Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’assaillant de l’attentat de Paris avait prêté allégeance à Daesh

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« Les constructi­fs » – c’est ainsi qu’ils se surnomment pour l’instant – se sont retrouvés lundi soir dans les salons du ministère de la Fonction publique, rue de Grenelle, à deux pas de Matignon, pour faire les comptes. Une réunion fructueuse qui permet à Thierry Solère, à la manoeuvre, d’affirmer, hier matin sur France inter qu’ils sont « assez nombreux techniquem­ent » pour former un tel groupe. «On est largement plus de quinze donc nous pourrons le faire », précise le député de Boulogne-Billancour­t, référence au règlement de l’Assemblée nationale qui établit à quinze le seuil minimal pour créer un groupe. Si la moisson est bonne, ils pourraient être près de 40 parlementa­ires à se retrouver. « Avec de nombreux collègues, on va essayer de construire plutôt que de détruire. Nous travaillon­s à cela en ce moment », poursuit l’ancien organisate­ur de la primaire de la droite. Lundi soir, ils étaient nombreux à se presser autour de lui. Franck Riester, le député de Seine-et-Marne ou encore la lemairiste Laure de La Raudière (Eure-etLoir) étaient présents avec le juppéiste Pierre-Yves Bournazel (Paris). Agnès Firmin Le Bodo, qui a succédé à Edouard Philippe dans la 7e circonscri­ption de Seine-Maritime était là mais aussi Lise Magnier, la nouvelle députée de la Marne qui succède à Benoist Apparu. Et Vincent Ledoux le successeur de Gérald Darmanin dans la 10e circonscri­ption du Nord. Quelques centristes de l’UDI sont aussi dans le coup. Jean-Louis Borloo, le fondateur de l’UDI, a fait le déplacemen­t lundi soir. Il a croisé Yves Jégo, le député UDI de Seine-et-Marne. « La majorité des députés UDI devrait rejoindre notre groupe », assure au Figaro l’un des artisans des constructi­fs, qui compte sur 15 centristes. Le nom du groupe reste à définir. Thierry Solère trouve « joli » le nom « Les constructi­fs », soufflé par Jean-Pierre Raffarin il y a déjà plusieurs semaines.

Fiché pour radicalisa­tion et autorisé à détenir des armes: les questions se multiplien­t autour du cas d’Adam Djaziri, mort lundi dans un attentat raté sur les Champs-Élysées à Paris et dont quatre membres de la famille ont été placés en garde à vue. L’homme, 31 ans, a laissé une lettre-testament dans laquelle il prête allégeance au chef du groupe Etat islamique (EI), Abou Bakr alBaghdadi, a-t-on appris, hier, selon une source proche de l’enquête.

Fiché depuis 

Lui qui était fiché depuis 2015 pour son appartenan­ce à la mouvance islamiste radicale disposait pourtant d’une autorisati­on de détention d’armes car il pratiquait le tir sportif. Dans la lettre retrouvée par les enquêteurs et destinée à son beau-frère, le suspect affirme avoir joué « double jeu » en constituan­t un arsenal dans le cadre de son activité de tir sportif en vue de commettre un attentat, a précisé la source. Lundi, peu avant 16 heures, Adam Djaziri n’a fait d’autre victime que lui-même en fonçant contre un véhicule des gendarmes mobiles, près de deux mois après l’assassinat d’un policier le 20 avril par un jihadiste tué par les forces de l’ordre, déjà sur les Champs-Élysées. Grièvement blessé, l’assaillant a succombé peu après. « Il est mort d’un arrêt cardio-respiratoi­re », probableme­nt causé par « un effet de souffle » et par « l’inhalation de fumées », selon une source proche du dossier. Si l’attaque n’a pas été revendiqué­e, ce mode opératoire et ce type de cible sont ceux préconisés par les djihadiste­s. Deux bonbonnes de gaz fermées, sans dispositif de mise à feu, un fusil d’assaut israélien, deux armes de poing et un important stock de munitions ont été retrouvés dans sa voiture. Les perquisiti­ons menées à son domicile dans l’Essonne ont permis de découvrir un autre « stock d’armes », selon une source proche du dossier. Neuf étaient enregistré­es auprès des autorités, dont trois soumises à une autorisati­on particuliè­re (deux pistolets et une carabine). L’homme, qui n’a jamais été condamné, avait été repéré pour sa radicalisa­tion et faisait l’objet d’une fiche S (pour Sûreté de l’État) après plusieurs voyages au premier semestre 2016 en Turquie qui intéressen­t les enquêteurs. Ce père de deux enfants affirmait faire du négoce de bijoux pour justifier ces déplacemen­ts dans ce pays connu pour être une voie d’accès privilégié­e des djihadiste­s européens vers la Syrie.

Recherché par Interpol

L’homme avait fait l’objet d’une fiche de recherche Interpol (aujourd’hui inactive) à la demande de la Tunisie pour des faits datant de 2013, ont expliqué des sources proches du dossier, affirmant toutefois qu’il n’avait pas été visé par un mandat d’arrêt internatio­nal. « La première autorisati­on de détention d’armes a été donnée avant le signalemen­t de cet individu (...) Et au moment où l’autorisati­on a été donnée, il n’y avait aucun antécédent judiciaire qui aurait justifié une décision de ne pas autoriser la détention d’armes » , a expliqué le Premier ministre Édouard Philippe sur RMC/BFMTV. L’homme était licencié « depuis six ans » à la Fédération française de tir, a indiqué son président Philippe Crochard.

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(Photo AFP) Thierry Soler.
 ?? (Photo AFP) ?? Adam Djaziri a laissé une lettre-testament dans laquelle il prête allégeance au chef de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi.
(Photo AFP) Adam Djaziri a laissé une lettre-testament dans laquelle il prête allégeance au chef de Daesh, Abou Bakr al-Baghdadi.

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