Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« L’humanité a pris le

Avant son discours en hommage aux victimes, le président de la République s’est offert un bain de foule dans les rues de la vieille ville, après un entretien avec le maire de Nice

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Le soleil est de plomb, la foule d’une patience à toute épreuve. Il est 16 heures rue Saint-François-de-Paule, près de la mairie de Nice. Le président de la République est attendu. L’A330 présidenti­el a atterri peu après 15 h 15 sur le tarmac de l’aéroport de Nice. À son bord, le président de la République, son épouse Brigitte, mais aussi deux anciens présidents, François Hollande et Nicolas Sarkozy. Que se sont-ils dits ? Rien n’a filtré. Ils ont été accueillis par le préfet des Alpes-Maritimes, Georges-François Leclerc. De l’autre côté de la ville, le VieuxNice a été bouclé. Autour de la mairie, des snipers ont pris position sur les toits. Des policiers en civil sillonnent la foule. La sécurité du président, le GSPR, est omniprésen­te. Jusqu’aux sacs des journalist­es, fouillés, inspectés par un chien anti explosifs. « Je viens voir le président de la République », confie Gladys, une touriste lilloise de 31 ans, quasi écrasée par la foule sur une barrière. Christian Estrosi apparaît sur le côté de la mairie. Souriante, sa femme Laura l’accompagne, vêtue d’une robe blanche à fils dorés qui souligne joliment ses formes de future maman. Lorsque le convoi présidenti­el apparaît, une clameur et des applaudiss­ements l’accompagne­nt. Il est 16 h 05.

« Brigitte, Brigitte ! »

Le président de la République descend de voiture par le côté droit, celui de la mairie, face à Christian Estrosi. «Brigitte, Brigitte!» De l’autre côté, la Première dame de France est appelée par la foule. Elle abandonne son président de mari et va serrer des mains sous les applaudiss­ements qui s’adressent au couple présidenti­el. «Merci d’être là » , lance pendent ce temps le maire de Nice au président de la République. L’accolade est chaleureus­e. Brigitte Macron les rejoint. Pause photo. Emmanuel Macron se retourne, salue la foule de la main : « Comment allez-vous ? » Les acclamatio­ns fusent avant que les deux couples ne s’engouffren­t en mairie. Un vestibule, les escaliers drapés de rouge, et ils parviennen­t dans le bureau du maire de Nice. Sibeth Ndiaye, la conseillèr­e communicat­ion du Président est là. Quand la presse est autorisée à venir faire une photo, les deux couples sont assis dans les canapés. Quelques mignardise­s, du jus d’orange, de l’eau, ont été déposées sur la table basse en verre. Emmanuel Macron est assis face à Christian Estrosi, leurs épouses sur le même canapé. Clic-clac, c’est déjà fini, la porte se referme. « Ils ont immédiatem­ent discuté de l’état d’esprit des familles de victimes », confie un proche. La conversati­on n’a duré qu’une quinzaine de minutes. «Ils ont également échangé sur l’émotion dans la ville. » Un ton convivial, courtois et chaleureux, selon des témoins. Le maire de Nice a offert au président un livre de la biennale sur la Promenade des Anglais et un maillot de l’OGC Nice, floqué à son nom. Ironie de l’histoire, le sponsor du club est l’équipement­ier italien Macron... Dans la salle attenante, on aperçoit François-Xavier Lauch, ancien directeur de cabinet du préfet des AlpesMarit­imes, devenu chef de cabinet du Président. Il passe la tête dans le bureau pour rappeler le timing. Le président de la République et le maire de Nice sont attendus pour l’hommage national et doivent s’y rendre à pied. En marche, plus qu’en voiture, forcément. « Monsieur le Président, Monsieur le Président ! »

« Vous allez redresser la France »

Emmanuel Macron fausse alors subitement compagnie au GSPR. Il se dirige tout droit vers la foule qui l’appelle. Le président de la République semble goûter cet instant. Il sert des mains à la chaîne. « Bravo pour votre discours de ce matin, Monsieur le Président », lui lance un homme, la cinquantai­ne. « Vous allez redresser la France», encourage une voix de femme venue de derrière le rideau de mains. « Je vous le promets », répond le Président, voix grave. Il signe des autographe­s. Macron rock star. «C’était bien Le Jules-Verne ? J’y étais pour mes cinquante ans », s’enhardit la même dame après ce premier succès. C’est le restaurant de la Tour Eiffel où Emmanuel Macron a dîné jeudi soir avec le président américain, Donald Trump. Il sourit, mais ne commente pas la sole dorée sauce hollandais­e mitonnée par Ducasse, qu’il a dégustée ce soir-là. Il poursuit sa progressio­n, Christian Estrosi derrière lui, serrant lui aussi des mains. Tous deux sont applaudis. Ils remontent désormais la rue de l’Opéra vers la place Masséna. Emmanuel Macron zigzague d’un côté à l’autre de la rue. On lui happe les mains plus qu’il ne les serre, répond en anglais à un touriste anglais qui l’interpelle : « Nice to meet you ». Un « allez l’OM » fuse soudain. Un inconscien­t, certaineme­nt. « Bravo continuez», encourage une touriste, serviette de plage sur l’épaule. Soudain, les portes de l’enceinte de la place Masséna s’ouvrent, face à la Fontaine du Soleil. Les acclamatio­ns s’estompent. Emmanuel Macron endosse la solennité du chef des armées. Il s’avance seul désormais. C’est le temps de l’hommage national.

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(Photos Franck Fernandes) Le président de la République a longuement serré des mains, saluant les Niçois et touristes massés sur son parcours.
 ??  ?? Emmanuel Macron salué par Christian Estrosi et son épouse Laura. La Première dame est partie rencontrer la foule. À la sortie de la mairie, le couple présidenti­el a été acclamé.
Emmanuel Macron salué par Christian Estrosi et son épouse Laura. La Première dame est partie rencontrer la foule. À la sortie de la mairie, le couple présidenti­el a été acclamé.
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