Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Une élue FN de Paca accuse le maire de ne pas vouloir sauver le Castellas

Forcalquei­ret Amour du patrimoine ou manoeuvre politique? Aline Bertrand, élue FN à la Région, dénonce l’inaction de Pierre Gautier. Ce dernier évoque un manque de moyens financiers

- GUILLAUME JAMET gjamet@varmatin.com 1. https://www.change.org/p/sauvons-le-châteauméd­ieval-de-forcalquei­ret-le-plus-vieux-du-var - Un peu plus d’un millier de signatures au 12 juillet.

“Pour une subvention de   euros, je dois mettre un million sur la table. Je ne les ai pas.” Pierre Gautier, maire de Forcalquei­ret

Le château ? Si vous le voulez, je vous le donne. Par contre, dès le lendemain, je vous mets en demeure de le restaurer. » Installé dans son bureau, au premier étage de la mairie, Pierre Gautier parvient encore à blaguer. Cela n’a pas toujours été le cas, notamment ces derniers jours, quand il a appris qu’une pétition l’accusant de ne pas vouloir « Sauver le château médiéval de Forcalquei­ret », circulait sur internet (1).

« Jusqu’à   euros de subvention »

En ligne depuis trois semaines, le texte, rédigé par Aline Bertrand, conseillèr­e régionale FN, s’adresse directemen­t à lui. Elle y dénonce l’état de la bâtisse « totalement à l’abandon par manque de moyens et de volonté », rappelant qu’en tant que conseillèr­e régionale, membre de la commission « Rayonnemen­t culturel, patrimoine et traditions », elle a « transmis [au maire], en novembre 2016, un dossier permettant d’obtenir une subvention allant jusqu’à 500 000 euros pour la sauvegarde du château. » Déplorant que « ce dossier n’a pas été rempli, ni transmis en région. » Elle y encourage « Pierre Gautier à remplir et transmettr­e ce dossier dans les plus brefs délais. »

« Une commune, ce n’est pas un club de foot »

Ce que Pierre Gautier déplore, « c’est de faire croire que je ne veux pas sauver le château… Cette dame [Aline Bertrand, Ndlr] n’a pas compris qu’une commune ne se gérait pas comme un club de foot. Une petite asso, ça demande une subvention à une mairie, ça l’obtient, ça en fait un peu ce que ça veut… Ce n’est pas si simple pour une collectivi­té : il faut présenter un projet. Pour cela, il faut demander une étude. Ce n’est pas gratuit… Bien sûr, je peux demander des subvention­s, mais il faut que j’engage d’abord des finances communales. Dans le cas présent, le montant alloué par la Région sera limité à 50 % de la somme engagée. Cela veut dire que si je prétends à une subvention de 500 000 euros, je dois mettre un million sur la table. Évidemment, vous vous doutez bien que je ne les ai pas, et que je ne compte pas endetter Forcalquei­ret pendant plusieurs années pour cela. Il y a d’autres priorités en ce moment, l’école notamment. Ça ne veut pas dire que je me moque de ce que va devenir le château… C’est juste une question de priorités. »

« Une structure dédiée »

Comme la plupart de habitants du secteur, l’élu est peiné de voir le Castellas disparaîtr­e un peu plus

chaque année. « Plus question d’organiser des chantiers jeunes ou bénévoles, comme ce fut le cas entre 1987 et 1997 : la structure menace de s’effondrer, mettant en péril toute personne qui se trouverait à proximité. Cela fait plus de quinze ans que rien n’a été fait… À par un peu de débroussai­llage, chaque année, par des volontaire­s et des agents communaux. Mais sans moyens, que faire de mieux? »

Un parc d’attraction ?

Pierre Gautier évoque des pistes de financemen­t : « Il faut qu’une structure indépendan­te de la Ville s’empare du dossier. » Il imagine une associatio­n qui pourrait faire appel aux dons, lancer un appel aux mécènes et piloter une assistance à la maîtrise d’ouvrage… Il a également tenté d’interpelle­r Renaud Muselier, mais n’a pas reçu de réponse de Philippe Vitel, à qui le président de Paca aurait confié le dossier. « Les possibilit­és sont énormes : on a imaginé créer un lieu de spectacle, un musée… On a même reçu un projet de parc d’attraction, façon Puy du Fou… Aucun de ces dossiers n’abordait le mode de financemen­t… », déplore Pierre Gautier. Même s’il ne parvient pas à se détacher de la pensée que la demande d’Aline Bertrand a un goût de manoeuvre politique, l’élu n’en reste pas moins ouvert : « Une pétition, ça ne change pas grand-chose aux finances communales, mais, au moins, cela permet de reparler du château… Qui sait ? Cela peut raviver des volontés… »

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Doc Sophie Donsey) Du haut de ce qui reste de ces murs, huit siècles nous contemplen­t. Depuis près de cinq cents ans, le Castellas subit les outrages du temps, tombant peu à peu en ruine.(Photo

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