Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Financemen­t de l’enseigneme­nt supérieur en France: où en est-on Débat

Accès aux formations, gage de qualificat­ion et d’emploi, concentrat­ion des dépenses publiques sur certaines formations, Pierre Courtioux, chercheur, décrypte les forces en présence

- CHRISTELLE LEFEBVRE

Comment financer l’enseigneme­nt supérieur français ? Le sujet est d’actualité après la création du ministère de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche, auparavant secrétaria­t d’État rattaché au ministère de l’Éducation nationale. Il était au coeur du 4e et dernier volet des Entretiens de Nice, saison 2. Initié par l’Edhec Business School et son pôle de recherche pour mettre les questions économique­s sur le devant de la scène publique, cet Entretien interactif s’est déroulée au CUM, en partenaria­t avec la Ville de Nice et Nice-Matin. Les cinq points qu’il faut en retenir, avec Pierre Courtioux, directeur adjoint de recherche, au pôle de recherche en économie de l’Edhec.

. L’accès au plus grand nombre est possible

Au-delà du mythe de l’Université gratuite, le système de formation doit être pensé de sorte à véritablem­ent favoriser l’accès au plus grand nombre à un enseigneme­nt supérieur de qualité. La formation étant un gage de qualificat­ion et d’emploi. Cet objectif peut être atteint via un nouveau mode de financemen­t de l’enseigneme­nt supérieur où l’État garde toute sa place, mais l’étudiant est également mis à contributi­on ultérieure­ment à la hauteur du rendement en emploi de l’éducation qu’il a reçue.

. Un budget conséquent mais concentré

23,9 milliards d’euros sont consacrés au budget de l’Enseigneme­nt supérieur et de la Recherche en 2 017. C’est un gros poste. L’Enseigneme­nt secondaire, lui, a un budget de 50 Mds, la charge de la Dette est de l’ordre de 41 Mds. La dépense en revanche est très variable selon les cursus. Le Droit et l’Économie sont les matières les moins coûteuses pour l’État : entre 5 000 et 6 000 euros. C’est quatre fois plus pour les BTS, six fois plus pour les prépas, les écoles d’ingénieurs classiques et dix-huit fois plus pour les grandes écoles comme Polytechni­que ou Centrale. Ces diplômes renvoient à des carrières très différente­s, en termes de profils comme de salaires.

. Des stratégies de long terme favorables

En France, des stratégies de long terme ont été mises en place, comme le plan Horizon 2020. Elles sont favorables au développem­ent de l’Enseigneme­nt supérieur, elles permettent de faire progresser le nombre d’étudiants. Même si la France s’est fixé les objectifs les plus bas d’Europe pour ce qui est du nombre d’étudiants. Les inégalités d’accès liées notamment à l’origine sociale restent vraies. 2,5 % de personnes issues de milieu défavorisé obtiennent un Master 2, c’est 5 % en milieu intermédia­ire et 20 % en milieu favorisé.

. Qui doit payer ?

Trois voies possibles de financemen­t de l’enseigneme­nt supérieur : l’État, les étudiants et leur famille, et les entreprise­s. Au niveau internatio­nal, il y a un consensus politique mou pesant plutôt pour un partage des coûts. En France, on a mis en place les investisse­ments d’avenir, des politiques d’aides aux étudiants, via les prêts ou l’augmentati­on des bourses. Il y a un refus catégoriqu­e d’augmenter les droits d’inscriptio­n.

. Quel retour sur investisse­ment

Poser un regard économique sur la question, c’est voir les dépenses pour l’Enseigneme­nt supérieur comme un investisse­ment et observer les retours sur investisse­ment et les bénéficiai­res. Les études montrent des retours sur investisse­ment très variables, avec une grande disparité des trajectoir­es individuel­les. Il y a deux items regardés pour voir ce qu’un étudiant rapporte à l’État: les rendements publics, soit la différence entre ce que l’étudiant aurait rapporté en impôt avec ou sans diplôme, et les externalit­és, ce que l’éducation rapporte sans être mesurable (santé, démocratie, criminalit­é…). MacMahon a estimé à 8,5 % les rendements publics et à 2,5 % les rendements additionne­ls des externalit­és dans les pays de l’OCDE. Ce qui est un rendement public élevé. Le replay des Entretiens de Nice sur edhec.edu/fr/recherche-et-innovation

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(C.L.) Pierre Courtioux.

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