Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Madeleine Lemaire : l’arcoise admirée de Proust
Jadis, lorsqu’on parlait de « salon », c’était pour évoquer les réunions souvent artistiques qu’organisaient chez elles les femmes du monde : « Madame tenait salon». L’un des exemples les plus célèbres est le « salon de Madame Verdurin» à Paris, imaginé par Marcel Proust dans son roman en sept tomes la Recherche du temps perdu. Il fallait fréquenter le salon de Madame Verdurin. Là se faisaient et se défaisaient les opinions et les amours. Qui était en réalité Madame Verdurin ? Pour créer ce personnage, Marcel Proust s’est-il inspiré de modèles réels ? Les historiens ont avancé plusieurs noms : Madame de Saint-Marceaux, Madame Arman de Caillavet, la comtesse de Grefflulhe – toutes des Parisiennes. Mais il y a aussi une femme de notre région, artiste peintre née aux Arcs-sur-Argens dans le Var, le 24 mai 1845, montée à Paris où elle tint l’un des salons les plus brillants de la capitale : Madeleine Lemaire.
Une enfance au château Sainte-Roseline
L’historien José Rubio, qui vit aux Arcs, a écrit sur elle, de même que l’écrivain contemporain Yves Uro qui a publié sa biographie (Éditions Harmattan). Madeleine Lemaire a eu deux grands-pères exceptionnels. Le premier, du côté paternel, nommé Jean Coll, fut maire de Fréjus. Il voulut lancer en Provence la culture du coton, a accueilli Napoléon à son retour de l’île d’Elbe, a été emprisonné à Draguignan à la chute de l’Empire pour raisons politiques mais a réussi à s’évader. Lors de la mise en vente des biens nationaux de l’Église, il a acheté l’abbaye de Sainte-Roseline aux Arcs, dans laquelle vécurent ses enfants et petits-enfants. Son fils – le père de Madeleine – fut percepteur à Draguignan. Le grand-père maternel de Madeleine fut, lui, le général Pierre Habert. Il a été gouverneur de Saragosse en Espagne, a fait les campagnes napoléoniennes jusqu’à Waterloo où il fut grièvement blessé. Son nom figure sur l’Arc de Triomphe à Paris. L’enfance de Madeleine se passa dans les murs de l’abbaye de Sainte-Roseline, à l’ombre du cloître et dans la chapelle où le corps momifié de la sainte repose dans un cercueil de verre. Madeleine
Le août , avant l’arrivée des Alliés, un comité d’insurrection local va libérer Nice. Les insurgés veulent mettre fin à la présence allemande mais aussi à la pénurie. Ils paient le prix du sang avec tués et blessés, dans cet incroyable coup de force
Nice août . Depuis le débarquement des alliés en Provence le août et la libération de Paris le août, les Niçois, à bout de souffle et sous-alimentés à cause des pénuries, veulent se débarrasser de la présence allemande. Un climat insurrectionnel contre l’occupant s’installe peu à peu dans la ville. Le août, porté par la résistance, un comité insurrectionnel d’une centaine d’hommes va s’organiser. Dès le lendemain, armés de quelques grenades, de mitrailleuses dont quatre lourdes, et mousquetons, les insurgés vont déclencher une révolte qui va accélérer le départ des troupes allemandes. Le août, dès h, des combats éclatent en plusieurs points de la ville. Pour éviter que les troupes allemandes, installées sur la colline de Gairaut, se répandent dans la ville, des barricades sont installées sur l’actuel carrefour du -août. À h, deux véhicules allemands sont neutralisés. Les résistants y récupèrent plusieurs mitrailleuses ainsi qu’une arme lourde et des pistolets mausers. Ces armes prises à l’ennemi vont leur permettre de s’emparer petit à petit des sites stratégiques de la ville: gare Saint-Roch, lycée Masséna, dépôt des bus TNL à Sainte-Agathe, blockhaus des bd Gambetta, Auguste-Raynaud, Joseph-Garnier et avenue de la Victoire. s’est nourrie des histoires