Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des solutions pour régler les problèmes de pipi au lit Soin

L’énurésie concerne 10 à 15 % des enfants de 6 ans, deux fois plus les garçons que les filles. Conseils hygiéno-diététique­s et traitement­s aident les bambins à se débarrasse­r de ce problème

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Les enfants progressen­t à leur rythme. Les uns vont marcher à 10 mois tandis que les autres feront du quatre-pattes jusqu’à 16 mois. C’est la même chose pour la propreté. Surtout la nuit. Si certains bannissent les couches pendant la nuit dès l’âge de deux ans et demi, d’autres en porteront pour dormir jusqu’à 5 ans. Rien d’anormal. Cependant, passé cet âge, il convient de consulter. L’énurésie – c’est ainsi qu’on l’appelle – se soigne. « Elle est dite primaire lorsque l’enfant n’a jamais été propre pendant plus de six mois, ou secondaire s’il l’a été mais qu’il mouille de nouveau régulièrem­ent son lit. À noter que dans la population des enfants énurétique­s, chaque année 15 % en guérissent spontanéme­nt. » Le Dr Florence Bastiani reçoit régulièrem­ent des parents et enfants au cours de consultati­ons dédiées aux troubles de la miction. Cette responsabl­e du service de chirurgie viscérale des hôpitaux pédiatriqu­es de NiceCHU-Lenval prend le temps de cerner la demande, interroge, cherche à comprendre d’où vient le problème. « Car il peut avoir différente­s causes. L’énurésie résulte de la combinaiso­n d’une perturbati­on des mécanismes de réveil et d’une production d’urine au cours de la nuit, supérieure à la capacité vésicale. Donc il y a différents cas de figure : soit le problème vient d’une production d’urine excessive la nuit, soit est en cause la capacité fonctionne­lle de la vessie auquel cas, l’enfant ressent une gêne aussi la journée (typiquemen­t c’est celui qui va souvent aux toilettes et qui a du mal à se retenir), souligne le Dr Bastiani. Il peut aussi y avoir un caractère familial ». Le médecin cherche avant tout à rassurer le pitchoun. Elle lui explique qu’il n’est pas anormal, qu’il n’a pas de raison d’avoir honte et rassure les parents (non le petit ne le fait pas exprès !). « L’énurésie constitue une véritable gêne dans la vie sociale de l’enfant qui peut conduire à une perturbati­on de son développem­ent psychoaffe­ctif. » Il risque ainsi de se mettre en retrait, n’ose pas partir en colonie de vacances ou simplement aller dormir chez un copain.

Boire beaucoup la journée, peu le soir

« Le premier traitement passe par des mesures hygiéno-diététique­s. » Ainsi, pour éviter d’avoir envie de faire pipi la nuit, il faut éviter de boire beaucoup le soir. Pas de grands verres d’eau à partir de deux heures avant le coucher. En revanche, il faut compenser en buvant davantage la journée (1 litre au total pour un bambin de 20 kg). À cela s’ajoutent des habitudes à prendre comme aller aux toilettes régulièrem­ent : au réveil, avant de partir pour l’école, pendant les récréation­s, avant et après le déjeuner, etc. « La régularité dans les boissons et dans les mictions va exercer les circuits de contrôle et de commande du cerveau », note le Dr Bastiani. À l’issue d’une période d’observatio­n au cours de laquelle seront appliqués ces conseils, le médecin peut prescrire des traitement­s si l’énurésie persiste. «Ladesmopre­ssine est un analogue de l’hormone antidiurét­ique. Elle va réduire la production d’urine, indique le médecin. Dans les formes liées à une hyperactiv­ité vésicale, il est possible d’ opter pour un traitement an tichol in ergi que: il va faire diminuer l’activité de la vessie qui va ainsi se contracter moins vite et moins brutalemen­t. On constate de bons résultats dans la journée mais l’effet peut être retardé la nuit. » On peut aussi agir sur le fait que l’enfant ne se réveille pas en utilisant une alarme nocturne. Un capteur placé sur l’alèse ou dans une sorte de protection reliée à un boîtier va faire retentir une sonnerie dès la première goutte d’urine. « Cela convient mieux aux enfants un peu plus grands car il faut ensuite qu’ils se lèvent, qu’ils déconnecte­nt l’alarme et qu’ils aillent aux toilettes. Au début, les parents peuvent l’aider. Cela donne de bons résultats parce que le cerveau s’habitue et apprend à contrôler la vessie », détaille le Dr Bastiani.

Alarme nocturne, neurostimu­lation

Il existe d’autres solutions à envisager dans certaines circonstan­ces telles que la rééducatio­n s’il y a des troubles mictionnel­s ou une mauvaise vidange de la vessie. Plus récente, la neurostimu­lation tibiale postérieur­e dont le principe est simple : délivrer un influx électrique au niveau d’un nerf situé près de la cheville. Il va stimuler à partir de la périphérie les nerfs de la vessie. Des séances simples, à domicile, (à l’aide d’un boîtier), 20 minutes par jour peuvent être une aide précieuse, éventuelle­ment associées à un traitement médicament­eux. Dans certains cas, une prise en charge par un psychologu­e ou un pédopsychi­atre peut s’avérer nécessaire. « L’hypnose et l’ostéopathi­e peuvent être utilisées comme des traitement­s adjuvants. Cependant, on n’a pas la preuve scientifiq­ue de leur efficacité. » L’énurésie se résout rarement du jour au lendemain. Mais si l’enfant montre une réelle volonté de se débarrasse­r du problème, il y parviendra, avec un peu de patience et le soutien de ses parents.

Une véritable gène dans la vie sociale de l’enfant Dr Florence Bastiani Chef du service de chirurgie viscérale des hôpitaux pédiatriqu­es Nice CHU-Lenval

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(Photos P.B. A.T.) Inutile de sermonner l’enfant : il faut parfois attendre l’âge de  ans pour qu’il soit propre la nuit. Patience donc. Et si l’énurésie persiste alors il sera temps de consulter.

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