Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La ministre des Armées aujourd’hui dans le Var
Après les soldats de l’opération Barkhane au Mali, où elle avait accompagné Emmanuel Macron fraîchement élu Président de la République, après les aviateurs de la base aérienne 113 de Saint-Dizier en milieu de semaine dernière, Sylvie Goulard, la nouvelle ministre des Armées sera aujourd’hui dans le Var à la rencontre des marins. À l’occasion de ce déplacement, Sylvie Goulard devrait dans un premier temps rejoindre en hélicoptère la frégate antiaérienne Forbin au large de Toulon. Avant de se rendre dans l’après-midi dans la base navale où elle visitera un sous-marin nucléaire d’attaque, puis le porteavions Charles-de-Gaulle actuellement en cale sèche dans les bassins Vauban. Ce déplacement ministériel devrait être l’occasion pour Sylvie Goulard de rassurer les marins sur le budget des armées… Pour rappel : dans un article publié début juin, le journal La Tribune faisait état de coupes de l’ordre de 2,6 milliards d’euros pour l’année en cours. En contradiction avec la volonté affichée par le chef de l’État de porter le budget de la défense à 2 % du PIB d’ici 2025 (contre 1,8 % aujourd’hui). « Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ? » C’était l’un des trois sujets de philo proposés hier aux lycéens de la série L. On saluera l’à propos des auteurs de cette pertinente et impertinente question, qu’un esprit mal tourné ne manquera pas de rapprocher des protestations indignées si souvent entendues à l’occasion des récentes « affaires » : « Tout ce que j’ai fait était légal. » Sans craindre le ridicule, et en demandant aux philosophes qui liront cet article de bien vouloir être indulgents (l’année du bac est loin…), le chroniqueur tentera ici une réponse en forme de corrigé succinct. I/ Supériorité du droit sur la morale A/ Il n’est de droit que le Droit Pas de société sans droit. Pas de démocratie sans règne de l’Etat de droit. Le droit est le ciment du contrat social. Une société sans droit serait livrée à l’anarchie, au chaos, ou à la domination sans partage des plus forts. L’abolition du droit débouche sur la guerre de tous contre tous. B/ Relativité de la morale La morale est par essence relative. Elle ne procède pas de règles collectives (écrites ou orales) reconnues par tous et valables pour tous mais renvoie à des systèmes de valeurs particuliers (individuels ou collectifs ; philosophiques, politiques ou religieux), donc discutables. Faire prévaloir la morale sur le droit, c’est ouvrir la porte à l’arbitraire ou au fanatisme.
II/ La loi est-elle toujours juste ? A/ Le juste et le bien. La notion de « juste » ne se confond pas avec la catégorie morale du « bien ». Elle ne relève pas de choix ou de croyances individuels mais d’une éthique collective qui définit un certain état de la civilisation. Elle exprime une vision communément partagée de ce qui est acceptable, convenable, équitable (Orwell parlait de common decency : décence commune). Est juste – indépendamment de tout jugement moral - ce qui apparaît légitime et conforme à l’équité. B/ Le droit et le juste. Le droit positif, celui qui s’applique à un certain moment sur un certain territoire (de même que la Justice, qui veille à son application) est une création humaine, faillible, critiquable, changeante, et qui varie d’un pays à l’autre. Il reflète des rapports de force et de domination, un certain état des mentalités. Il peut engendrer – ou légaliser – des situations injustes. Dans un passé pas si ancien, on avait le droit de posséder des esclaves ou de faire travailler les enfants dans les mines. Ce n’était pas juste pour autant. III/ Avoir le droit pour soi Un acte ne peut être déclaré « juste » au seul motif qu’il est légal ou licite. La justesse d’un acte, ou sa justice (à distinguer de la Justice comme institution : les mots ne sont pas synonymes) doit s’apprécier non seulement au regard de la loi mais au regard des principes qui guident la société, et aussi, s’agissant de la nôtre qui a inscrit l’égalité au coeur du pacte républicain, de la personne qui le commet. Dans l’énoncé « Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ? », le mot « je » est important. Il met en garde contre la propension des puissants à user de leur position pour tourner les lois à leur profit (selon que vous serez puissant ou misérable…). Voire à les accommoder à leur avantage lorsque, étant partie prenante à la confection des lois, ils décident euxmêmes de ce qu’il ont « le droit de faire ». On pense à certains usages népotiques et privilèges fiscaux (en voie d’être abolis) dont bénéficient les parlementaires et qui, pour être légaux, peuvent difficilement être considérés comme « justes ». Mais cela nous éloigne peut-être un peu trop du bac philo…