de la sainte, dont le tablier était rempli de roses et qui donnait à manger aux pauvres. Lorsque Madeleine Lemaire est devenue peintre, elle dessina des roses par milliers. Car Madeleine Lemaire est devenue peintre. C’est sa tante, Mathilde, artiste elle-même, qui l’a entraînée à Paris dans cette carrière. Là, elle étudie avec un maître nommé Charles Chaplin (rien à Ils se rendent alors au journal L’Éclaireur et dans différentes imprimeries, car il leur faut des tracts et des affiches très rapidement pour appeler à l’insurrection. Les insurgés qui n’étaient qu’une centaine au départ voient les rangs grossir au fur et mesure de la journée. Les Allemands ainsi que la milice française sont malmenés. À h, les Allemands font sauter le port de Nice et son phare, coulent plusieurs bateaux à quai voir, bien sûr, avec le cinéaste !) et commence à exposer. En 1865, elle épouse Casimir Lemaire, employé à la mairie de Paris. Elle peint tant de roses qu’Alexandre Dumas fils, qui deviendra son amant, a prétendu : « C’est elle qui a créé le plus de roses après Dieu ». Madeleine Lemaire illustre des livres. C’est ainsi qu’elle rencontre un jeune écrivain de 25 ans, Marcel Proust, désireux de la voir illustrer son ouvrage Les Plaisirs et les jours. Une amitié se noue entre eux. C’est elle qui lui fera connaître le compositeur Reynaldo Hahn qui deviendra son amant.
Le Toulonnais Félix Mayol, habitué du salon
Le Tout-Paris défile dans l’hôtel particulier de Madeleine Lemaire, au 31, rue Monceau : les La Rochefoucauld, la comtesse de Pourtales, Boni de Castellane, les présidents Poincaré, Deschanel et Loubet, les écrivains Victorien Sardou, Maupassant, Paul Bourget, Anatole France, l’actrice Sarah Bernhardt, les compositeurs SaintSaëns ou Massenet, le chanteur toulonnais Félix Mayol – celui-là même qui a offert 60 000 francs-or avant de s’enfuir. Vers minuit, les insurgés sont maîtres de la ville. Ils demeurent cependant en alerte craignant une contre-attaque allemande. Les Alliés arrivent enfin le août. Nice s’est déjà libérée toute seule. Alors qu’il est avéré qu’il y a eu blessés, le bilan des morts avancé par les historiens varie. Joseph Girard, historien, archiviste (-) l’estime à décès, alors Jean-Louis Panicacci, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale dans les à sa ville natale pour financer la construction du stade de rugby. Son salon est une référence. L’ancienne enfant de l’abbaye SainteRoseline aux Arcs dans le Var est au centre de la vie mondaine de Paris. Marcel Proust lui a dit un jour : « Je ne suis pour vous que tendresse et admiration ». Est-il plus touchante déclaration de la part de l’écrivain? C’était elle, la Madeleine de Proust ! Alpes-Maritimes, annonce tués parmi lesquels Verdun Vial, Marius Fantino, Roger Simon, Joseph Giuge, Vincent Boscarolo, François Suarez, Émile Krieger, Louis Sana, Aimé Paiche, Georges Damiot, Paul Vallaghé, César Martini et son frère, Laurent Giaume, Raymond Albin, Auguste Bogniot … et les autres ! Quant au bilan des pertes allemandes, il fait l’unanimité : morts dont fascistes italiens, membres des « chemises noires » et prisonniers. Bien que peu abordé dans les comptes-rendus, assassinats et règlements de compte se sont également produits. Au moins civils, jugés proches des Allemands, sont abattus. Le avril , le général de Gaulle, dans un discours prononcé place Masséna, devant une foule en liesse, dira : «Nice, par l’héroïque sacrifice de ses enfants s’est libérée de l’occupant. Nice libérée, Nice fière, Nice glorieuse ! » Sources: Pais Nissart : L ‘apocalyptique de la libération de la ville de Nice du août . - «À propos de la Libération de Nice » par Jean-Louis Panicacci, archives départementales des Alpes-Maritimes.