Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Festival Lunallena : la déclaratio­n d’amour de Phoenix

Le groupe français préféré des Américains vient de publier un 6e album renversant, bien parti pour être le disque de l’été. Il sera le 5 août en tête d’affiche du festival Lunallena à Bandol

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

Une bulle de fraîcheur pop et de joie, dans un océan de tristesse et de peur. C’est l’impression que l’on a à l’écoute de Ti amo! le nouvel album de Phoenix qui vient de sortir. Ce sera le disque de l’été 2017, si on en croit Les Inrocks et Le Parisien. Et, pour une fois, on est bien disposé à les croire. On l’écoute en boucle depuis sa sortie, le 9 juin, et on l’aime un peu plus à chaque passage. Cerise sur le proverbial gâteau: le quatuor versaillai­s sera la tête d’affiche du festival Lunallena, le 5 août, à Bandol. Invités de la plateforme de streaming Spotify, Thomas Mars, Deck D’Arcy, Branco et Christian Mazzalai, donnaient, hier soir, un concert privé sur la Croisette, dans le cadre du festival Cannes Lions. L’occasion rêvée de les faire parler de l’album et de la tournée…

On a peine à croire que cet album, si léger et joyeux, a été enregistré à Paris pendant les tragiques événements de . Comment avez vous fait pour ne pas vous faire contaminer par l’atmosphère mortifère qui y régnait alors ? Thomas: Un peu égoïstemen­t, on s’est enfermés dans notre bulle de La Gaité lyrique, où nous étions installés pour l’enregistre­ment. Deck: On était lancés dans une direction, on n’en a pas changé

C’était une volonté délibérée ? Thomas: On ne s’est pas dit ça sur le moment. Mais c’est ce qui s’est passé Deck: On ne rentre plus en studio avec un concept d’album. C’est ce qu’on faisait avant, mais ça ne marchait jamais. on finissait toujours par faire autre chose! [rires] Christian: Maintenant, on attend que le concept vienne à nous. L’idée, c’est surtout de ne pas refaire le même disque que le précédent. Bankrupt! était alambiqué et cynique. Celui-là devait être simple et candide. D’où est venue l’influence italienne? Christian: Mon frère et moi sommes à moitié italiens. On y a passé beaucoup de temps lorsqu’on était enfant. Deck: Lors de la dernière tournée on écoutait beaucoup de chanteurs italiens comme Lucio Battisti. On regardait aussi des films des années /. Ça évoquait un paradis perdu. C’était ce qu’on cherchait à retrouver sans le savoir…

C’est votre sixième album et la formation du groupe remonte à vingt ans déjà. Comment jugez-vous votre parcours? Deck: Quand on a commencé, notre groupe favori, les Pixies, venait de publier son quatrième album. Nous, on espérait juste en faire un. Quand je pense qu’on a déjà fait  % de chemin de plus qu’eux à l’époque!

Comment expliquez-vous que vous avez presque plus de succès à l’étranger qu’en France ? Deck: On ne cherche pas trop à savoir. On préfère que ça reste un peu mystérieux. C’est peut-être un malentendu? [rires] Christian: Aux États-Unis ou en Amérique du Sud, on est un peu des animaux exotiques. Il faut dire qu’on a beaucoup tourné là-bas avant de percer. On a dû y donner trois cents ou quatre cents concerts. C’est ça le secret, si vous voulez mon avis.

Vous êtes à Cannes pour Spotify. Quel est votre avis sur le streaming, dont beaucoup disent qu’il n’est pas assez rémunérate­ur pour les artistes? Deck: On n’a pas vraiment de position tranchée sur la question. On fait comme tout le monde: on expériment­e. C’est pas comme si on avait le choix, de toute façon les gens n’achètent plus de disques. Du coup, ça sert surtout à promouvoir les concerts. Et si on fait des chansons, à la base c’est pour les jouer devant un public, non? Et puis ça permet de découvrir beaucoup d’artistes et de musiques différente­s. Vos derniers coups de coeur musicaux? Deck: Le groupe Whitney, les Lemon Twigs, Marc de Marco… Christian: Dodi El Sherbini. C’est un Français qui a fait les arrangemen­ts de deux chansons sur l’album. Il va sortir le sien et c’est super ce qu’il fait.

Un avis sur Two Doors Cinéma Club, avec lesquels vous serez à l’affiche à Bandol? Deck: On a tourné deux mois avec eux, il y a longtemps. Leur batteur était encore mineur, il n’avait pas le droit de boire. Ils sont tops.

Comment envisagez-vous la tournée? Deck: On vient de faire les premiers concerts en Californie. La nouvelle scène est géniale. Christian: On a un miroir incliné à  degrés au-dessus de la scène sur lequel on fait des projection­s. Ça donne des effets d’optique extras. Deck: Le seul problème, c’est le vent. On ne peut pas le monter si ça souffle trop. J’espère que ce ne sera pas le cas à Bandol. Mais on a un plan B, ne vous inquiétez pas. Thomas: On va faire plus de festivals que d’habitude et on espère bien revenir cet hiver faire les zéniths si l’album marche. On aimerait bien tourner plus en France… Christian: Les gens connaissen­t déjà les paroles des nouvelles chansons, c’est bon signe!

Thomas, vous serez un peu le régional de l’étape, non? Le régional tardif, mais oui. Ça fait vingt ans que mes parents sont installés dans le Var et ils viendront au concert. J’habite New York maintenant, mais je viens encore au moins trois fois par an. J’adore la région. Avant, je venais tout le temps. Toutes les occasions étaient bonnes. Avec Christian, on venait au Nice Jazz festival. Mais on n’y a jamais joué. J’aimerais bien pourtant. Le vol direct Nice New York a changé ma vie! [rires]

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(Photo Gilles Traverso) Branco, Thomas, Christian et Deck.
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