Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une élue FN de Paca accuse le maire de ne pas vouloir sauver le Castellas
Forcalqueiret Amour du patrimoine ou manoeuvre politique? Aline Bertrand, élue FN à la Région, dénonce l’inaction de Pierre Gautier. Ce dernier évoque un manque de moyens financiers
“Pour une subvention de euros, je dois mettre un million sur la table. Je ne les ai pas.” Pierre Gautier, maire de Forcalqueiret
Le château ? Si vous le voulez, je vous le donne. Par contre, dès le lendemain, je vous mets en demeure de le restaurer. » Installé dans son bureau, au premier étage de la mairie, Pierre Gautier parvient encore à blaguer. Cela n’a pas toujours été le cas, notamment ces derniers jours, quand il a appris qu’une pétition l’accusant de ne pas vouloir « Sauver le château médiéval de Forcalqueiret », circulait sur internet (1).
« Jusqu’à euros de subvention »
En ligne depuis trois semaines, le texte, rédigé par Aline Bertrand, conseillère régionale FN, s’adresse directement à lui. Elle y dénonce l’état de la bâtisse « totalement à l’abandon par manque de moyens et de volonté », rappelant qu’en tant que conseillère régionale, membre de la commission « Rayonnement culturel, patrimoine et traditions », elle a « transmis [au maire], en novembre 2016, un dossier permettant d’obtenir une subvention allant jusqu’à 500 000 euros pour la sauvegarde du château. » Déplorant que « ce dossier n’a pas été rempli, ni transmis en région. » Elle y encourage « Pierre Gautier à remplir et transmettre ce dossier dans les plus brefs délais. »
« Une commune, ce n’est pas un club de foot »
Ce que Pierre Gautier déplore, « c’est de faire croire que je ne veux pas sauver le château… Cette dame [Aline Bertrand, Ndlr] n’a pas compris qu’une commune ne se gérait pas comme un club de foot. Une petite asso, ça demande une subvention à une mairie, ça l’obtient, ça en fait un peu ce que ça veut… Ce n’est pas si simple pour une collectivité : il faut présenter un projet. Pour cela, il faut demander une étude. Ce n’est pas gratuit… Bien sûr, je peux demander des subventions, mais il faut que j’engage d’abord des finances communales. Dans le cas présent, le montant alloué par la Région sera limité à 50 % de la somme engagée. Cela veut dire que si je prétends à une subvention de 500 000 euros, je dois mettre un million sur la table. Évidemment, vous vous doutez bien que je ne les ai pas, et que je ne compte pas endetter Forcalqueiret pendant plusieurs années pour cela. Il y a d’autres priorités en ce moment, l’école notamment. Ça ne veut pas dire que je me moque de ce que va devenir le château… C’est juste une question de priorités. »
« Une structure dédiée »
Comme la plupart de habitants du secteur, l’élu est peiné de voir le Castellas disparaître un peu plus
chaque année. « Plus question d’organiser des chantiers jeunes ou bénévoles, comme ce fut le cas entre 1987 et 1997 : la structure menace de s’effondrer, mettant en péril toute personne qui se trouverait à proximité. Cela fait plus de quinze ans que rien n’a été fait… À par un peu de débroussaillage, chaque année, par des volontaires et des agents communaux. Mais sans moyens, que faire de mieux? »
Un parc d’attraction ?
Pierre Gautier évoque des pistes de financement : « Il faut qu’une structure indépendante de la Ville s’empare du dossier. » Il imagine une association qui pourrait faire appel aux dons, lancer un appel aux mécènes et piloter une assistance à la maîtrise d’ouvrage… Il a également tenté d’interpeller Renaud Muselier, mais n’a pas reçu de réponse de Philippe Vitel, à qui le président de Paca aurait confié le dossier. « Les possibilités sont énormes : on a imaginé créer un lieu de spectacle, un musée… On a même reçu un projet de parc d’attraction, façon Puy du Fou… Aucun de ces dossiers n’abordait le mode de financement… », déplore Pierre Gautier. Même s’il ne parvient pas à se détacher de la pensée que la demande d’Aline Bertrand a un goût de manoeuvre politique, l’élu n’en reste pas moins ouvert : « Une pétition, ça ne change pas grand-chose aux finances communales, mais, au moins, cela permet de reparler du château… Qui sait ? Cela peut raviver des volontés… »