Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Epauler les malades grâce à l’éducation thérapeutique
L’éducation thérapeutique, qui relève de la prévention tertiaire, permet aux malades de rencontrer des soignants et d’autres patients en dehors du cadre de la consultation et des soins. Ils peuvent ainsi mieux connaître la pathologie dont ils souffrent, mais également obtenir des renseignements et conseils pratiques pour adapter le quotidien à leur maladie. Eric Balez, patientexpert et vice-président de l’Association François Aupetit spécialisée dans les Mici (Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin), promeut ce type d’actions. « Les évaluations montrent toutes l’efficacité de ces programmes et leur intérêt en termes de qualité de vie et de bien-être pour le patient», note le Dr Stéphanie Bastard (centre hospitalier d’AntibesJuan-les-Pins). Eve Willems, infirmière coordinatrice en éducation thérapeutique au sein des cliniques Arnault Tzanck de Mougins, connaît particulièrement bien cette thématique. « Ces programmes sont gratuits pour les malades. Ils sont autorisés par l’ARS (Agence régionale de santé, Ndlr). Mais les mettre en place s’inscrit dans une démarche volontaire des établissements de santé, et s’appuie sur l’implication des professionnels. » Cependant, elle pointe du doigt ce qui coince : « Il faudrait pouvoir travailler en réseau, créer une continuité des soins sur le long cours pour que ce qui est fait en milieu hospitalier puisse trouver un prolongement et s’appliquer au domicile des patients. Une des difficultés que nous rencontrons, c’est la motivation du malade, son accompagnement, puisque dans l’éducation thérapeutique, il apprend ce qu’il va devoir changer dans son comportement et dans ses habitudes. Cela demande donc un suivi et des entretiens réguliers.» Le directeur général adjoint du centre hospitalier de Cannes, Jean Brizon, confirme : «Il faut le courage de la persuasion, parce qu’on s’adresse à un public de porteurs de maladies chroniques. Il faut les convaincre de l’intérêt d’adhérer au programme d’éducation thérapeutique.» Eric Balez avance des propositions : « Il faut aussi que les malades sachent que ces programmes existent, mettre des affiches dans les hôpitaux pour les informer ! » Dans le même ordre d’idées, le Pr Jean Mouiel (groupe Saint-George) a le sentiment que « dans les établissements de santé, on a l’impression que les seuls médecins sensibilisés à l’éducation thérapeutique sont ceux qui font les programmes. Il faudrait sensibiliser les professionnels dès la fac de médecine ! » Eric Balez met aussi l’accent sur des problèmes institutionnels : « L’ARS a mené une campagne d’éducation thérapeutique très bien faite. Pourquoi les autres ARS ne s’en inspirent-elles pas ? »
Dossier : Nancy CATTAN et Axelle TRUQUET