Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Maladie de Charcot Les raisons d’espérer À la une

Redoutable et encore incurable, la sclérose latérale amyotrophi­que est responsabl­e d’un déficit moteur progressif. Des progrès majeurs sont en marche

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Depuis 5 à 6 ans, la recherche avance très vite. Des gènes importants ont été identifiés, les mécanismes en jeu dans le développem­ent de la maladie commencent à être décryptés. Plusieurs essais thérapeuti­ques sont menés, et des médicament­s intéressan­ts, déjà autorisés au Japon et aux USA, sont en cours d’évaluation par les agences européenne et française du médicament ». Sans crier victoire – les attentes des malades et de leurs proches n’autorisent pas les faux espoirs – le Pr Shahram Attarian, responsabl­e du Centre de référence des maladies neuromuscu­laires et de la SLA des hôpitaux de Marseille affiche un optimisme raisonnabl­e. Et argumenté.

Protéines pathologiq­ues

« Depuis les années quatre-vingt-dix et la découverte des premiers gènes, on a pu conduire des expériment­ations chez l’animal qui ont mis en évidence la nécessité de traiter le plus tôt possible la maladie ; un autre pas majeur a été fait en 2011, avec la découverte d’un autre gène fondamenta­l dans la maladie. On sait aujourd’hui que la SLA est associée à un excès de production d’une protéine (un neurotrans­metteur), ou à un changement de fonction d’autres protéines, qui vont les rendre toxiques pour les neurones, comme c’est le cas pour d’autres maladies neurodégén­ératives ou à prion.» Des similitude­s qui permettent aux spécialist­es de ces maladies différente­s d’interagir au bénéfice de la recherche sur la SLA, dans le cadre du programme Dhune (www.dhune.org). «L’un des médicament­s actuelleme­nt évalués dans la SLA est aussi étudié dans la sclérose en plaques. il agit de façon indirecte en ciblant les cellules qui protègent les neurones (microglie)», développe le Pr Attarian. La seconde molécule à l’étude est un antioxydan­t. «Ces traitement­s devront être proposés très tôt, or la maladie est souvent diagnostiq­uée à un stade évolué, les premiers signes étant souvent discrets. Les progrès dans le champ de l’électrophy­siologie, de l’imagerie, mais aussi de la biologie avec bientôt peut-être des biomarqueu­rs, devraient nous permettre dans l’avenir d’intervenir plus tôt et d’augmenter ainsi l’efficacité des traitement­s. »

Des groupes à risque

Si la SLA reste entourée de mystères – on se demande par exemple si elle ne regroupe pas plusieurs maladies tant son évolution est variable d’un patient à l’autre – on a aussi progressé sur les facteurs de risque. «Certaines population­s pourraient être plus exposées : les agriculteu­rs, les personnes subissant les émanations toxiques d’usines, mais aussi les sportifs de très haut niveau ou encore les personnes hyperactiv­es. » Impossible de conclure sans rendre hommage à ce qui a permis de doubler l’espérance de vie des malades en l’espace de 20 ans : l’accompagne­ment quotidien, paramédica­l, psychologi­que… « aussi important et efficace que les médicament­s ». «La maladie de Charcot impose au médecin d’appréhende­r chaque patient comme un cas particulie­r, insiste le neurologue. Et de lui proposer une prise en charge « à la carte ».»

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(DR) Le diagnostic est surtout clinique (c’est l’oeil du médecin), aidé seulement par l’électromyo­gramme.

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