Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Brexit: la France fait les yeux doux à la City
Le gouvernement a présenté hier de nouvelles mesures ouvertement destinées à dérouler le «tapis bleu-blancrouge» pour, dans le sillage du Brexit, convaincre le secteur financier de quitter Londres pour s’installer à Paris. «On peut regretter cette décision [du Brexit], on peut s’en féliciter, mais elle est là. Il faut en tirer les conséquences », a défendu le Premier ministre Edouard Philippe depuis le toit de la Monnaie de Paris, avec le quartier d’affaires de la Défense au loin.
« Welcome back to Europe »
«Aux investisseurs et aux déçus du Brexit, je veux dire que nous sommes prêts à vous dérouler le tapis bleu-blanc-rouge, comme l’a fait Londres par le passé avec Paris. Welcome back to Europe », a lancé de son côté, sans s’embarrasser de précautions diplomatiques, la présidente de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse. La maire de Paris Anne Hidalgo était également présente. Plusieurs mesures touchent au cadre fiscal : une extension prévue en 2018 de la taxe sur les transactions financières va être abrogée; la tranche supérieure, à 20%, de la «taxe sur les salaires», pesant notamment sur les gros revenus du secteur financier, va être supprimée ; et les « bonus » parfois considérables du secteur financier seront exclus du calcul des indemnités de licenciement des employés «preneurs de risques» (traders, etc.).
Cour de justice spécialisée
La région Ile-de-France va également ouvrir trois lycées internationaux supplémentaires d’ici 2022, en plus des six actuels, à Courbevoie près de La Défense, à Saclay et à Vincennes. Et le gouvernement a annoncé le projet d’une nouvelle cour de justice, «une chambre commerciale internationale spécialisée dans ces contentieux à haute technicité juridique», qui devrait être intégrée à la cour d’appel de Paris. Des mesures qui viennent s’ajouter à d’autres chantiers « pro-business» du quinquennat: exclusion des actions de l’ISF, baisse de l’impôt sur les sociétés, réforme du droit du travail… L’« effet Brexit » reste encore limité pour Paris, en dehors de l’annonce de la banque HSBC, qui prévoit de déplacer 1 000 emplois en France. JP Morgan Chase a elle choisi Dublin, Francfort et Luxembourg.