Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pourquoi l’Odel Var est amenée aux prud’hommes
Cinq anciens salariés de l’association contestent la légitimité de leur licenciement. Certains dénoncent une présentation inexacte des comptes. Et critiquent les partis pris de la direction
Ils sont cinq à entamer le bras de fer avec leur ancien patron. Et à dénoncer devant les prud’hommes de Draguignan et Toulon des licenciements qui ne sont pas, selon eux, véritablement économiques. L’association Odel Var, organisatrice historique de séjours pour jeunes, a licencié huit salariés en 2016. À ce jour, aucune des cinq procédures prud’homales n’est arrivée en audience de jugement.
Fin des subventions égal licenciements
L’année 2016 fut celle de tous les changements pour l’Odel, dont la subvention historique venait d’être coupée. En décembre 2015, le conseil départemental du Var a officialisé la fermeture du robinet, après des années de versements (lire ci-dessous, sur l’arrêt des subventions). L’association voyait son budget amputé d’un coup d’un seul, de 3,5 millions d’euros. « Nous sommes les seuls à avoir zéro aide publique, clamait Marc Lauriol, le directeur général de l’Odel, dans nos colonnes On est passé d’un extrême à un autre. Et on n’est pas mort. » Et pour se restructurer, l’Odel a dû licencier, en reconduisant à la porte huit personnes – du cadre à la secrétaire.
Résultat annoncé déficitaire…
Des salariés licenciés ont ressorti le compte rendu d’un comité d’entreprise (CE) du 25 juin 2016. Ce jour-là, le CE était consulté en vue du licenciement d’une salariée Comme le mensuel Le Ravi l’avait révélé, le CE annonçait que « le résultat prévisionnel [de l’Odel] de 2015 pourrait s’établir à -1,25 million d’euros ». Selon nos informations, le comité d’entreprise de juin poursuivait ainsi : « Une telle situation ne nous laisse d’autre choix que de procéder à une réorganisation afin de sauvegarder la compétitivité de l’entreprise (sic, l’Odel est une association) et par là même, sa pérennité ».
… mais pas autant que prévu
Peu après, au début de l’été, les comptes de l’année 2015 ont été officiellement approuvés. On en trouve trace dans une décision de l’inspection du travail (du 7 septembre 2016). « Les comptes font apparaître un résultat négatif en 2015, pour 235 716 euros », note l’inspectrice. On est donc loin du déficit annoncé au comité d’entreprise de juin. Un salarié licencié a cette analyse : « Consultés en comité d’entreprise, les délégués du personnel ont statué sur des éléments inexacts, puisqu’il y a une erreur de 500 % entre l’estimation du résultat 2015 donné le 25 juin 2016, et le véritable résultat approuvé au conseil d’administration ! » Il en déduit que le déficit réel n’avait rien d’alarmant. Et que « la décision des instances du personnel n’a pas été éclairée par des éléments sincères ».
Des fonds propres
En allant aux prud’hommes, c’est la cause des licenciements qui est contestée. La direction s’en explique en partie (lire ci-contre). Association subventionnée jusqu’en 2015, l’Odel a régulièrement dégagé des résultats positifs, comme les 600 000 de 2014. Cette année-là, les fonds propres s’établissaient à 7,2 millions. Même six mois avant les licenciements, il y avait 5,9 millions de fonds en réserve – soit un tiers du budget annuel. Des licenciés croient surtout que, « on a voulu écarter certaines personnes qui ne sont pas sur la nouvelle ligne de la direction ». Une ligne résolument tournée vers le privé. 1. Var-matin du 23 mai 2017 2. La consultation du comité d’entreprise était obligatoire, car il s’agissait d’une salariée protégée, en tant que membre du Comité d’hygiène et sécurité et des conditions de travail.