, au propre comme au figuré, qui se mordent aujourd’hui les doigts. D’être à l’origine de ce que l’on peut considérer comme une petite révolution dans le Landerneau politique local : l’élimination dès le premier tour du député sortant LR, Olivier Audibert-Troin. Lequel ne franchi pas le Rubicon des 12,5 % des inscrits (11,38 % et 23,31 % des suffrages exprimés) et se fait souffler la place de challenger par Pierre Jugy (FN), lui aussi en -deçà de ce seuil avec 11,65 % et 23,86 % des votes.
Électeurs résignés ?
Ce n’est pas un événement en soi, Fabien Matras, le jeune maire de Flayosc, engagé dès la première heure derrière Emmanuel Macron, est le grand vainqueur de ce scrutin. Lui qui, au terme d’une campagne assez souple, arrive largement en tête et dans la majorité des communes, avec 32,62 %. Un score conforme à la moyenne nationale des candidats Rem. Le triomphe mérite toutefois d’être pondéré car, dans le haut Var comme ailleurs, le taux d’abstention s’est avéré record avec 50,38 % contre 39,1 % lors du premier tour des législatives 2012 ! C’est dire le désintérêt des électeurs pour ce scrutin que l’on peut interpréter comme une sorte de fatalisme face à la vague Rem annoncée.
Quid des reports ?
Mais c’est aussi là que réside la glorieuse incertitude de la politique, puisque de la faculté des deux candidats en lice à mobiliser sur leur nom, dès aujourd’hui, dépendra une élection plus ou moins confortable. Certes, le ballottage est plus que favorable à Fabien Matras, qu’une défaite semble s’ériger en hypothèse d’école. Mais, dans un contexte tendu où les petits coups bas sont du quotidien, il n’est pas acquis que les électeurs du député déchu se verseront dans l’urne du nouveau jeune loup de la politique locale. D’autant que l’exparlementaire ne donnera pas de consignes de vote, mais soutiendra personnellement Fabien Matras. Le paysage local s’est donc considérablement transfiguré depuis les municipales de 2014 où, là encore, Olivier Audibert-Troin avait subi un camouflet de la part de son ancien coreligionnaire sous l’ère Piselli, Richard Strambio (SE).
La fête ensemble
Lequel est demeuré dans une neutralité de façade lors de cette campagne législative, même si chacun devinait que Fabien Matras avait ses faveurs. À preuve, dès l’annonce de l’élimination du député sortant, le maire de Draguignan (comme de nombreux élus de la majorité dracénoise) a spécialement fait le déplacement pour savourer « l’exécution démocratique » d’Audibert-Troin, avec Fabien Matras, dans une brasserie dracénoise (1). Les deux semblent tout disposés à travailler ensemble. Et, avec la courtoisie qui s’impose, à lentement pousser vers la sortie le représentant LR. Sortie de la Communauté d’agglomération dracénoise (Cad) s’entend où le président paraît disposé à rester, malgré son revers dominical. Mais avec le probable soutien des maires de l’agglo. Petits meurtres entre amis ou vengeance qui se mange froide, appelons ça comme on veut. Avec ou sans étiquette, la politique et ses hommes savent être cruels. Et la bête blessée n’y souffre pas de ménagements. Mais comme elle est faite d’éternels recommencements, bienheureux celui qui sait qui rira le dernier…
1. Notre photographe a été gentiment mais fermement invité à ranger son appareil. Comme s’il fallait occulter ce que tout le monde savait…