Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Il est votre ennemi!

La proliférat­ion de cet insecte très forte en Paca, augmente les risques d’apparition de maladies infectieus­es, comme la dengue ou le chikunguny­a. Le plan de lutte est réactivé depuis mai

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Assécher son territoire est la meilleure arme pour lutter contre sa proliférat­ion et la transmissi­on de maladies telles la dengue, le chikunguny­a ou le virus zika, véhiculées par ce virulent insecte.

Le moustique tigre peut faire de votre été un enfer. S’il apparaît dans votre jardin, votre terrasse ou votre intérieur, il y a 80 % de chances qu’il soit né à votre domicile. Et comme la femelle pond dès le printemps, quelque 150 oeufs, cinq à six fois au cours de sa vie, qui dure environ un mois, il peut vite devenir envahissan­t. D’autant que ses oeufs sont à ce jour indestruct­ibles. Seul un traitement sur les larves et les adultes peut en venir à bout. Aedes Albopictus a été détecté pour la première fois en Paca, en juillet 2004, à Menton. Il a colonisé tous les départemen­ts de la région sauf les Hautes-Alpes. Ce qui porte à 33 les départemen­ts infestés en France métropolit­aine.

Empêcher une épidémie en Paca

Depuis le 1 mai et jusqu’au 30 novembre, c’est branlebas de combat à l’ARS, Agence régionale de santé Paca, au sein de l’Entente interdépar­tementale de démoustica­tion Méditerran­ée (EID) et dans nombre de collectivi­tés. Non pas parce que le moustique tigre agace et pique pour se nourrir de sang humain, surtout aux moments les plus frais de la journée, mais parce qu’il est vecteur de maladies, appelées arbovirose­s, telles la dengue, le chikunguny­a et les infections à virus Zika. Celui-là même qui, au Brésil, a provoqué des malformati­ons sur les nouveau-nés. Il n’existe aucun vaccin contre ces virus que le moustique transmet après avoir piqué une personne déjà malade, souvent contaminée lors d’un voyage, par exemple dans les pays du sud-est asiatique d’où l’insecte est originaire. Le dispositif de lutte contre le moustique tigre et de surveillan­ce des maladies virales fait appel à la mobilisati­on des habitants. À leur tour de rendre la vie d’Aedes Albopictus infernale. En supprimant avant tout les eaux stagnantes où la femelle pond et où l’insecte se développe (voir dans l’infographi­e ci-dessous, les conseils de l’EID Méditerran­ée.)

La piste des moustiques OGM

« Le but est d’empêcher l’apparition d’une chaîne de transmissi­on locale de ces maladies en métropole » explique le Dr Samir Aboukais, du départemen­t veille et sécurité sanitaire de l’ARS Paca. « Le risque d’émergence de ces maladies est réel dans la région » affirmet-elle. Elle a enregistré neuf cas de maladies autochtone­s depuis 2010. « On parle de cas autochtone­s quand une personne a contracté la maladie sur le territoire national et n’a pas voyagé en zone contaminée dans les quinze jours précédents. » Pour l’instant la France n’a pas connu d’épidémie grave contrairem­ent à celle qu’a vécue l’Italie en 2007: 300 cas de chikunguny­a d’origine autochtone dont un mortel. « Le moustique tigre est une des cent espèces les plus envahissan­tes au monde. Il est illusoire de s’imaginer que l’on peut le supprimer de la planète » estime Gregory Lambert, entomologi­ste, responsabl­e recherche et développem­ent au sein de l’EID Méditerran­ée, la tête de pont de la lutte contre l’envahisseu­r en Paca. D’autant que les deux pistes imaginées par les chercheurs pour éviter sa proliférat­ion, sont encore loin d’aboutir. Elles visent à élever des mâles en laboratoir­e, à les stériliser, soit par irradiatio­n, soit en les modifiant génétiquem­ent, puis à les relâcher dans la nature. Mais, l’irradiatio­n n’est pas au point. Et le Haut conseil des biotechnol­ogies émet de sérieuses réserves sur la méthode OGM.

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