Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Kito va de l’avant

Le navigateur Kito de Pavant a hissé les voiles au large de la baie tropézienn­e avec en tête son prochain défi : la Transat Jacques-Vabre en double. Un défi à la mesure de cet homme à part...

- BRUNO QUIVY

Il a été le plus grand navigateur de tout l’étang, le titre de son livre qui raconte ses débuts de capitaine au long cours sur le plan d’eau bordant la maison familiale en Dordogne. Depuis, Kito de Pavant a fait du chemin. Parcouru des milles et des milles, à travers les océans, gagnant ses galons de grand marin de tout instant, habité par la soif du large que ne pouvait étancher les ronds dans l’eau de l’étang… A Saint-Tropez, Christophe Fourcault de Pavant, son vrai nom, a retrouvé une atmosphère qu’il aime, celle de la Méditerran­ée, où il vit désormais, quelque part tout près de Port-Camargue où la mer l’appelle à tout moment. La Giraglia Rolex Cup, Kito, il aime. Il y a quelques années, il y avait fait sensation à la barre de son voilier groupe Bel, facilement reconnaiss­able avec la vache qui rit, éclatant de joie sur le spi.

Trois abandons au Vendée Globe...

Une belle course, une septième place, et Kito avait trouvé alors une route à sa mesure. Sans bobos ni accrocs... Car l’homme à la dégaine de Corto Maltese des mers n’a pas connu que des joies sur les flots. Fichtre !

Trois Vendée Globe et trois abandons. Un mât brisé en 2008, un chalutier croisé en 2012, jusqu’à ce cachalot heurté en 2016 tout près des Kerguelen : la déveine le poursuit dans cette course emblématiq­ue qu’il aimerait tant gagner. « Je suis toujours debout, confie-t-il à Saint-Tropez. J’ai toujours envie de naviguer et les aléas de la mer ne m’empêchent pas d’apprécier mon

parcours jusqu’ici. » Cachalot, chalutier, tempêtes, Kito de Pavant n’en a cure : le bonhomme est déjà tourné vers son prochain défi, la Transat JacquesVab­re en double (il fera équipe avec Yannick Bestaven). Départ en novembre prochain du Havre, avec pour objectif la victoire, histoire d’améliorer sa deuxième place de 2009.

Déjà quinze ans sur les mers et océans

A Saint-Tropez, nul besoin de chasser le lapin fantôme qui hanterait le pont de ses esquifs : cette année, le vent était loin de Pavant, et jusqu’à Gênes, Kito sans matelot a testé son nouvel Imoca Bastide Otio (l’ancien Initiative­s coeur) par petit temps, avec un résultat pas mal du tout, septième en temps réel et sixième en temps compensé.

« On a bien navigué, confiaitil à l’arrivée à Gênes. Bastide Otio n’est vraiment pas fait pour ces conditions-là, mais on a fait avec. Il fallait sans arrêt essayer de faire avancer le bateau, même quand il n’y avait pas un souffle d’air. Ce qui n’aide pas, c’est qu’il n’y a qu’une drisse à bord pour les voiles d’avant, donc à chaque fois qu’il y a un changement de voilure, ça prend des heures et c’est des grosses manoeuvres. Mais comme toujours, c’était

une super régate, je reviendrai ! » Positive attitude, comme toujours. Et désormais une certaine expérience qui aide à surmonter les difficulté­s. Cela fait quinze ans que le Kito roule sa bosse sur toutes les mers du globe, une aventure lancée par une première place dans la Solitaire du Figaro en 2002 et parsemée de très belles victoires, de podiums et d’embûches. Quinze ans de hauts et de bas, à enjamber les déferlante­s pour aller toujours plus loin. Peut-être que, finalement, le sourire de la vache qui rit, ironique à souhait, était aussi une façon de dire à la mer que Kito serait un jour le plus fort ? Et si c’était fort de café en novembre prochain...

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(Photos B. Q.) Kito de Pavant et son équipage ont pris un immense plaisir à naviguer à Saint-Tropez.

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