Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Stéphane Richelmi : « Ça commence maintenant »
Ne cherchez pas son nom sur le classement général provisoire de la Blancpain GT Series Endurance Cup. Un an après avoir tutoyé l’excellence en endurance avec l’équipe Signatech-Alpine (vainqueur de quatre courses, dont les 24 Heures du Mans, et couronné champion du monde en catégorie LMP2), Stéphane Richelmi effectue un come-back pour le moins discret sur le front du Grand Tourisme. Alors qu’on le pensait parti pour animer la course au titre en compagnie de Benoît Tréluyer et Nathanaël Berthon, ses coéquipiers ô combien aguerris au sein du team belge Audi WRT, le Monégasque de 27 ans a mangé pas mal de pain noir à Monza et Silverstone. De quoi perdre d’emblée tout espoir de nouveau couronnement. Et décupler son envie de conjurer le sort ce week-end à domicile...
Stéphane, après les deux premières courses, le trio Tréluyer-Berthon-Richelmi figure en pâle position avec zéro point au compteur. Comment est-ce possible? À mes yeux, trois raisons au moins expliquent notre situation actuelle guère reluisante. D’abord, il faut l’avouer, nous ne sommes pas super à l’aise avec la voiture. Pourquoi ? Difficile à dire. Certes, l’Audi R est une auto assez compliquée à exploiter. Mais, clairement, on n’a pas encore trouvé le bon compromis côté réglages. Ensuite, bien sûr, il y a cette BOP (Balance de Performance, ndlr) qui, de toute évidence, ne penchait pas en faveur des Audi en début de saison. L’ajustement décidé avant la récente manche belge de la Sprint Cup à Zolder a réduit le handicap, semble-t-il. Enfin, que ce soit à Monza ou à Silverstone, nous avons pâti d’un cruel manque de réussite.
C’est-à-dire? En Italie, ‘‘Nat’’ (Berthon) se fait « shooter » par un adversaire en perdition lors de la qualif’. Voiture réduite à l’état d’épave, on doit faire une croix sur la course. Avec seulement deux jours d’essais avant cette épreuve d’ouverture, nous manquions déjà de temps de roulage. Donc ça ne pouvait pas commencer plus mal. Et puis Silverstone n’a rien arrangé. Un problème d’amortisseur perturbe nos essais. Je pars en position. Alors que j’étais remonté au rang, un accrochage avec un pilote ‘‘Am’’ (amateur) brise net mon élan. Je suis persuadé de n’avoir commis aucune faute mais on me juge responsable et nous écopons d’un « stop and go » de minutes. Pénalité hallucinante, pour ne pas dire honteuse... Après, évidemment, il n’y a plus rien à espérer. ‘‘Ben’’ (Tréluyer) se fait percuter, ‘‘Nat’’ est ralenti par une crevaison. Bref, ce fut un week-end cauchemardesque. Le pire de ma carrière...
Cette double pilule, vous l’avez digérée? Oui. Heureusement, l’équipe WRT m’a proposé de disputer deux manches de l’Audi R LMS Cup en Asie pour remplacer un pilote indisponible. L’occasion de découvrir deux circuits magnifiques : Sepang et Suzuka. Si tout n’a pas été parfait, j’ai engrangé des kilomètres, gravi un podium de la C au Japon), et les sensations sont allées crescendo.
Aujourd’hui, le moral de l’équipage n’est pas trop atteint? Au soir de Silverstone, le moral, c’est vrai qu’on l’avait dans les chaussettes. Voir un triple vainqueur des Heures du Mans tel que ‘‘Ben’’ se battre derrière contre des pilotes amateurs, ça fait bizarre. Franchement, il pourrait se poser des questions. Mais non! Il veut se battre. Remonter la pente. ‘‘Nat’’ et moi aussi.
Quelle cible visez-vous désormais, ici et ensuite? C’est simple : les Km du Paul-Ricard, nous considérons qu’il s’agit de la première course de l’année. Ça commence maintenant, quoi! On repart de zéro, en oubliant le championnat. D’accord, ce circuit n’est pas celui qui convient le mieux aux Audi, loin s’en faut. Mais un marathon de six heures ouvre de nouvelles perspectives. La régularité primera. On a faim. On veut absolument décrocher un résultat positif. Et aussi bien préparer les Heures de Spa, le sommet de la saison où nous aurons une grosse carte à jouer.