Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Un exercice périlleux plutôt réussi »

Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l’Associatio­n française des victimes du terrorisme

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Les juges sont venus évoquer l’enquête terroriste mais les victimes, elles, attendaien­t surtout des réponses sur le dispositif de sécurité... C’est pour cela que nous avions fait une réunion d’informatio­n des victimes, pour dissocier ces deux aspects. Les juges ne sont pas saisis de l’aspect sécurité ou soins ; on est là dans l’enquête terroriste. Dommage, cela n’a pas permis d’avancer suffisamme­nt. D’autant plus que les juges ont donné des éléments troublants. Lesquels notamment ? Tout un faisceau d’indices montre qu’existait un projet terroriste post- juillet, avec achats d’armes, locations de camions... Avec une date précise: le  août.

Parler enquête est-il délicat face à des familles endeuillée­s ? C’est la difficulté de cet exercice. Il y a énormément d’émotion, et on doit la refouler au maximum pour être en capacité d’entendre. C’est très compliqué à gérer pour les victimes. L’exercice a été réussi dans la mesure où les juges sont parvenus à les intéresser intellectu­ellement. Certaines sont ressortis avec des réponses qu’elles n’avaient pas.

Pourriez-vous citer un moment fort de cet après-midi ? Une très bonne question a été posée sur l’intime conviction. Mais les juges d’instructio­n ont expliqué que leur métier était de n’en avoir aucune ! Ce serait une faute profession­nelle. Ils doivent travailler sur les faits, les faits et rien que les faits, à charge et à décharge. L’intime conviction, elle pourra éventuelle­ment s’exercer au moment du procès.

Cette rencontre était une première étape nécessaire ? Il était très important que les juges montrent qu’ils étudient toutes les pistes, et les ferment une par une. On est au début. Cela fait un an : très peu, dans une enquête de ce type. C’était le premier contact avec les victimes, un exercice périlleux pour tout le monde. Il fallait que le courant passe. Ça s’est plutôt bien passé pour les victimes... Et pour les juges d’instructio­n. Leur moteur, ce qui les pousse à travailler comme des malades, ce sont bien les victimes !

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