Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Sans baguette magique

- Par MICHÈLE COTTA

Le deuxième tour a confirmé le premier. La République en marche ! obtient seule la majorité absolue, tandis que ses alliés du Modem confortent leur position. Les six ministres qui avaient mis leur mandat en jeu sont tous réélus. Emmanuel Macron a gagné la partie. Le PS, le LR, la France insoumise et le FN, d’une voix pour une fois unanime, avaient tenté entre les deux tours d’éviter une victoire écrasante de La République en marche ! à l’Assemblée nationale, mettant en garde les électeurs contre une trop grande concentrat­ion des pouvoirs entre les mains d’Emmanuel Macron. « Ne pas donner toutes les clés » au Président et à son Premier ministre, c’était le thème essentiel de la campagne menée entre les deux tours par François Baroin, relayée par la phrase un peu surprenant­e de la part de Jean-Luc Mélenchon : la France n’est pas la Russie. Leur argument, semble-t-il, n’a été que très partiellem­ent entendu. Mais entendu tout de même. L’Assemblée nationale ne sera donc pas monocolore, même si La République en marche ! et ses alliés, sont près de  % environ à occuper les banquettes rouges de l’hémicycle. Ce n’est pas le record établi sous la Ve République : en , la majorité de droite détenait  % des sièges de députés. Après les élections de , elle avoisinait les  %. Il n’en demeure pas moins que, dans la France actuelle, un Parti, qui n’existait pas l’année dernière à la même époque, dont le chef de file était à peine connu des Français, a raflé, en quelques mois, le plus grand nombre de sièges. C’est une aventure politique inconnue depuis . Il reste que les Républicai­ns, qui craignaien­t de perdre la moitié de leurs députés, soupirent presque de soulagemen­t: avec près de élus, et non pas la petite centaine à laquelle ils se résignaien­t, ils représente­nt la force d’opposition la plus importante. . Tandis que le Parti socialiste, quoique en mesure de constituer un groupe à l’Assemblée nationale, sort laminé de la consultati­on électorale, au point que son Premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, a démissionn­é dès  heures. Stéphane le Foll et Manuel Valls, de justese, résistent au grand chambardem­ent. Encore n’avaient-ils pas, face à eux, de candidats REM. C’est pour les plus petites formations, le Front national avec la victoire de Marine Le Pen, de Gilbert Collard et de Louis Aliot et la France insoumise, avec celle de Jean-Luc Mélenchon sortent leur épingle du jeu. Le premier ne parvient pas à disposer d’un groupe à l’Assemblée nationale, la seconde y parviendra. Débarquero­nt donc dès demain au Parlement, encadrés certes par quelques anciens venus du monde politique, des novices La République en marche ! dont beaucoup de femmes. Il faudra rapidement donner aux nouveaux venus de la société civile leur feuille de route ainsi que le mode d’emploi de leur nouvelle existence. Quant à Emmanuel Macron, la victoire massive leur donne désormais des responsabi­lités accrues : ceux qui ont voté pour ses candidats mais aussi ceux qui se sont résignés à leur victoire attendent un passage à l’acte immédiat. Jusqu’ici, il a marché sur les eaux. Il ne reste plus qu’à faire. Sans baguette magique.

« C’est une aventure politique inconnue depuis 1958. »

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