Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La der de Thomas Voeckler

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Thomas Voeckler, figure emblématiq­ue du cyclisme français, porteur du maillot jaune du Tour pendant 20 jours en 2004 et 2011, a pris, hier à Düsseldorf, le départ de sa 15e et dernière Grande Boucle, avant de raccrocher le vélo pour de bon fin juillet, à 38 ans. Pas toujours apprécié dans le peloton, mais chouchou du public depuis des années, l’Alsacien de naissance n’imaginait pas finir sa carrière ailleurs que sur les Champs-Elysées. « Le Tour m’a fait basculer dans une autre dimension », confiait-il récemment. « Mon histoire est liée au Tour de France, c’est sa magie qui m’a permis de vivre un rêve éveillé. » L’histoire commence un certain 8 juillet 2004. Le tout récent champion de France a 25 ans, et prend une échappée lors de la 5e étape, entre Amiens et Chartres. Armstrong, en jaune depuis la veille, verrouille la course avec son équipe mais espère se débarrasse­r de la tunique de leader, qu’il pense avoir endossée trop tôt. Il laisse les fuyards prendre plus de 12 minutes d’avance. Parmi les cinq échappés, Thomas Voeckler est le mieux placé au général, il endosse le maillot jaune. Il le gardera et le défendra pendant dix jours. C’est le début de son histoire d’amour avec le public français. « Avec le recul, dit Voeckler, c’est le petit Français qui se bat avec ses moyens face au méchant Américain ». D’autant plus populaire qu’à cette époque, le cyclisme est englué dans les affaires de dopage, et que Lance Armstrong fait déjà l’objet de très lourds soupçons. En 2011, Voeckler reprend le maillot jaune et ne le cède qu’à trois jours de l’arrivée, sur les pentes de l’Alpe d’Huez, pour finir finalement quatrième d’un Tour gagné par Cadel Evans.

« J’ai une bonne tête de Français moyen »

Son côté baroudeur, dur au mal, offrant l’image du guerrier jusque dans sa façon de pédaler, a sans doute beaucoup fait pour son image. « J’ai une bonne tête de Français moyen, et je le suis dans l’âme. A force, les gens ont dû m’identifier comme l’un des leurs », ajoute ce fidèle, qui fit toute sa carrière dans l’équipe de Jean-René Bernaudeau (aujourd’hui Direct Energie), et qui gagna aussi quatre étapes du Tour, plus le maillot à pois de meilleur grimpeur en 2012. Sa façon de prendre la lumière, et d’attirer à lui les médias, ne l’a pourtant pas rendu très sympathiqu­e dans le milieu. « Sur 10 coureurs dans le peloton, neuf ne m’apprécient pas », avouait-il en 2012 dans une interview à l’Equipe. Profession­nel depuis 2000, Voeckler a traversé l’époque des affaires de dopage à répétition. Il assure avoir toujours refusé de céder à la tentation, et s’interroge sur ce qu’aurait été sa carrière dans un autre contexte. « Si l’on prend les classement­s du Tour 2004, je fais 18e, je ne pense pas qu’il y avait beaucoup de coureurs réglos devant moi, dit-il. J’aurais pu me décourager et baisser les bras, me servir du dopage comme un alibi, ça aurait été un échec de laisser la place aux tricheurs ».

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(Photo AFP) A  ans, Thomas Voeckler vit ses dernières journées de cycliste profession­nel.

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