Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le plus grand avion du
Aterrissage triomphal pour l’A380, hier, à l’aéroport Nice Côte d’Azur. Le géant assure désormais la liaison quotidienne d’Emirates avec Dubaï. Un atout séduction pour l’aéroport
Ni tapis rouge, ni paillettes à l’aéroport Nice Côte d’Azur hier. Mais c’est bien une superstar des airs qui a fait son entrée sur le tarmac niçois, à 13 h 35 pétantes. Champagne : neuf ans après l’envol de l’A380, le prestigieux bébé d’Airbus est enfin niçois. Et le champagne, il coule, hier, dans les salons de l’aéroport de Nice – le deuxième en France, après Paris, à entrer dans la cour des grands. Le préfet Georges-François Leclerc, l’adjoint niçois au tourisme Rudy Salles, les dirigeants d’Emirates et de l’aéroport trinquent à ce joli coup pour le tourisme et le business. « La destination Côte d’Azur intègre le cercle des destinations desservies par l’A380. Cet avion mythique va donner un coup de fouet supplémentaire à notre territoire », assure Dominique Thillaud, président du directoire des aéroports de la Côte d’Azur. Thierry Aucoc, le responsable des opérations commerciales d’Emirates, était du vol inaugural. « La destination Nice est très importante et marche bien, approuve-t-il. Ilyaici une population qui voyage beaucoup. Et on n’a pas besoin de faire la publicité de la Côte d’Azur : c’est iconique ! Dès lors qu’il y avait une énorme demande, il paraissait logique de mettre notre avion le plus gros et le plus emblématique. » À vrai dire, Emirates n’avait plus trop le choix. Si elle a remplacé le B777 par un A380, c’est d’abord parce qu’une seconde ligne à Nice lui a été refusée. Avec ses 517 sièges quotidiens(1), la compagnie s’offre un gain de capacité de 44 %. Reste à faire le plein. Pour sa grande première, l’A380 était rempli à 80 % à l’aller, 87 % au retour.
« Il crée une demande »
« Bien sûr, avoir deux vols, ça permettrait encore plus de capacité et des connexions optimisées à Dubaï, concède Thierry Aucoc, rejoint par Thierry de Bailleul, le DG France d’Emirates. Mais il ne faut surtout pas négliger un argument choc : la dynamique que crée un A380. On commence déjà à avoir de nouvelles réservations, par rapport à ce qu’on aurait eu avec un B777. » Effet levier, donc. Et opération gagnant-gagnant pour chaque partie, selon Dominique Thillaud. « C’est aussi un vecteur d’exportation du fret pour les entreprises locales, l’occasion pour davantage de clients de venir, de remplir les hôtels... Quand un lieu fait des efforts considérables pour se rendre bien plus accessible, la demande vient. Et elle vient du monde entier. Or, notre métier, c’est d’accueillir le monde ! » Pour le responsable de l’aéroport, le jeu en valait donc la chandelle. Un jeu à plusieurs millions d’euros, pour équiper la plateforme d’une passerelle à double pont (depuis 2011) et réviser les angles de virages sur certaines bretelles – « pour d’autres appareils, aussi. » Côté clientèle, la cible est large : « Tout !, sourit Thierry Aucoc. Toute personne intéressée par le voyage, que ce soit avec sac à dos et claquettes ou en costume et cravate. Nous sommes capables d’avoir des prix extrêmement agressifs comme de proposer le meilleur. » Agressif, comme la féroce concurrence que se livrent les deux grandes compagnies du Golfe, Emirates et Qatar Airways, sur fond de crise diplomatique majeure. Le retour de la ligne Nice-Doha, mardi, n’est sans doute pas qu’un hasard du calendrier... Faisant fi de ces considérations, Dominique Thillaud préfère lancer un appel aux candidats : « Toutes les compagnies qui veulent venir en A380 sont les bienvenues ! »
1. Dont 427 sièges en éco, 76 en business et 14 en First. Le Nice-Dubaï d’Emirates décolle tous les jours à 15 h 40 (arrivée 0 h 10 heure locale), Dubaï-Nice à 8 h 45 (heure de Dubaï), arrivée à 13 h 40.