Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Mélenchon et Jacob à l’attaque

Les porte-parole de La France insoumise et des Républicai­ns ont été les plus agressifs envers le Premier ministre, qui a obtenu comme prévu une large confiance votée par 370 députés

- TH. PRUDHON

Nulle surprise. JeanLuc Mélenchon aura été le plus virulent dans la critique du discours d’Edouard Philippe, dans un registre convenu et attendu. Le leader de La France insoumise s’est immédiatem­ent posé en « alternativ­e au monde que vous représente­z, car le sol se dérobera bientôt sous vos pieds… Agir comme vous le faites, c’est tirer un feu d’artifice dans une poudrière ! Vous vous donnez huit jours pour abolir par le biais des ordonnance­s cent ans de luttes sociales. Vous entrez dans le régime du coup de force permanent, pour élargir sans limite la liberté qui coule la nation. » Olivier Faure, pour le groupe Nouvelle gauche, a lui aussi mis en garde le chef du gouverneme­nt : « Le progressis­me n’appartient à personne. La nouveauté porte sa part d’illusions. Avec vous, l’urgence c’est la flexibilit­é et la sécurité peut attendre. » Et de dénoncer notamment la hausse de la CSG « qui va pénaliser les retraités ». Sébastien Jumel , au nom de la Gauche démocrate et républicai­ne, a pareilleme­nt dénoncé «un projet libéral et technocrat­ique qui n’a pas vocation à traiter les problèmes quotidiens du peuple, qui va passer au-dessus des classes populaires et moyennes, en renonçant à notre modèle de protection sociale et en précarisan­t. Le libéralism­e ne résout rien ».

L’amertume de Jacob

Il en est un autre qui n’a pas été tendre, à droite cette fois, avec le Premier ministre: Christian Jacob, porteparol­e des Républicai­ns « canal historique ». « J’espère qu’en vous regardant dans la glace, il vous arrive de penser à vos anciens collègues dont vous avez contribué à la perte. Vous avez été nommé pour casser la droite française, mais nous sommes là pour incarner une opposition républicai­ne, libre, solide et exigeante. La filiation d’Emmanuel Macron avec le bilan de François Hollande ne peut pas être balayée comme si une page blanche s’ouvrait. Nous prendrons nos responsabi­lités sans états d’âme ni arrière-pensées. Nous serons une opposition libre, responsabl­e et indépendan­te, vigilante en particulie­r contre le matraquage fiscal, la hausse de 20 % de la CSG qui va pénaliser les retraités, l’abandon des territoire­s ruraux ou le communauta­risme. » Stéphane Demilly, portant la parole des Républicai­ns constructi­fs, s’est voulu plus bienveilla­nt : « Le progrès ne peut pas être hémiplégiq­ue. Essayons de construire ensemble un futur dont nous serons fiers demain. Une opposition intelligen­te sera profitable au pays. L’opposition systématiq­ue est absurde. Nous voterons pour la transition énergétiqu­e et les mesures éducatives, mais contre la hausse de la CSG qui pénalisera­it les retraités et les profession­s libérales, contre aussi la suppressio­n de la taxe d’habitation qui asphyxiera­it les communes. » Et d’annoncer en conclusion que les membres de son groupe choisiraie­nt, à leur guise, de voter la confiance ou de s’abstenir. Jacques Bompard (non inscrit) a, pour sa part, réclamé des mesures pour les familles, axant son interventi­on sur la restaurati­on de la sécurité et de l’autorité par l’applicatio­n réelle des peines et déplorant l’émergence d’une « France périphériq­ue victime d’exode et d’apartheid. Le grand remplaceme­nt à l’oeuvre dans notre République est l’enjeu le plus crucial. Je regrette votre connivence avec les tenants d’une immigratio­n massive».

Soutiens naturels

Richard Ferrand, pour la majorité présidenti­elle, a quant à lui salué «des mesures tangibles de nature à restaurer la confiance », à l’instar de Marc Fesneau (Modem) qui a estimé qu’il fallait «donner de l’autonomie, de la souplesse et sortir des postures d’appareils pour voir ce qui fonctionne ou pas, sans dogmatisme ni idéologie ». Au final, la confiance a été votée par 370 députés, 67 l’ont refusée et 129 se sont abstenus. En réponse aux attaques, Edouard Philippe a brièvement repris la parole pour répondre (à Mélenchon) que «les ordonnance­s n’occulterai­ent en rien le débat parlementa­ire» et (à Jacob) que les économies seraient obtenues par «une baisse des dépenses et non une augmentati­on des impôts».

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