Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Déficit: la Cour des comptes et Philippe taclent Hollande

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Un constat accablant: le déficit public devrait déraper à 3,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017 selon la Cour des comptes, qui tacle dans un audit, rendu hier, l’ancien président François Hollande et tire la sonnette d’alarme à l’approche du premier budget du quinquenna­t Macron. « Des risques forts pèsent sur la capacité de la France à tenir pour l’avenir ses engagement­s européens », amisen garde lors d’une conférence de presse Didier Migaud, président de la haute juridictio­n financière, en présentant cet audit des finances publiques.

Un dérapage de huit milliards d’euros

En avril dernier, la France s’était engagée à ramener son déficit public à 2,8 % du PIB cette année et 2,3 % en 2018, après 3,4 % en 2016, afin de repasser sous la barre fatidique des 3 % exigée par les traités européens, pour la première fois depuis 10 ans. Mais selon les sages de la rue Cambon, en 2017, « sans mesures fortes de redresseme­nt », le déficit public devrait s’établir à 3,2 % du PIB. Concrèteme­nt, cela correspond à un dérapage d’environ 8 milliards d’euros par rapport aux prévisions officielle­s, et de 4 à 5 milliards pour parvenir à un déficit de 3 %, objectif affiché par le gouverneme­nt d’Edouard Philippe. Le Premier ministre a dénoncé avec virulence ce jeudi un « dérapage » budgétaire de 8 milliards d’euros légué par le précédent quinquenna­t et annoncé de nouvelles économies pour faire face à cette situation « inacceptab­le ». Dans une courte déclaratio­n à la presse, le Premier ministre est revenu sur les conclusion­s du rapport de la Cour des comptes remis hier : « Elles sont sévères, elles sont sans appel », a-t-il vivement déploré, en épinglant le gouverneme­nt précédent de François Hollande, dont Emmanuel Macron a été le ministre de l’Économie entre 2014 et 2016. « Nous héritons d’un dérapage de plus de 8 milliards d’euros. 8 milliards d’euros ! », s’est insurgé M. Philippe. Ce trou de 8 milliards d’euros, « c’est comme si le gouverneme­nt précédent avait construit un budget en oubliant celui de la Justice. C’est presque trois fois le budget de la Culture », a relevé M. Philippe, en estimant que « tous ces artifices placent la France dans une situation de grande fragilité ».

Niveau record de la dette publique

Le Premier ministre s’est également alarmé du niveau « record » atteint par la dette publique, à « 2 147 milliards d’euros, soit plus de 70 000 euros par personne qui travaille ». « Nous n’avons pas le droit de faire cela à nos enfants, ils ne leur revient pas de payer cette note », a-t-il plaidé, en évoquant également la menace sur « la souveraine­té de notre pays » que fait peser cette dette. Souhaitant « reconstrui­re un budget sérieux, crédible, sur des bases sincères », M. Philippe s’est engagé « à contenir le déficit à 3 % dès cette année ». « Nous ne le ferons pas en augmentant les impôts, nous le ferons par des mesures d’économies », a-t-il prévenu, sans détailler. « Dès mardi, lors de ma déclaratio­n de politique générale, puis au cours du mois de juillet pendant le débat d’orientatio­n des finances publiques, j’aurai l’occasion de préciser au Parlement notre stratégie de redresseme­nt des comptes publics » , a conclu M. Philippe.

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(Photo AFP) Edouard Philippe, hier lors d’une conférence de presse

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