Un vainqueur maître de ses émotions... Un perdant satisfait de son score

19 h 15 hier soir dans le bureau n°1 de Draguignan. Le maire, Richard Strambio, proclame les résultats de sa commune. Fabien Matras, candidat de la République en marche, y arrive en tête avec 57,13 %, face à son challenger Pierre Jugy, soutenu par le Front national (42,87 %). Le probable vainqueur n’est pas présent, mais ses supporters sont allés le chercher en face, au restaurant où il les a invités. Quand il arrive, il est salué par quelques applaudissements, félicité par plusieurs élus, dont le premier magistrat. «On a fait le grand chelem. Après la présidentielle, on gagne les législatives. On a réussi à rester mobilisés et à mobiliser de nouvelles personnes », se réjouit Reynald Cadoret, qui a créé le comité En Marche à Draguignan voici quelques mois…

Un échange de SMS avec Emmanuel Macron

Le nouveau député de la 8e circonscription veut attendre d’avoir les chiffres définitifs pour faire une déclaration. Il esquisse quelques sourires, mais conserve son sangfroid. De retour au Bistro du Théâtre, il rejoint ses proches, téléphones et ordinateurs en mains, qui s’affairent à récupérer les résultats des dizaines de petites communes manquantes. La seule inconnue étant l’ampleur de son succès. Avec 57,71 % des voix, il est confortable. Pas de quoi, pourtant se laisser griser… La terrasse de l’établissement se remplit. Quelques maires de la Dracénie ont fait le déplacement, comme Raymonde Carletti (La Martre), Bernard Clap (Trigance), Bernard Chilini (Figanières) et Nicole Fanelli (Salernes). À 20 heures, Fabien Matras peut annoncer sa victoire à ses partisans. Même s’il manque deux communes, avec 5 000 voix d’avance, il est certain de l’avoir emporté. Il appelle Guillaume Jublot, son suppléant, et Olivier Makabrou, son directeur de campagne, à ses côtés, avant de s’exprimer. « Je veux tous vous remercier. Depuis cinq semaines, vous avez été présents. On a fait une campagne propre. Maintenant, on va pouvoir travailler ». Un jeune demande une photo avec lui, tout le monde se l’arrache pour le congratuler, l’embrasser. Mais lui a le triomphe modeste, se contenant de sourire. Il a échangé des SMS avec le président de la République. « Peu de députés ont son numéro de portable », glisse Olivier Makabrou avec un brin de fierté. Dans les prochains jours, le maire de Flayosc, qui a déjà annoncé qu’il laisse son fauteuil à son premier adjoint, siégera à l’Assemblée nationale. «Je mesure le poids des responsabilités, assure-t-il. Mais j’y avais réfléchi bien avant, dès mon engagement avec Emmanuel Macron. »

Déception chez P. Jugy (FN)

Aux environs de 19 heures, sur le boulevard Maréchal-Joffre, la tension est à son comble dans la permanence de Pierre Jugy, le candidat FN. Les yeux rivés sur les téléphones portables, une poignée de fidèles enregistre les résultats qui arrivent au compte-gouttes. L’ambiance studieuse laisse rapidement place à une atmosphère pesante. Il est 19h30, le théâtre où sont concentrés les résultats de Draguignan vient d’annoncer la victoire du candidat REM. Victoire sans appel: «Il y a 1000 voix d’écart ! Eh oui, personne n’a voté », lâche Pierre Jugy en sortant de sa permanence. La tendance se confirme rapidement dans d’autres communes où le candidat FN arrive encore et toujours second. La déception se lit sur son visage. Le maire de Tourtour prend quelques minutes avant de s’exprimer. « Je suis déçu, mais heureux du score enregistré pour ce second tour». L’affaire est pliée. L’équipe Jugy-Pellegrin y croyait pourtant, mais n’a visiblement pas convaincu.

(Photos Adeline Lebel) Le nouveau député a été félicité par le maire de Draguignan, Richard Strambio. Son adversaire est resté dans sa permanence du boulevard Maréchal-Joffre, à Draguignan également.