Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Jugé pour avoir tué sa femme enceinte et ses enfants
Hier, la cour administrative d’appel de Marseille a validé l’arrêté “anti-burkini”, signé le août par le maire de Sisco quelques jours après une violente altercation sur une plage de ce village de Haute-Corse. La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) contestait cet arrêté, dont la validité s’achevait fin août et déjà entériné par le tribunal administratif de Bastia en janvier. La cour de Marseille a en outre condamné la Ligue des Droits de l’Homme à verser euros à la commune de Sisco pour les frais engagés. Le août , une altercation avait éclaté sur une plage de Sisco, entre les membres d’une famille d’origine marocaine et des villageois, ravivant les tensions sur l’île quelques mois après l’agression de pompiers dans un quartier populaire d’Ajaccio le soir de Noël , qui avait été suivie d’une manifestation émaillée de slogans racistes et du saccage d’une salle de prière musulmane. A l’été , de nombreuses autres villes littorales de France avaient pris des arrêtés similaires à celui de Sisco. Mais le août, le Conseil d’Etat avait mis un coup d’arrêt aux interdictions du burkini. La haute cour administrative avait rappelé les maires au « respect des libertés garanties par les lois », suspendant un arrêté pris à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) et rappelant à la loi toutes les municipalités ayant interdit en France le port de ces tenues de bain controversées.
Il avait poignardé sa femme enceinte, avant d’égorger ses deux enfants un soir d’été en 2014, mais n’a jamais expliqué son geste. L’accusé, un Roumain de 40 ans – il avait été présenté par erreur comme Moldave en 2014 – travaillait comme électricien dans le bâtiment. Il sera jugé jusqu’à vendredi par la cour d’assises du Val-deMarne et encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Lors de ce premier jour des audiences, la famille des victimes, en pleurs, arborait des t-shirts imprimés avec le visage de la mère, tuée de treize coups de couteaux à 36 ans, et de ses deux enfants, âgés de 18 mois et 5 ans lors du triple meurtre. Il reconnaît le meurtre, mais n’a jamais été capable d’expliquer précisément son geste et a livré des souvenirs parcellaires tout au long de l’instruction. Le drame familial avait choqué au Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne), paisible commune pavillonnaire proche de Paris. Comment un ouvrier du bâtiment qui vivait en France depuis neuf ans et sans antécédents judiciaires en arrive-t-il à tuer sa famille de bon matin au couteau de cuisine ? C’est ce que les jurés tenteront d’éclaircir pendant une semaine.
Une fuite de jours en Allemagne
L’accusé s’était rendu à la police de Forbach (Moselle), après s’être enfui pendant quatre jours en Allemagne, à Francfort. Il a reconnu le crime devant les enquêteurs, mais a livré tout au long de l’instruction des explications nébuleuses.
Un couple en difficulté
Est-il passé à l’acte juste après un reproche de sa femme qu’il aurait interprété comme une volonté de séparation ? Ou bien les problèmes financiers du couple ont-ils servi de catalyseur? A son hôtel de Francfort, les enquêteurs ont retrouvé une lettre dans laquelle il explique préférer voir ses enfants mourir plutôt que mendier. L’instruction a reconstitué les difficultés d’un couple modeste. La mère de 36 ans partageait un deux-pièces avec ses enfants, son mari, mais aussi sa soeur et son beau-frère. Elle envoyait régulièrement de l’argent à sa famille en Roumanie et venait de dénicher un appartement plus grand pour faire venir sa deuxième soeur et le mari de celle-ci en France. Les finances – le couple gagnait 2 300 euros par mois, allocations comprises – et les enfants étaient des sujets de disputes réguliers entre l’électricien et sa femme, selon leurs proches. « C’était une vie difficile, mais j’étais heureux » ,araconté l’accusé en interrogatoire. L’homme, qui assure avoir tenté de se suicider plusieurs fois lors de sa fuite en Allemagne, n’a livré que des souvenirs parcellaires sur le déroulement du triple meurtre. Aux enquêteurs, il avait lâché mystérieusement : « Dieu en a décidé autrement, peut-être il était jaloux sur ma vie heureuse. (...) Je suis devenu un numéro et les numéros on n’a pas droit à des sentiments ».