Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La PMA bientôt ouverte à toutes les femmes ?
Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est déclaré, hier, favorable à l’ouverture aux couples de femmes et aux femmes célibataires de la procréation médicalement assistée (PMA), aujourd’hui réservée au traitement de l’infertilité chez les couples hétérosexuels. Le CCNE reste, en revanche, opposé à la gestation pour autrui (GPA) ainsi qu’à la congélation des ovocytes hors justification médicale. «Le comité a décidé dans sa majorité l’ouverture à ces demandes sociétales, c’est-à-dire non médicales, de recours à l’assistance médicale à la procréation », en l’occurrence l’insémination artificielle avec donneur de sperme, a déclaré son président, le Pr Jean-François Delfraissy. Une telle autorisation « peut se concevoir pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles », explique le CCNE, qui planchait depuis trois ans et demi sur cet avis très attendu. Le comité précise avoir fondé son avis sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes, « l’absence de violence liée à la technique elle-même » et « la relation à l’enfant dans les nouvelles structures familiales ». Il insiste toutefois sur les « conditions de faisabilité » d’une telle ouverture, rappelant notamment qu’il y a déjà une pénurie de dons de sperme, avec des délais de 12 à 18 mois pour les couples demandeurs. Le CCNE invite aussi à distinguer couples de femmes et femmes seules, la situation de ces dernières ajoutant « l’absence de couple à l’absence de père ».
Macron «favorable»
La PMA désigne l’ensemble des techniques médicales aidant les couples infertiles à avoir un enfant, telles que la fécondation in vitro ou le don de sperme. En France, elle est aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels en âge de procréer et qui souffrent d’infertilité ou qui risquent de transmettre une maladie grave à l’enfant. Pendant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron s’était dit «favorable» àouvrir la PMA «aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires», tout en précisant qu’il attendrait l’avis du CCNE pour « construire un consensus le plus large possible ». La PMA pour toutes les femmes avait déjà été promise par François Hollande durant la campagne de 2012, mais n’avait finalement pas été mise en place durant son quinquennat. Six Français sur dix (60%) sont favorables à l’élargissement de la PMA aux couples de femmes, selon un sondage Ifop publié samedi. Ils sont cependant moins nombreux (44 %) à être favorables à la GPA pour les couples homosexuels que pour les couples hétérosexuels (59%), selon ce sondage.
Pas de « GPA éthique »
S’agissant de la gestation pour autrui, et donc le recours aux mères porteuses, «le comité est favorable au maintien et au renforcement de l’interdiction», «estimant qu’il ne peut y avoir de GPA éthique», a souligné Frédérique Kuttenn, l’une des rapporteurs de l’avis. Le CCNE évoque ainsi les «violences juridiques, économiques, sanitaires et psychiques» qui s’exercent sur les mères porteuses et sur les enfants nés par GPA. Par ailleurs, proposer l’autoconservation «de précaution» des ovocytes aux femmes jeunes, en cas de souhait tardif de grossesse et de difficulté pour y parvenir, est «difficilement défendable» selon la majorité du comité. «Cette technique est agressive et assortie de contraintes importantes », a insisté Frédérique Kuttenn, professeur d’endocrinologie, évoquant les risques liés à la stimulation hormonale et à l’anesthésie générale, pour un taux de réussite de seulement 60 %.