Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le Don Quichotte de Brignoles avait déterré la hache de guerre
Un dingue armé d’une hachette, et parcourant à vélo le centre ville de Brignoles à l’heure du déjeuner en poursuivant des jeunes. Voilà le message d’alerte qui est tombé au poste de police municipale le 2 mai dernier. Il s’est avéré que Mohamed Elid, un ressortissant marocain de 47 ans, était très en colère ce matinlà. Il avait entrepris de poursuivre un premier groupe du lycée Jeanne-d’Arc qui faisait la pause déjeuner à proximité du cabanon où il vit. Puis il avait fait fuir des lycéennes des gradins du complexe sportif en brandissant sa hachette. Pour finir, il s’en était pris à des jeunes du lycée Raynouard, giflant l’un d’eux.
Chasse au lycéen
«Parce que ces jeunes viennent sur mon terrain et abîment mon cabanon. Je les ai avertis depuis un an. Je leur ai dit que je ne voulais plus les voir sur mon terrain.» À l’audience du tribunal correctionnel de Draguignan, Mohamed Elid était toujours très excité dans le box. Selon l’expert psychiatre qui l’a examiné pendant sa détention provisoire, une toxicomanie ancienne lui avait laissé un déséquilibre psychique, ce qui ne le rendait pas irresponsable pour autant. Le procureur Pierre Arpaia a remis les faits dans leur contexte. «C’est un individu au psychisme délabré, qui vit comme un sdf dans un abri en tôles près du lycée de Brignoles, un squat qu’il considère comme sa propriété. Dans une sorte de syndrome de Don Quichotte, il part en guerre contre ces jeunes, en s’imaginant qu’ils ont détruit son cabanon. Il se pose en victime, mais il n’est propriétaire de rien. C’est un délire de persécution qui ne repose sur aucun élément matériel.» Pour ces menaces et ces violences avec arme sans incapacité, il a requis deux ans de prison ferme et cinq ans d’interdiction de séjour à Brignoles, au vu d’un casier judiciaire chargé. «On ne fait pas le procès d’un pauvre Diogène, mais d’un homme qui a déjà été condamné dix fois.» «C’est une peine très sévère qui vous est demandée, a objecté Me Amina Benlebna. C’est ce délire de persécution qui est à l’origine des faits qui lui sont reprochés. Il lui faut une peine adaptée à sa personnalité.» Condamné finalement à un an de prison avec maintien en détention, ainsi qu’à l’interdiction pendant trois ans de porter une arme et de s’approcher de tout établissement scolaire, Mohamed Elid ne voulait surtout pas être considéré comme un vagabond. «Je ne suis pas un clochard. Mon grand-père m’a laissé plus de 250 hectares de terrain que Mohamed V lui a donnés.»